Le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, a exhorté les pays du G20 à suspendre tous les paiements de la dette bilatérale des pays les plus pauvres afin de concentrer les ressources sur la lutte contre la pandémie du Covid-19 et d'accélérer le processus de rétablissement. Lors de la téléconférence des ministres des Finances du G20 sur le COVID-19, tenue le 23 mars, le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass, a rappelé que l'objectif premier de son institution est d'apporter rapidement une aide pendant la crise, en fonction des besoins des pays. Il est également capital de raccourcir la période de relèvement et de rassurer quant à la possibilité d'une reprise forte. « L'ampleur et la célérité de notre riposte détermineront son efficacité. Le 17 mars, les Administrateurs de la Banque mondiale et de l'IFC ont approuvé une enveloppe de 14 milliards de dollars au titre du financement de la riposte à la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19). Sur ce montant, l'IFC met à disposition huit milliards de dollars sous forme d'aide financière relativement rapide aux entreprises privées », rappelle-t-il. À brève échéance, la BIRD et l'IDA mettront à disposition six milliards de dollars en appui aux soins de santé. La Banque mondiale procède actuellement à une restructuration des projets en cours dans 23 pays, dans bien des cas à travers la composante d'intervention d'urgence de ces opérations. Malpass a également annoncé que la Banque mondiale prépare des projets dans 49 pays en ayant recours à un nouveau mécanisme accéléré, et les décisions y afférentes sont attendues cette semaine et concerneront non moins de 16 programmes de pays. « Nos Administrateurs se réuniront sous peu, et je nourris l'espoir que cette première série de pays formera le cadre sur lequel nous nous appuierons pour intensifier nos interventions au cours des prochaines semaines. Nous inviterons les autres banques multilatérales de développement (BMD) à apporter des concours complémentaires jusqu'en avril », ajoute-t-il. La Banque mondiale a également retenu une série de modalités accélérées de passation de marchés qui permettront des achats en gros, et elle travaille avec d'autres BMD et le FMI à l'évaluation des besoins, à la mise en œuvre du nouveau système et à la mobilisation de cofinancements accrus. « Nous sommes en discussion avec la Chine, entre autres pays clés, en vue d'obtenir de l'aide pour la fabrication et la livraison rapides d'un bon nombre des fournitures requises et nous leur sommes reconnaissants pour leurs réponses favorables à ce jour », poursuit David Malpass. Une récession majeure de l'économie mondiale Au-delà des graves conséquences sanitaires de la pandémie, Malpass a assuré qu'il faudra s'attendre à une récession majeure de l'économie mondiale. « Nous nous employons à apporter une réponse rapide en ayant recours à tous les instruments dont nous disposons. Les pays doivent agir rapidement pour stimuler les dépenses de santé, renforcer les filets de protection sociale, soutenir le secteur privé et parer la perturbation des marchés financiers », rassure-t-il. Ainsi, les pays devront mettre en œuvre des réformes qui aideront à raccourcir la période de relèvement et à rassurer quant à la possibilité d'une reprise forte. En ce qui concerne les pays pour lesquels les réglementations excessives, les subventions, les régimes de délivrance de permis, la protection du commerce ou la judiciarisation constituent des obstacles, nous travaillerons avec eux pour stimuler les marchés, favoriser de meilleurs choix et promouvoir des perspectives d'une croissance plus rapide pendant la période de redressement, préconise le président de la Banque mondiale. Le Groupe de la Banque mondiale, y compris l'IFC et la MIGA, pourrait déployer jusqu'à 150 milliards de dollars au cours des 15 prochains mois. Concernant les 25 pays les plus pauvres, David Malpass rappelle que beaucoup d'entre eux étaient déjà empêtrés dans une situation d'endettement difficile qui ne laisse aucune marge de manœuvre pour opposer une riposte sanitaire et économique appropriée. « Nous sommes disposés à leur verser une grande partie de leur allocation d'IDA-19 à concurrence de 35 milliards de dollars et à dégager des ressources supplémentaires. Cela dit, les ressources IDA ne sauraient être affectées au remboursement des dettes », déplore-t-il. C'est dans ce sens qu'il a exhorté tous les créanciers bilatéraux publics des pays les plus pauvres à prendre des mesures à effet immédiat pour venir en aide aux pays IDA à travers un allégement de dette afin de leur permettre de consacrer leurs ressources à la lutte contre la pandémie. Dans de nombreux cas, ces mesures nécessiteront une restructuration totale et équitable de la dette comprenant une réduction de la valeur actuelle nette de la dette qui soit suffisante pour rendre cette dernière viable à nouveau. Et ce, jusqu'à ce que la Banque mondiale et le FMI aient effectué une évaluation exhaustive de leurs besoins en reconstruction et en financement. Le Groupe de la Banque mondiale et le FMI sont disposés à travailler sans tarder avec les créanciers bilatéraux publics et avec d'autres organisations internationales en qualité de partenaires pour finaliser un processus avant la tenue des Réunions de printemps en avril, s'engage-t-il.