La capacité bénéficiaire du secteur bancaire a rebondi au premier semestre 2021, mais reste légèrement toujours en dessous du niveau d'avant crise (S1-2019). Ces résultats sont portés par la reprise de l'économie et la baisse marquée du coût du risque.
Par Y. Seddik
Si le premier semestre 2020 laisse encore le souvenir d'une saison désastreuse pour les banques, le premier semestre 2021, lui, ressort avec de nettes empreintes de reprise. Le secteur a en effet publié des résultats en forte hausse, faisant presque oublier la crise sanitaire qui avait plombé ses comptes il y a tout juste un an. Ces bonnes nouvelles s'expliquent à la fois par une baisse marquée du coût du risque et par des revenus qui progressent dans toutes les lignes de métier. Sur ces six premiers mois de l'année, l'ensemble du secteur a dégagé 6,12 milliards de DH de profits, avec de grosses variations portées principalement par un effet de base (la non-récurrence des dons Covid), mais aussi par un redressement vigoureux de l'activité. La première banque par la capitalisation, Attijariwafa bank, a affiché un résultat d'exploitation en augmentation de 30,1% pour s'établir à 5 milliards de DH, et ce grâce à une discipline confirmée en matière de contrôle des coûts (-16,5% ou +0,9% hors contribution au fonds Covid-19 au premier semestre 2020) et à la normalisation progressive du coût du risque (-37%). Résultat : le RNPG est ressorti à 2,6 milliards de DH contre 1,2 milliard de DH au premier semestre 2020 (2,9 milliards de DH en S1-2019), en croissance de 35,8%, corrigé de la contribution au fonds Covid19. Même topo chez BCP dont le RNPG s'est renforcé de 52,5% pour s'établir à 1,54 Md de DH. Reflétant l'amélioration des conditions macroéconomiques, le coût du risque s'est rétracté de 27,1% pour s'établir à 2,2 milliards de DH. Un niveau qui tient compte de la politique de provisionnement prudente du Groupe et des incertitudes qui continuent à planer sur la situation sanitaire aussi bien au Maroc qu'en Afrique subsaharienne. Les plus fortes progressions des bénéfices sont marquées par Crédit du Maroc et CIH Bank dont les résultats sont passés de 24 à 278 MDH et de 45,7 à 264,65 MDH respectivement. Le résultat net consolidé de BMCI s'est établi à 246 MDH à fin juin 2021 en progression de 340,9% par rapport à fin juin 2020. Toutefois, il faut noter que le niveau de profitabilité global dégagé lors de ce semestre est légèrement inférieur à celui du premier semestre 2019 (6,47 Mds de DH). Mais autant dire que les banques se sont très bien débrouillées ces six derniers mois. La dynamique commerciale dope le PNB du secteur Le produit net bancaire (PNB) global agrégé des 6 banques cotées pour le premier trimestre ressort à 34,21 Mds de DH. La reprise économique s'est en fait reflétée sur la structure du PNB des trois cadors du secteur. Ainsi, le PNB consolidé du Groupe AWB s'est élevé à 12,5 milliards de DH, en amélioration de 0,7% par rapport au premier semestre 2020, bénéficiant d'une dynamique commerciale positive en termes de collecte de l'épargne et de financement de l'économie, dans un contexte de reprise graduelle de l'activité économique dans les différents pays de présence. Ainsi, l'épargne collectée et les crédits consolidés se sont établis respectivement à 532,9 milliards de DH (+8,7%) et 342,0 milliards de DH (+3,6%). Du côté de la BCP, ce poste s'est apprécié de 1,5% à 10,2 milliards de DH, profitant essentiellement de l'évolution favorable de la marge d'intérêt (+2,7%), compte tenu de l'effet combiné de la reprise des crédits bruts (+4,7 milliards de DH) et de la dynamique de la collecte de dépôts (+10,6 milliards de DH) Bank of Africa, elle, a annoncé une hausse de 4% du PNB consolidé à 7,3 milliards DH à fin juin 2021. Les crédits consolidés sont en hausse de 2,3% à 179 milliards de DH. En face, les dépôts clientèle consolidés sont en évolution de 3% à 213 milliards de DH. CIH Bank a affiché, quant à elle, la plus forte progression des revenus. Son PNB consolidé s'est chiffré à 1,5 Md de DH, en accroissement de 7% par rapport à juin 2020. Cette évolution résulte principalement de la progression de la marge nette d'intérêt de 23,1%, sous l'effet de la croissance de l'activité commerciale.