Après l'indignation des familles des malades Covid prises en charge face aux abus de certaines cliniques privées, la tutelle et l'ANAM se sont réunies avec le bureau de l'ANCP. Bien que la tarification relative au protocole de prise en charge des cas Covid, récemment approuvée, reste en vigueur, la commission permanente de suivi va étudier les doléances des cliniques relatives à la facturation. Dr Khalid Lahlou, DG de l'ANAM nous livre les dessous d'une polémique qui défraye la chronique. Face à une montée alarmante des cas de contamination au Covid-19, à la saturation des unités de soins du secteur public, à l'épuisement du corps médical et à l'urgence sanitaire au niveau de bon nombre de villes, le secteur privé a enfin décidé d'ouvrir ses portes pour prendre en charge les cas Covid. Une ouverture pour soulager le secteur public qui est en surcharge. Sauf que l'implication des cliniques privées, tant attendue, dans cette guerre contre la pandémie, ne s'est pas faite comme on l'aurait souhaité. Arnaques, pratiques illégales (dépôt de chèques de garantie d'un montant de 60.000 DH), négligences des malades... les familles des malades prises en charge par les cliniques privées sont montées au créneau pour dénoncer la cupidité de ses établissements. Des familles qui accusent, preuves à l'appui, les cliniques d'appliquer leur propre loi dans une conjoncture de crise sanitaire où la solidarité devrait être de mise. Des accusations qui ont fait réagir aussi bien la tutelle que le régulateur (ANAM) qui se sont réunies ce mercredi 12 novembre avec le bureau de l'Association nationale des cliniques privées (ANCP). Une réunion pour faire le point sur les dérapages et les abus de certaines cliniques privées que regrettent les participants à cette réunion. Contacté par nos soins, le Directeur Général de l'Agence nationale de l'Assurance Maladie (ANAM), Khalid Lahlou, a précisé que l'objectif sera de mettre la lumière sur les faits relatifs à la surfacturation de la prise en charge des malades atteints de la Covid-19. « Aucun dépassement ne sera permis et nous veillerons à appliquer la réglementation en vigueur afin de protéger les citoyens », a-t-il précisé. Le régulateur semble très engagé dans ses missions de contrôle notamment dans le contexte actuel qui requiert une certaine vigilance quant au respect des droits des Marocains et leur accès au service de santé. L'Agence a d'ailleurs mis en place le portail « anam.chikaya.ma » qui permet aux citoyens de déposer leurs doléances. « Les enquêtes de contrôle ont déjà été engagées afin de définir les responsabilités de tout un chacun », nous a-t-il précisés. A noter qu'une commission composée de l'inspection générale du ministère de la Santé et l'ANAM a été dépêchée à l'occasion pour enquêter sur les abus et dépassements que beaucoup de citoyens dénoncent. Le rôle des cliniques privées dans cette lutte contre la Covid-19 est déterminant. Encore faut-il que la prise en charge soit mieux encadrée. Il faut dire que lors de cette réunion l'ANCP ne concède pas ces actes, mais elle dénonce toutefois une tarification de la prise en charge des cas Covid notamment en réanimation inadaptée aux frais réels. Interpellé sur cette question, Khalid Lahlou affirme que la tarification nationale relative au protocole de prise en charge des cas Covid, approuvée par le ministère de la Santé, reste toujours en vigueur. Rappelons que le 2 novembre l'ANAM a adressé à la CNOPS, la CNSS ainsi qu'à l'ensemble des acteurs de la couverture médicale de base au Maroc le protocole thérapeutique de prise en charge de la Covid-19 ainsi que les tarifs relatifs à l'ensemble des actes médicaux du diagnostic à la prise en charge. « Toutefois, tenant compte des doléances de l'ANCP relatives à la tarification de la prise en charge des nouvelles exigences imposées par la Covid-19 notamment pour la consommation de l'oxygène et certains dispositifs médicaux, des consommables..., des réunions seront enclenchées dans le cadre de la commission permanente de suivi de la convention nationale qui lie les organismes gestionnaires (CNOPS, CNSS, prestataires de soins et ANAM) pour examiner les possibilités afin d'apporter des réponses aux doléances des cliniques privées. Cela dit tout en garantissant les équilibres financiers des régimes pour garantir des pratiques médicales dans les normes requises et un accès aux soins au profil des bénéficiaires de l'AMO d'une manière sécurisée », a tenu à préciser Dr Khalid Lahlou. Rappelons que depuis 2015, le processus de la révision de la tarification nationale de référence est toujours en cours de négociation. Les cliniques privées précisent que le tarif de 1.500 DH prévus dans le cadre d'une prise en charge en réanimation ne s'adapte plus au contexte actuel. A noter qu'une proposition s'est profilée dans le cadre de cette réflexion à savoir une tarification par cas clinique de la malade et qui sera proposé dans le cadre par la commission permanente de suivi de la convention nationale avec les acteurs concernés à savoir la CNOPS, la CNSS et les prestataires de soins et l'ANAM. Aujourd'hui, eu égard au danger qui nous guette, il est important que le secteur public et privé travaillent coude à coude pour gagner cette guerre, sauver des vies et garantir le droit d'accès aux soins pour tous les Marocains.