Le 28 janvier 2020 Donald Trump avait lancé à Washington en présence de Netan Yahu hilare le plan de « paix » pour le Moyen-Orient. Ce plan unilatéral prévoit l'annexion par Israël des colonies implantées en Cisjordanie occupée et la vallée du Jourdain, ce qui représente 30% du territoire administré par l'Autorité palestinienne. Ce plan vient après la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël, ainsi que la souveraineté d'Israël sur le plateau syrien du Golan. Il mentionne également la création d'un Etat palestinien discontinu, démilitarisé et réduit à 70% de son territoire, avec le refus de Jérusalem-Est comme sa capitale. Le 20 Avril 2020, lors de la constitution du gouvernement israélien d'union entre Netan Yahu et Benny Gantz, l'annexion fait partie des clauses de l'accord de gouvernement. En Mai 2020, Netan Yahu annonce l'annexion de la vallée du Jourdain et une partie de la Cisjordanie pour le 1er Juillet 2020. Valeur aujourd'hui 6 Juillet 2020, Netan Yahu n'est pas passé à l'acte. La cause en est une réprobation unanime sur le plan extérieur et des divergences sur le plan intérieur. En effet, des divergences existent au sein du gouvernement israélien, une inquiétude est manifestée par les militaires et les services de sécurité, et une opposition des colons les plus radicaux qui sont contre la création de tout Etat palestinien. De son côté, l'Autorité palestinienne a décidé de cesser toute coopération sécuritaire avec Israël, et le 2 Juillet 2020 une réunion commune entre le Fatah et le Hamas a dénoncé l'annexion et la considère comme une déclaration de guerre. Il semble également que le soutien américain à l'annexion soit moins fort qu'au début de l'année 2020. Tout d'abord, Donald Trump concentre toute son énergie sur la prochaine campagne présidentielle de Novembre 2020, et n'a fait ainsi aucune déclaration récente de soutien à Israël. On sait qu'au niveau des élections présidentielles américaines, la politique étrangère ne joue qu'un rôle très réduit. Le Secrétaire d'Etat Pompeo a déclaré que la décision d'extension de leur territoire revient aux israéliens. La Russie et la Chine dont l'influence grandit au Moyen-Orient, ont condamné l'idée d'une annexion. La Ligue Arabe s'est alignée sur l'Autorité palestinienne avec une montée au créneau du Maroc, de la Jordanie, de l'Egypte et des Emirates Arabes Unis. Ces derniers ont même fait publier une tribune dans un grand journal israélien avertissent que « l'annexion serait un sérieux revers dans l'amélioration des relations d'Israël avec le monde arabe ». Au niveau de l'Europe, Boris Johnson exhorte Israël à ne pas annexer, de même que Jimmy Carter l'ancien président américain parrain des Accords de Camp David de 1978, ainsi que le Vatican. Au niveau de l'Union européenne, l'Allemagne et la France ont dénoncé une démarche unilatérale qui violerait le droit international. Plus grave est la crise profonde entre Netan Yahu et la communauté juive américaine qui vote à 70% pour les démocrates, et qui vit un vrai malaise avec le gouvernement actuel israélien, dont le Chef est jugé en ce moment pour corruption. On ne peut que se réjouir de cette réprobation quasi-unanime de la communauté internationale vis-à-vis du projet israélien d'annexion d'une partie de la Cisjordanie et de la vallée du Jourdain. On peut regretter cependant que ce ne sont que des condamnations verbales sans être accompagnées de sanctions. C'est le cas de l'Union européenne qui a sanctionné concrètement la Russie après l'annexion de la Crimée, alors qu'elle n'a annoncé aucune sanction contre Israël qui est un partenaire commercial important de l'Union. La seule solution au conflit israélo-palestinien est la création d'un Etat palestinien viable vivant côte à côte avec Israël avec comme capitale Jérusalem-Est. Pour y parvenir il faut prendre des sanctions contre Israël pour l'amener dans la voie de la paix et de la sécurité. Par Jawad KERDOUDI Président de l'IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)