Considéré comme un levier de développement, l'intégration économique des pays Africains permet de stimuler les dynamiques d'échanges panafricaines et d'éviter les clivages économiques et la déperdition de valeur. Cette intégration économique passe aussi par une intégration financière dans laquelle les groupes financiers panafricains jouent un rôle prépondérant. En outre, l'introduction de la finance islamique dans la région, favorisée par la mise en place de réglementations spécifiques à cette nouvelle forme de finance, pose des problématiques stratégiques en matière de positionnement de ces groupes financiers. Ils doivent saisir l'opportunité offerte par cette finance permettant une plus forte mobilisation de l'épargne et une meilleure inclusion financière, tout en évitant une altération de leur positionnement stratégique dans leurs marchés domestiques, induite notamment par l'introduction de nouveaux groupes financiers islamiques non-africains aux fortes capitalisations et aux orientations économiques et géostratégiques plus complexes. En particulier, les groupes panafricains Marocains, forts d'une présence dans plus d'une vingtaine de pays et d'une part de marché de presque 27% sur le marché OuestAfricain[1], doivent adopter une stratégie en matière de finance islamique leur permettant de transformer ces menaces latentes en réelles opportunités de développement et de contribuer plus fortement à l'intégration financière de la région et à l'amélioration de son attractivité au niveau des marchés financiers internationaux, notamment islamiques. Introduction L'Afrique connaît une résilience économique sans précédent, avec une croissance de 3,6% en 2017 et en 2018 et qui devrait s'accélérer à 4% en 2019 et 4,1% 2020[2]. Cependant, le continent fait face à de nombreux défis économiques, politiques et sociaux. D'après de nouvelles estimations de la Banque africaine de développement, 130 à170 milliards de dollars par an seraient nécessaires au développement des infrastructures du continent, avec un gap de financement de l'ordre de 68 à 108 milliards USD[3]. Dans le secteur bancaire classique, le déficit annuel dans le financement des PME africaines est estimé à environ 190 milliards USD. Selon MFW4A, un Think-Tank créé par plusieurs institutions multilatérales et agences de développement Africaines et internationales, les PME africaines ont 19% moins de chances d'obtenir un prêt bancaire par rapport aux PME à l'international[4]. De plus, selon les récentes statistiques de Findex 2018[5], l'indice retraçant l'évolution de l'inclusion financière à l'international, malgré le développement extraordinaire qu'a connu la bancarisation en Afrique subsaharienne les cinq dernières années, le taux en Afrique subsaharienne ne dépasse pas les 43%. Afin de faire face à ces enjeux et problématiques structurelles, l'Afrique doit adopter des stratégies plus prononcés en matière d'inclusion financière, de développement de la réglementation, de renforcement de la stabilité financière ainsi qu'en matière de mobilisation des ressources financières à long terme. L'adoption de telles stratégies dans un contexte international très compétitif en matière d'attractivité des capitaux internationaux et d'un contexte régional de faible intégration économique et financière des marchés régionaux, d'une auto-exclusion de certaines catégories des populations musulmanes du circuit financier classique induit naturellement à considérer d'autres alternatives stratégiques. La finance islamique, dite aussi participative, s'annonce comme une nouvelle alternative viable en mesure de contribuer à une meilleure mobilisation de l'épargne locale, d'améliorer l'inclusion financière et économique des populations musulmanes (celles-ci constituant 41% des populations africaines[6]) et d'attirer une nouvelle catégorie d'investisseurs dans la région. Basée principalement sur les transactions commerciales comme sous-jacent des opérations de financement, fondamentalement inspirée par l'éthique musulmane et encadrée par le droit musulman des affaires, la finance islamique connait un engouement international indéniable depuis plus d'une décennie. De nombreux pays occidentaux mais aussi africains ont d'ores et déjà entamé les réformes et amendements nécessaires pour intégrer la finance islamique dans leur corpus réglementaire, laissant ainsi présager une croissance certaine de cette nouvelle industrie financière. Récents développements de la finance islamique au niveau régional et international Selon les études menées par Technavio[7], le marché mondial du financement islamique a connu une croissance d'environ 19% (TCAC) pour la période 2015-2019. En 2017, le secteur a