Née d'un appel lancé par le Groupe de la BM et le FMI, cette initiative permet à des pays à faible revenu de suspendre leurs remboursements aux créanciers bilatéraux publics. La pandémie de COVID-19 continue de ravager les pays : elle accable les systèmes de santé, perturbe la productivité, menace la sécurité alimentaire, multiplie les pertes d'emplois et fait baisser les revenus, particulièrement pour les plus pauvres. Elle est à l'origine de la plus forte contraction de l'économie mondiale depuis huit décennies : elle touche tous les pays, entraînant l'effondrement des investissements, du commerce international et des envois de fonds de l'étranger. La crise mondiale menace l'existence et les moyens de subsistance des populations les plus vulnérables, exacerbe les inégalités et détériore les perspectives de croissance économique à long terme. Elle exige de la communauté du développement une réponse exhaustive, robuste et d'envergure planétaire. Tels sont les messages clés du Comité du développement dans un communiqué publié à la clôture des Assemblées annuelles 2020 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Le forum ministériel représentant les 189 pays membres des deux institutions s'est tenu cette année virtuellement en raison de la crise sanitaire. Dans son allocution en séance plénière, le président du Groupe de la Banque mondiale David Malpass a souligné ces sujets d'inquiétude, en mettant en garde contre une pandémie qui « pourrait bien être à l'origine d'une décennie perdue », marquée par « une croissance faible, un effondrement de nombreux systèmes de santé et d'éducation et une nouvelle série de crises des dettes souveraines ». La santé aux premières loges Le Comité a félicité le Groupe de la Banque mondiale et le FMI pour la célérité et l'ampleur de leur riposte à la COVID-19 et prié instamment les deux institutions de continuer à travailler avec les pays membres, les secteurs public et privé, les partenaires de développement locaux et bilatéraux et les autres organisations internationales. Alors que plus de 100 pays bénéficient déjà des opérations menées par la BIRD, l'IDA, IFC et la MIGA, les gouverneurs ont pris acte des 45 milliards de dollars engagés par le Groupe de Banque mondiale au dernier trimestre de l'exercice 2020 pour faire face à la pandémie et de sa capacité à allouer jusqu'à 160 milliards de dollars d'ici à juin 2021. Ils ont aussi salué l'accent mis sur la santé, l'assistance sociale et l'économie, ainsi que sur des politiques, des institutions et des investissements qui seront déterminants pour une reprise résiliente, solidaire et durable. Et de rappeler que le Groupe de la Banque mondiale joue un rôle essentiel face aux principaux défis mondiaux. Pour parvenir à accomplir sa mission — mettre fin à la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée — et apporter son soutien à la réalisation des objectifs de développement, la Banque doit impérativement aider les pays à « reconstruire en mieux et en plus solide », a souligné le Comité. La pauvreté ravage Dans son allocution, David Malpass a insisté sur les dimensions humaines de la crise : selon les dernières projections de la Banque mondiale, 110 à 150 millions de personnes supplémentaires auront basculé dans l'extrême pauvreté d'ici à 2021. Afin de remédier aux lourdes conséquences de la pandémie sur le plan du capital humain, la Banque mondiale appuie le développement de l'enseignement à distance dans 65 pays et s'est associée à l'UNICEF et à l'UNESCO pour permettre une réouverture encadrée des écoles, a indiqué le président du Groupe de la Banque mondiale. Ce dernier a également appelé à plus de collaboration pour accompagner un « relèvement résilient sans exclusive ». « Les pays devront permettre au capital, à la main-d'œuvre, aux compétences et à l'innovation d'opérer une transition vers un cadre d'activité différent après la crise de la COVID-19 », a-t-il déclaré. Ils devront aussi, pendant la phase de relance, « s'employer à réaliser leurs objectifs climatiques et environnementaux ». Vaccin : la BM va miser 12 Mds de dollars Alors que les projets axés sur l'urgence sanitaire sont en cours de mise en œuvre, en soutien à l'achat de masques, de matériel destiné aux services d'urgence et d'autres fournitures en lien avec la COVID, le Comité du développement et le président Malpass ont insisté sur l'importance de parvenir à un vaccin efficace pour pouvoir rouvrir le monde sans danger. Lors des Assemblées annuelles, la Banque mondiale a annoncé qu'elle comptait mettre jusqu'à 12 milliards de dollars à la disposition des pays en développement en vue de l'achat et de la distribution des vaccins contre la COVID-19, une fois que ceux-ci seront mis au point. Parallèlement, IFC, la branche du Groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, consent des investissements substantiels en direction des fabricants de vaccins et produits connexes dans le cadre de sa nouvelle Plateforme mondiale pour la santé, dotée de 4 milliards de dollars. Soit autant d'efforts visant à garantir aux plus pauvres et aux populations le plus à risque un accès aux vaccins équitable et à un coût abordable. Autre événement marquant en marge des Assemblées : la prolongation jusqu'au premier semestre de l'année 2021 de l'Initiative de suspension du service de la dette, sous l'égide du G20. Née d'un appel lancé par le Groupe de la Banque mondiale et le FMI, cette initiative permet à des pays à faible revenu de suspendre leurs remboursements aux créanciers bilatéraux publics. Elle « crée la marge budgétaire tant voulue et accompagne les programmes de financement du Groupe de la Banque mondiale et du FMI en faveur des pays les plus pauvres », a indiqué le Comité, en encourageant les banques multilatérales de développement à aller plus loin dans leur soutien à cette démarche et les créanciers privés à y participer. La suspension de la dette est une mesure provisoire importante, mais pas suffisante, a affirmé David Malpass devant le Comité : « Au delà de l'Initiative de suspension du service de la dette, nous devons œuvrer à la réduction du stock de la dette. C'est ce qui permettra véritablement aux habitants des pays débiteurs de voir la lumière au bout du tunnel. »