Ecrit par S. Es-Siari | Le Takaful est sur sa dernière ligne droite. Plus de modifications d'ordre technique et tous les paramètres sont fixés entre les opérateurs ACAPS et Conseil des Oulémas. Après plusieurs années d'attente, le Takaful ou l'assurance participative traîne le pas mais à priori plus pour longtemps. Il est d'ailleurs le maillon manquant de la chaîne participative au Maroc. Un goût d'inachevé chez les citoyens qui se sont réjouis de l'opérationnalisation des banques participatives ou bien des fenêtres qui y sont dédiées pour le cas de certaines banques de la place. « Aujourd'hui, suite à la finalisation du dispositif financier et réglementaire de l'assurance Takaful ainsi que les derniers arrêtés et circulaires, le secteur des assurances est en attente de la publication au bulletin officiel de l'arrêté du Ministère de l'Economie et des Finances et de la Réforme de l'Administration », annonce Ramsès Arroub, PDG de la compagnie Wafa Assurance à l'occasion de la présentation des résultats semestriels 2021. Ce texte se veut déterminant pour cette industrie en devenir vu qu'il fixe la rémunération des différents opérateurs (compagnie, assurés et fonds Takaful). A rappeler que dans l'opération Takaful et contrairement à l'assurance conventionnelle, trois acteurs sont impliqués : le client, l'assureur et le fonds. Le mécanisme de rémunération étant le suivant : le client verse la prime au Fonds des adhérents, la compagnie d'assurance gère le fonds. La gestion couvre les aspects techniques et placement, moyennant une commission de gestion prélevée des contributions apportées par les participants au fonds. En pratique, le Takaful est un fonds alimenté par les donations de participants qui sont propriétaires de ces fonds. En cas de génération de bénéfices, c'est l'assuré qui en profite. L'excédent peut être distribué aux participants en numéraire ou sous la forme de baisse des contributions ou toute autre forme convenue. L'opérateur n'est concerné par les résultats techniques et financiers que s'ils sont déficitaires. A ce moment le gestionnaire du fonds Takaful doit fournir un prêt sans intérêts (Qard hassan), en s'appuyant sur ses fonds propres, pour couvrir le déficit. Ce prêt est remboursé par les futurs excédents annuels du fonds Takaful. A ce titre, le seuil de rémunération a été discuté entre le ministère des Finances et la profession pour que les prix de produits ne soient pas trop chers mais également pour pouvoir rémunérer les risques pris, les frais de gestion, les amortissements des charges… sur un volume plus étroit. Le Takaful présenterait entre 5 et 10% du marché de l'assurance. La fixation technique de ces paramètres permet aux compagnies de pouvoir rester dans le marché mais également de couvrir les risques pris et, partant de là, avoir des opérateurs viables. « Le Conseil des Oulémas est très sourcilleux pour que les paramètres soient conformes à la Charia et ne portent pas préjudice aux assurés du Takaful », rappelle à juste titre le PDG de Wafa Assurance. Et d'enchaîner : « Tous les textes sont actuellement finalisés et stabilisés suite aux derniers allers et retours au printemps dernier. Ils doivent passer par le circuit législatif classique d'adoption ». Selon le calendrier estimé, si les textes sont publiés dans les délais (qui nous ont été annoncés), les opérateurs Takaful verront le jour fin 2021 et un début d'opérations y afférentes vers les premiers mois de 2022. Il dépend du gouvernement qui publiera les textes et de l'ACAPS qui approuvera les opérations présentées. Dès l'entrée en vigueur du cadre juridique et réglementaire régissant l'Assurance Takaful, l'autorité de tutelle pourra examiner et se prononcer sur les demandes d'agrément. En tout cas le message du PDG de Wafa Assurance est on ne peut plus clair : plus de modification d'ordre technique et tous les paramètres sont fixés entre les opérateurs, ACAPS et le Conseil des Oulémas. Lire également : Takaful : où en sont les textes d'application ?