atteint 2 440 milliards de dollars avec une domination des actifs bancaires de plus de 70%. [8] Les principaux acteurs du secteur restent les pays du CCG, la Malaisie et l'Iran, avec une part de marché de plus 80% du secteur au niveau mondial. La dynamique des marchés des capitaux islamiques est étroitement liée à la performance de Sukuk[9] qui représente environ 16% des actifs de l'industrie. Le secteur des fonds islamiques compte pour 60 milliards de dollars et devrait atteindre 77 milliards de dollars en 2019. Le Takaful (l'assurance conforme à la charia) compte 14,9 milliards de dollars d'actifs, ce qui représente seulement 1% à 2% de l'industrie mondiale, mais avec des taux de croissance plus importants que tous les autres segments de l'industrie. Thomson Reuters prévoit une croissance des actifs de finance islamique atteignant 3800 milliards USD[10] d'ici 2023 avec plus de 1400 institutions opérant dans plus de 80 pays. Encore à ses premiers balbutiements en Afrique, le secteur bancaire islamique a réussi à capturer en 2016 près de 2,61%[11] des actifs bancaires du continent, représentant un total de 29 milliards de dollars. L'encours des Sukuk reste modeste sur le continent Africain avec près de 22 milliards de dollars, soit près de 2,2% du marché mondial des Sukuk. Cependant, de nombreuses opportunités s'annoncent. En effet, la finance islamique en Afrique passe actuellement par une phase de développement fondamentale et structurelle, celle de la « mise en place institutionnelle » témoignant d'une reconnaissance des états Africains du potentiel de développement de cette finance. Le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Lybie, l'Afrique de l'Ouest, le Kenya, l'Ethiopie, le Nigeria, et l'Afrique du Sud sont en train de mettre en place le cadre institutionnel, réglementaire, fiscal et juridique permettant aux opérateurs de la finance islamique d'offrir leurs produits et services à des publics plus larges et aux conditions plus compétitives. La Côte d'Ivoire, le Togo, le Sénégal, le Mali, le Nigéria, le Maroc ainsi que de nombreux autres pays ont également ouvert leur dette publique aux investisseurs islamiques via l'émission de Sukuk souverains. Cette phase importante devrait aboutir à un développement certain pour les 3 à 5 prochaines années. Il va sans dire que pour le Maroc, la finance islamique recouvre une dimension stratégique majeure dont les résultats sur la croissance et le développement se verront dans le moyen et long terme. La finance islamique permettra à la fois une mobilisation de l'épargne nationale et une amélioration du taux d'équipement des ménages et des entreprises en matière de produits et services financiers ainsi qu'en matière d'accès au financement des PME. Selon un rapport publié par la SFI en 2014, 32 % des PME dans la région MENA (Maroc inclus) sont exclus du circuit bancaire à cause du manque d'une offre conforme à la Charia. Le rapport indique également que le potentiel des financements participatifs des PME Marocaines est de 210-240 millions USD par an, alors que celui des dépôts se situe entre 220 à 430 millions USD par an[12]. Or, dans un pays connu pour son industrie financière puissante et son leadership financier affirmé en Afrique francophone, il est force de constater qu'un taux de bancarisation de 71% est en dessous des espérances. Le financement de projets majeures et structurants de l'économie Marocaine, tels que le Plan Maroc Vert pour le développement de l'agriculture, le Plan d'Accélération Industrielle, la mise en place de plateformes géantes telles que Tanger Med et le projet Nour pour les énergies renouvelables remettent sur la table la question de l'attractivité du marché marocain de la dette publique et privée et commencent à constituer un enjeu majeur pour la croissance et le développement du pays. Une ouverture vers les investisseurs islamiques aux fortes capitalisations, notamment ceux des pays du Golfe est une opportunité certaine. En 2017, le Royaume du Maroc, considéré comme l'un des principaux marchés financiers en Afrique, a été témoin d'une transformation spectaculaire de son secteur financier, du moins du point de vue qualitatif, avec le lancement simultané de huit opérateurs bancaires participatifs islamiques (cinq banques participatives à part entière et trois fenêtres islamiques). Cette évolution positive devrait se poursuivre par une introduction de plusieurs opérateurs Takaful et une plus grande dynamique du secteur des Sukuk initié par le lancement du programme d'émissions souverain fin 2018. Sur le volet réglementaire, le Royaume a fait plusieurs efforts pour offrir un cadre en phase avec les meilleures pratiques et les standards