Entre le marteau de l'accompagnement de l'économie dans un contexte des plus hostiles et l'enclume du manque de visibilité, les banques sont aux aguets. La crise sanitaire ne les a pour autant pas empêché de réaliser à fin juin des résultats en progression. Dès le déclenchement de la crise et dans le sillage du confinement obligatoire au Maroc entamé le 20 mars 2020, nombreux sont les clients de banques qui se sont bousculés au portillon pour récupérer leurs dus. Personne ne savait de quoi demain sera fait. Le retrait massif de fonds s'est traduit purement et simplement par la hausse de la circulation de la monnaie fiduciaire et l'impact sur la liquidité bancaire et ce malgré les mesures prises par la Banque Centrale pour y remédier. Au cours du deuxième trimestre 2020, le besoin de liquidité des banques s'est accentué, comparativement au trimestre précédent, se situant en moyenne à près de 96 milliards de dirhams après 71,4 milliards au premier trimestre 2020. Dans un contexte pareil, les banques ont malgré tout affiché des indicateurs en amélioration comme en attestent les chiffres de certaines banques de la place. En ce qui concerne Bank of Africa, la banque a réalisé un produit net bancaire de 7 Mds de DH stable par rapport à juin 2019. L'encours des crédits à la clientèle a atteint 196 Mds de DH en hausse de 4,8% par rapport à fin 2019. Hors rachats, il marque une hausse de 2,9% à 178 Mds de DH. Au premier trimestre, le Résultat Net Part du Groupe (RNPG) enregistré est 123 MDH, intégrant, au prorata trimestriel, soit à hauteur de 250 MDH, sa contribution au Fonds spécial Covid-19 pour la gestion de la pandémie sanitaire. Le groupe a par ailleurs renforcé ses fonds propres suite notamment à l'augmentation de capital de 999 MDH par conversion optionnelle des dividendes. Exposé à la crise sanitaire conjuguée à une année de sécheresse, le Crédit Agricole du Maroc a pu tirer son épingle du jeu. L'encours des crédits distribués s'est élargi de 6,4% à 89 Mds de DH. Le produit net bancaire a progressé de 9% à 2,1 Mds de DH grâce au soutien de la marge d'intérêts et de la marge sur commissions. Il sied de rappeler que le groupe n'a pas lésiné sur les moyens pour accompagner le monde rural à surmonter la pente. Il a ainsi procédé à des opérations de report d'échéances pour alléger la situation de ses clients notamment les petits agriculteurs. Aussi, la banque verte a déployé son réseau pour la distribution des aides sociales en faveur des personnes impactées par la crise. Dans un récent communiqué sur les indicateurs d'activité du 2ème trimestre 2020, Attijariwafa bank prévoit une chute des bénéfices. « Le résultat net part du groupe est attendu en baisse importante au titre du premier semestre et de l'exercice complet 2020, en lien avec la détérioration significative du risque de crédit engendrée par la crise Covid-19 et le provisionnement anticipatif et prudent associé, conjugués à la contribution exceptionnelle au fonds spécial de gestion de la pandémie », prévient le top management. L'évolution du PNB est impactée négativement par le ralentissement général de l'activité résultant de la crise dans les différents pays de présence et positivement par certains éléments non récurrents plus particulièrement le bon comportement des activités de marché suite à la baisse des taux obligataires du Maroc. Les premiers indicateurs montrent que la banque a pu résister à la crise comme en témoigent les indicateurs publiés au titre du second trimestre. Concernant l'épargne collectée, celle-ci ressort en hausse de 5,9 % atteignant ainsi les 490,1 Mds de DH. Du côté du produit net bancaire (PNB), il s'est établi à 6,3 Mds de DH contre 5,8 Mds de DH enregistrés au deuxième trimestre d'un an auparavant. Pour le Crédit immobilier et hôtelier (CIH), le PNB consolidé évolue de 21,4% par rapport à T2 2019 et s'établit à 737,1 MDH. Le PNB cumulé au 30 juin 2020 ressort à 1.402,8 MDH, en progression de 17,4% suite notamment à l'amélioration de l'activité bancaire. Sur base consolidée, le total bilan ressort à 84,2 Mds de DH au 30 juin 2020, en amélioration de 12,1% par rapport à fin décembre 2019. Les dépôts clientèle s'établissent à 48,4 Mds de DH à fin 2020, en progression de 8,6% par rapport à fin 2019. Les crédits clientèle sont de 58,0 Mds de DH à fin juin 2020, en hausse de 9,2% par rapport à fin 2019. La BMCI a vu ses bénéfices semestriels se détériorer de 353 MDH à in juin 2019 à 56 MDH à fin juin 2020. Cette baisse tient compte de l'impact du don au fonds de gestion de la pandémie. En dehors de cet élément exceptionnel, les profits ressortent à 109 MDH. La banque a publié un coût du risque de 494 MDH à fin juin soit quasiment le triple comparé à la même période l'année dernière. Autre indicateur est la baisse des engagements par signature de 7,1% à 16 Mds de DH. Le PNB a atteint 1,6 Md de DH en hausse de 1,1%. Dire que l'année 2020 va se terminer sur une bonne note pour les banques serait hasardeux. L'évolution de la situation épidémiologique continue à faire planer le doute sur des pans entiers de l'économie. La corrélation entre la croissance économique et la rentabilité des banques est là pour nous rappeler qu'il faut garder les pieds sur terre et ne pas aller vite en besogne. Lire également : M. Benchaâboun : « Malgré la crise, les banques n'ont pas eu recours aux réserves en devises de l'Etat »