Pour le quatrième rendez-vous de son cycle de conférences « Regards vers le futur » édition 2021, l'Institut CDG a organisé jeudi 8 juillet un webinaire sur « La Transformation digitale au service des territoires ». La rencontre a été l'occasion de débattre des dynamiques de la révolution numérique que connait le monde ces dernières années et de mieux cerner les enjeux de la digitalisation pour le développement des territoires. A cet effet, l'Institut CDG a convié cinq experts qui ont échangé leurs expériences et points de vue sur cette thématique : Lamiae Benmakhlouf, directrice générale du Moroccan Information Technopark Company (MITC); Souhail Bencherifa, directeur Knowledge Management et Transformation Digitale de CDG Développement ; Driss Essaouabi, directeur général délégué de l'Agence d'Urbanisation et de Développement d'Anfa (AUDA) ; Adil Allach, chef de division : digitalisation et simplification des procédures, Centre Régional d'Investissement de Tanger-Tétouan-Al Hoceima ; Nabil El Marzouqi, professeur des universités en sciences et ingénierie informatiques à l'Ecole Nationale Supérieure d'Arts et Métiers (ENSAM) de Rabat. La révolution numérique que connaît le monde depuis quelques années impacte la société à tous les niveaux : Etats, entreprises, individus. La prise de conscience de l'impact stratégique de la transformation numérique dans les structures s'accélère et devient aujourd'hui une nécessité pour s'adapter à un contexte qui est en constante évolution. Aujourd'hui, le digital est un levier important et un enjeu stratégique de développement du territoire. Les collectivités devraient ainsi tirer profit de la révolution que connaît le monde du point de vue numérique pour permettre aux territoires d'être plus compétitifs et attractifs. L'utilisation des nouvelles technologies permet l'amélioration du climat des affaires, la simplification des procédures, la promotion des investissements ainsi que l'amélioration des conditions de vie des citoyens à travers le développement de services plus performants, notamment pour la mobilité, l'urbanisation, la gestion des déchets... Le nouveau rapport sur le modèle de développement est venu renforcer le rôle du digital pour le développement des territoires en citant le développement territorial comme axe stratégique et le numérique comme levier de développement. Les interventions, riches en enseignements, ont permis de faire émerger plusieurs constats qui ont fait consensus parmi les invités : – Depuis plusieurs années, au niveau international, les territoires mènent des projets de digitalisation de leurs organisations et veillent à la mise en place de services publics plus innovants (services de proximité, qualité, rapidité dans l'exécution des doléances...) – Les territoires sont de plus en plus dans un système de compétition pour attirer plus d'investissements et d'initiatives économiques, mais aussi de ressources humaines en quête d'un cadre de vie épanouissant. Pour cela, le digital joue un rôle essentiel dans leur attractivité. – Sur le plan urbain, le digital permet de stimuler des démarches innovantes afin de penser et de construire des villes intelligentes, connectées, avec des budgets optimisés où les espaces publics et le cadre de vie des usagers sont de meilleure qualité. – Pour réussir la transformation digitale des territoires et répondre aux besoins des citoyens liés à l'environnement, la mobilité, l'urbanisme, la santé, l'éducation etc, l'implication de tous les acteurs (opérateurs publics et privés, universités et centres de recherche, territoires, startups...) est fondamentale pour mettre en place des solutions innovantes et disruptives. – Des projets concrets en faveur de la digitalisation des territoires ont été cités par les intervenants, notamment (i) la gestion de l'eau à travers la mise en place d'un système d'arrosage intelligent qui tient compte de la pluviométrie et de la température ambiante, (ii) la gestion de l'éclairage publique avec des capteurs qui détectent la présence de piétons... – Le digital et plus spécialement les « smart cities » pour le cas des villes est un mouvement irréversible auquel doivent s'atteler l'ensemble des acteurs pour réussir le développement de demain. – En 2019, la société gestionnaire du Technopark et la Société d'Aménagement Zenata, filiale du Groupe CDG, ont mis en place un programme d'open innovation « Smart Z » ayant pour objectif de répondre à des problématiques réelles dans le cadre du déploiement de la stratégie Smart de l'Eco-cité Zenata. Il a pour objet d'encourager les start-ups innovantes à participer à la co-construction de solutions adaptées au stade de développement de la ville de Zenata et cible des thématiques comme la mobilité et l'urbanisme, l'environnement et l'énergie, le développement économique, la santé et l'éducation. – L'innovation dans les territoires est une belle ambition. Il reste tout de même certains défis que le Maroc devra relever, notamment les questions liées au financement et le capital humain. Ce dernier doit monter en compétence à travers des formations plus pointues sur les nouvelles technologies afin de pouvoir accompagner cette transformation digitale au sein des territoires. – La transformation digitale est clairement un levier de création de valeur. Le citoyen, étant au cœur de cette chaine, le développement des territoires doit être pensé et réfléchi à travers la mise en place d'une offre intégrée qui lui permettra, notamment, de vivre dans un quartier attrayant et d'améliorer son bien-être (renforcer la sécurité des biens et des personnes, favoriser le transport et la mobilité et améliorer l'activité des commerces et des services...). – Il est primordial, aujourd'hui, de mettre en place une feuille de route stratégique pour la transformation digitale des territoires. Celle-ci doit prendre en compte les éléments suivants : (i) affiner la vision de la transformation numérique et l'ancrer systématiquement dans les plans d'action de développement des territoires, (ii) façonner la transition numérique des territoires à travers un soutien politique, un soutien financier, une assistance technique par des partenariats public/privé, et (iii) renforcer les capacités, en termes de ressources humaines, surtout chez les jeunes, en s'appuyant sur les expériences normatives et opérationnelles de l'ensemble des acteurs (acteurs publics, professionnels, universités...).