internationaux. La réglementation prévoit un système de gouvernance charia centralisé afin d'harmoniser les pratiques de marché. Plusieurs amendements et initiatives ont été lancés pour compléter l'écosystème nécessaire au développement de cette finance, notamment en adoptant le principe de neutralité fiscale et d'équité entre les opérateurs (classiques vs islamiques) permettant ainsi une réelle compétitivité entre l'ensemble des acteurs du secteur financier. En adoptant une stratégie intégrée pour inclure la finance islamique dans le paysage financier national, le Maroc ambitionne de se positionner comme l'un des principaux centres de la finance islamique en Afrique. Quels enjeux pour le Maroc en matière de leadership régional en finance islamique ? L'intégration financière est une des cinq piliers de l'intégration régionale en Afrique. En effet, l'indicateur de l'intégration en Afrique propose 5 secteurs stratégiques d'intégration[13] : Infrastructures, commerciale, productive, libre circulation des personnes et l'Intégration financière et macroéconomique. Cette dernière est expliquée comme « La libre circulation des capitaux en Afrique qui aurait pour effet une augmentation de l'investissement et des moyens financiers alloués aux activités valorisant le mieux la productivité ». L'intégration financière régionale en Afrique subsaharienne repose principalement sur le rôle de deux acteurs : les gouvernements et leurs politiques publiques ; et les acteurs du secteur privé catalyseurs de la dynamique de développement. Au niveau des institutions gouvernementales ou supranationales, ce sont les mécanismes de réglementation, de supervision ainsi que les organismes multilatéraux qui garantissent le développement du secteur financier et sa stabilité (telles que l'UEMOA, la BCEAO, la BRVM, la BAD, etc.). Les banques régionales et panafricaines quant à elles, constituent les principaux opérateurs du secteur privé qui créent et renforcent de manière opérationnelle l'intégration financière en permettant une circulation plus libre des capitaux et une mobilisation à large échelle et plus efficiente de ceux-ci. Le développement de ces groupes panafricains est incontestablement un atout stratégique pour l'intégration financière et un catalyseur pour l'intégration économique dans la région, notamment par leurs stratégies d'accompagnement des groupes économiques africains dans leurs installations régionales. Le Maroc est un acteur de premier plan en matière d'intégration financière régionale, notamment par le développement de grands groupes panafricains avec une forte dynamique dans la région. Selon une étude menée par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) Marocaine et l'Agence Française de Développement (AFD), le Maroc est parvenu à édifier un système financier solide qui a donné naissance à des groupes bancaires compétitifs, capables de s'implanter en Afrique et de contribuer favorablement au financement des économies Africaines. En effet, la politique des groupes financiers Marocains en termes d'implantation en Afrique a été renforcée lors de ces dernières années. Le royaume a réalisé entre 2013 et 2017 des investissements directs de plus de 19 milliards de DH dans le secteur financier Africain, ce qui correspond à 53% du total de ses investissements en Afrique. L'Afrique de l'Ouest a reçu plus de 55% de ces flux contre 25% de ces investissements ont été dirigés vers l'Afrique du Nord. Cette stratégie d'investissement massif dans le secteur financier Africain a permis aux groupes financiers Marocains d'aboutir à une position centrale avec une présence dans une vingtaine de pays dans le continent et une part de marché de plus de 27% dans la zone de l'UEMOA. De plus, elle a permis d'arriver à des niveaux de rentabilités satisfaisantes grâce aux économies d'échelle et au développement d'une expertise financière régionale. De surcroit, garder une position centrale dans le secteur financier régional revêt une importance stratégique car elle permet aux groupes industriels Marocains de s'implanter en Afrique et renforce son modèle de coopération Sud- Sud sur lequel repose la politique de l'état au niveau du continent. En effet, le royaume chérifien se doit d'agir pour garder ce positionnement stratégique à la fois pour anticiper son altération éventuelle et saisir les opportunités offertes pour son renforcement, notamment par une adoption de stratégie plus agressive en matière de finance islamique. Le positionnement du Maroc dans le secteur de la finance islamique en Afrique Le développement de la finance islamique est marqué par une concurrence internationale aux enjeux économiques et géopolitiques majeures. Les pays