Ecrit par L. Boumahrou | Le Nouveau modèle de développement table sur une baisse du coût de la logistique de 8 points à l'horizon 2035 passant de 20% actuellement à 12%. Seulement pour atteindre cet objectif, il est impératif de doter le pays d'un pavillon maritime marocain et faire d'une pierre deux coups : améliorer la compétitivité de l'économie en réduisant le coût de transport et logistique et garantir la souveraineté du Royaume. Parmi les facteurs qui grèvent l'économie marocaine, celui de la logistique. Avec la disparition de la flotte marocaine de navires, le Maroc s'expose à des coûts du fret très élevés qui plombent la compétitivité de l'entreprise marocaine et par ricochet l'économie dans sa globalité. C'est le maillon manquant de la stratégie logistique marocaine qui a certes doté le pays d'infrastructures portuaires aux standards internationaux mais dont on ne tire pas entièrement profit. Atteindre les objectifs fixés par la commission du Nouveau modèle de développement en matière de compétitivité à l'horizon 2035 implique de faire renaître de ses cendres le pavillon marocain du secteur maritime. Les opérateurs privés ont disparu l'un après l'autre durant les 15 dernières années passant de 70 bateaux en 2006 à quasiment aucun bateau aujourd'hui. Et pourtant disposer d'un pavillon marocain n'est pas uniquement une question de compétitivité, mais également de souveraineté. « Nous devons avoir un pavillon marocain que nous pourrons réquisitionner, en cas de besoin, pour assurer tout ce qui est stratégique pour notre souveraineté », a précisé Abdelaziz Mantrach, Président de l'Association Professionnelle des Agents Maritimes, Consignataires de Navires et Courtiers d'Affrètement du Maroc (APRAM) et vice-Président de l'ASMEX. La crise du Covid ou encore celle avec l'Espagne n'ont fait que confirmer l'impératif de doter le pays d'une flotte nationale pour garantir la fluidité de ses échanges et surtout de ses exportations. Malheureusement, à ce jour, le gouvernement n'a pas bougé le petit doigt pour remédier à cela et stopper l'hémorragie de la disparition de la flotte marocaine. Des voix se sont pourtant levées ces dernières années pour dénoncer cette situation et appeler le gouvernement à sauver les meubles de ce secteur ô combien stratégique pour le pays. Interpellé à ce sujet, Abdelaziz MANTRACH nous a affirmés que le secteur a agonisé en l'absence de mesures d'accompagnent et de soutien du gouvernement. « J'ai interpellé aussi bien le Chef du gouvernement que le ministre de l'Equipement et du Transport (durant des années et tout récemment) pour mettre en place une panoplie d'incitations à même de permettre au privé d'investir dans le secteur. A ce jour, je n'ai pas eu de retour à mes courriers », a-t-il souligné. Il précise en l'occurrence qu'au vu des conditions du secteur investir aujourd'hui est tout simplement suicidaire. Ce qui explique qu'aucun investisseur ne s'y intéresse au transport maritime au Maroc. Pour améliorer l'attractivité du secteur, les opérateurs évoquent plusieurs points notamment le volet financier (les banques ne suivent pas), fiscal (la fiscalité est jugée très contraignante et pesante), assurantiel mais aussi social (revoir les conditions sociales avec les partenaires et les syndicats). Un pavillon marocain pour plus de sécurité et de compétitivité C'est un pavillon marocain solide et surtout protégé que les opérateurs revendiquent. D'ailleurs c'est l'une des composantes du choc de compétitivité que la commission du Nouveau modèle de développement a préconisée dans son rapport. « La logistique représente un facteur majeur de compétitivité et d'attractivité économique et une condition nécessaire à la réalisation des plans de développement sectoriels. Une logistique efficace permet une réduction des délais et coûts d'acheminement, notamment à l'export, ainsi que l'ancrage du Maroc dans son positionnement et son rôle de hub régional », lit-on dans ledit rapport. A noter que le coût logistique représente 20% du PIB marocain alors que qu'en 'Europe, il se situe entre 9 et 12%. C'est donc plus qu'un choix mais un impératif pour atteindre les objectifs que le Maroc s'est fixés notamment atteindre les 12% de coût logistique à l'horizon 2035. C'est aussi une arme à double tranchant dans les situations de tension comme celles vécues durant les premiers mois de la pandémie Covid. Les questions que se pose le secteur industriel marocain : pourquoi l'Etat n'investit pas dans ce secteur pour créer une flotte nationale et faire d'une pierre 2 coups : améliorer la compétitivité de l'économie en réduisant le coût de la logistique et garantir la souveraineté du Royaume ? Comment remédier à la cherté du coût de la logistique qui plombe la compétitivité des entreprises exportatrices ?