Ecrit par I. Bouhrara | Les relations entre le Maroc et la Côte d'Ivoire fêteront en 2022 soixante ans de coopération et de partenariat entre les deux pays africains. Et elles sont appelées à se renforcer dans le cadre de la dynamique créée par la Zlecaf. Le point avec Abdelmalek Kettani, ambassadeur du Maroc en Côte d'Ivoire. « Les relations entre le Maroc et la Côte d'Ivoire ont été établies en 1962 par feu le Roi Hassan II et le président fondateur de la Côte d'Ivoire, Félix Houphouët-Boigny. Cette coopération établie par deux grands patriotes dans l'Afrique postcoloniale a été fondamentale et elle est appelée à se développer sous l'impulsion de SM le Roi Mohammed VI et son frère et ami, le Président Alassane Ouattara », soutient Abdelmalek Kettani, Ambassadeur du Maroc en Côte d'Ivoire. Invité des Tables rondes de l'ISPJS, l'Ambassadeur a décliné les axes stratégies de cette coopération et le suivi qui en est fait sur le terrain avec les différents acteurs du public comme du privé, aussi bien marocains qu'ivoiriens. Sur le plan économique, les entreprises marocaines ont suivi les instructions royales émises lors des différentes visites en Afrique. Pour le cas de la Côte d'Ivoire, plusieurs accords et conventions de partenariats ont été signés aussi bien par les acteurs bancaires marocains que de grands groupes dans différents secteurs ainsi que des investissements colossaux qui en ont découlé pour concrétiser cette vision royale de développement durable pour le Maroc et pour les pays africains. « Aujourd'hui, le Maroc est le premier investisseur africain en Afrique subsaharienne, avec le rachat d'entreprises et de banques, mais avec des investissements nouveaux des entreprises nationales marocaines qui ont permis une création de valeur et d'emplois certaines pour la Côte d'Ivoire », poursuit Abdelmalek Kettani. En termes d'investissements publics marocains en Côte d'Ivoire, il y a lieu de citer la réhabilitation et de valorisation de la Baie de Cocody, par la société publique Marchica Med, avec des bailleurs de fonds que le Maroc a mobilisés. Un projet mené en étroite collaboration avec les autorités ivoiriennes pour faire de la baie une place d'affaires mais également un haut lieu de villégiature et de tourisme. Autre projet qui consacre la qualité du partenariat entre les deux pays, celui de la construction de deux débarcadères de Locodjro dans la commune d'Abidjan, financés en partie par la Fondation Mohammed VI. La coopération africaine entre les deux pays passe également par le volet sécurité et maintien de la paix et le Maroc a été l'un des pays précurseurs en Côte d'Ivoire avec les Nations unies pour le maintien de la stabilité à la fin de la première décennie de ce siècle avant l'avènement d'Alassane Ouattara. Au niveau de la migration, l'ambassadeur du Maroc en Côte d'Ivoire s'est félicité du dispositif mis en place par le ministère des affaires étrangères et l'Agence marocaine de la coopération internationale (AMCI) et qui prend en charge chaque année des centaines d'étudiants ivoiriens pour poursuivre leurs études au Maroc et y rester éventuellement dans le cadre de la politique migratoire du Maroc ou revenir contribuer au développement de leur pays. « La dimension religieuse est également fondamentale dans les relations diplomatiques entre le Maroc et la Côte d'Ivoire. Le Maroc a en effet une relation ancestrale avec la Côte d'Ivoire notamment dans cette dimension religieuse dont les premiers jalons ont été posés par le Cheikh Ahmed Tijani qui a diffusé un islam de tolérance selon le rite malékite en Afrique et en Côte d'Ivoire. Une relation renforcée grâce au partenariat avec la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains. D'ailleurs l'Institut Mohammed VI forme chaque année près de 100 imams mourchidine ivoiriens en plus des autres pays africains », explique Abdelmalek Kettani. Et d'ajouter que SM le Roi Mohammed VI a bien voulu offrir une mosquée à son nom à Abidjan et qui est en passe de devenir le plus beau édifice religieux en Côte d'Ivoire. Sa construction devrait être achevée début 2022 pour être un écrin de l'amitié ivoiro-marocaine, selon le président du Conseil supérieur des imams de Côte d'Ivoire (COSIM). La formation revêt une importance particulière dans les relations de coopération entre les deux pays. Dans ce sens l'ambassadeur explique que des bourses sont octroyées par l'AMCI aux étudiants ivoiriens pour leurs études dans différentes écoles et institutions au Maroc. Aussi, l'OFPPT occupe-t-il un rôle majeur dans ce partenariat avec le Centre multisectoriel de formation professionnel d'Abidjan inauguré en 2017 par le Roi Mohammed VI et qui compte aujourd'hui 1.000 étudiants ivoiriens dans les domaines du BTP et de l'hôtellerie. La coopération entre les deux pays est également appelée à se renforcer dans le cadre de la nouvelle dynamique insufflée par la ZLECAF pour rehausser le commerce interafricain. Pour Abdelmalek Kettani, la zone de libre-échange africaine représente une véritable opportunité, mais faudra pourtant du temps pour pallier les problèmes d'infrastructures de transport mais également de sécurité sur certaines frontières notamment dans le Sahel, mais aussi la résolution définitive de la question nationale du Sahara. Dans ce sillage, l'Ambassadeur a souligné le travail mené pour la mise en place d'un groupement d'intérêt économique entre le Maroc et la Côte d'Ivoire. De même qu'il sera lancé dans les mois à venir un partenariat entre la CGEM et la Confédération Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI), pour identifier les opportunités de partenariats économiques de part et d'autre et élargir les perspectives économiques entre les deux pays. Il faut rappeler dans ce sens, le rôle majeur rempli par l'ambassade du Maroc en Côte d'Ivoire en matière de veille économique pour accompagner le plan de développement de la Côte d'Ivoire. En juillet, une mission sera dirigée par la FENELEC pour rencontrer les responsables ivoiriens pour accompagner ce plan de développement économique de la Côte d'Ivoire. « Il faut être très dynamique et le secteur privé a un rôle fondamental à jouer dans le sillage de l'action de l'Etat marocain dans le cadre de ce partenariat. L'ambassade et ses conseillers sont là pour les accompagner pour renforcer le développement économique entre les deux pays », insiste Abdelmalek Kettani.