du golfe sont à la recherche de stratégies économiques post-pétrole, quant aux autres pays islamiques dits « émergents » tels que la Malaisie et la Turquie aux économies plus diversifiées cherchent à soutenir leurs exportations et l'implantation de leurs groupes industriels à l'international. De plus, plusieurs groupes financiers islamiques aux capitaux originaires des pays du golfe sont arrivés à maturité en voyant leur part de marché arriver à maturité sur leurs marchés domestiques après une phase de croissance à deux chiffres. De surcroit, une concentration de leurs portefeuilles d'investissement les induit naturellement à considérer une diversification stratégique, notamment en considérant les opportunités offertes par les nouvelles juridictions ayant une réglementation favorable à la finance islamique. Les exemples ne manquent pas, Dubai Islamic bank, Al Baraka Banking Group, Abu Dhabi Islamic Bank, Al Salam Bank, Salama Insurance, etc... D'autre part, les pays musulmans « émergents » pourraient renforcer leurs stratégies de développement économique en essayant d'établir à travers une implantation de leur groupes financiers, des liens économiques plus forts avec des pays aux grandes populations musulmanes et développer ainsi de nouveaux marchés pour exporter leurs produits et services. A titre d'exemple, la banque islamique turque Bank Asya est entrée en partenariat avec la société islamique de développement, filiale de la banque islamique de développement pour créer le premier groupe panafricain islamique de l'Afrique de l'ouest, Tamweel Holding avec un réseau de cinq banques islamiques. Les opportunités de positionnement sur le secteur de la finance islamique pour les groupes financiers Marocains ont été soulignées par la DEPF qui a recommandé de diversifier le portefeuille d'activités de ces groupes en intégrant le segment de la finance alternative (islamique), pour s'approprier un positionnement profitable sur ce segment, notamment au niveau de certains marchés de la région comme le Sénégal, le Mali, le Cameroun et le Nigéria. Par ailleurs, dans contexte de la lecture stratégique de l'environnement concurrentiel qu'on vient d'établir, il transparait qu'un manque de leadership de la part des groupes bancaires panafricains Marocains sur le secteur de la finance islamique pourrait se traduire par une perte de part de marché pour ces derniers et une installation plus forte d'une concurrence par ces groupes internationaux. Cette concurrence, sera opéré à la fois sur les différents secteurs économiques, industriels et financiers, par des conglomérats dont l'intégration économique de la région n'est pas forcément une priorité. Le Maroc, aux fortes relations géopolitiques et historiques avec les pays du golfe pourrait considérer d'adopter une stratégie basée sur la coopération entre les groupes bancaires Marocains et les grands groupes financiers islamiques des pays du Golfe aux fortes capitalisations. En effet, les grands groupes bancaires Marocains peuvent d'abord jouer un rôle de relais de ces groupes financiers compte tenu de leur connaissance des réalités du terrain, de la culture locale ainsi que de leur expertise financière reconnue. De plus, les groupes panafricains Marocains peuvent jouer le rôle d'intégrateur. En effet, leur connaissance du terrain et leur organisation leur permet d'accéder et d'adresser de manière plus simple les opportunités d'investissements au niveau de la région qui sont en général de petites tailles comparées au caractère généralement très capitalistique des investissements des groupes originaires des pays du golfe. Cette approche permettra aux économies régionales d'accéder aux capitaux islamiques plus importants de façon plus optimale et permettra au Maroc de jouer le rôle de catalyseur de l'intégration financière et économique qu'il a joué tout au long de ces années. Conclusion : Avec un leadership financier au niveau de l'Afrique francophone, le Maroc doit saisir les opportunités offertes par l'introduction de la finance islamique dans la plupart des pays de la région. Un engagement du Maroc dans ce secteur lui permettrait de renforcer son rôle de catalyseur de l'intégration économique et financière de la région tout en appuyant son leadership des groupes bancaires Marocains. Une alliance stratégique avec les groupes financiers islamiques capitalistiques des pays du golfe permettrait aux groupes Marocains à la fois de faire face à une concurrence potentielle par des groupes étranges et bénéficier des opportunités de développement offertes par le secteur.
Par Dr Sami As Soulaimani, Associé Fondateur, Finéopolis Consulting
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