La crise que traverse actuellement le secteur du tourisme laisse planer quelques zones d'incertitude et un manque réelle de visibilité. Cela signifie-t-il pour autant la fermeture d'unités touristiques et le départ notamment des opérateurs étrangers ? Nous avons recueilli le témoignage de quelques gestionnaires internationaux partenaires de Madaëf, filiale de CDG. La pandémie du Covid-19 a bouleversé le monde entier et fragilisé les secteurs que l'on croyait jusqu'à aujourd'hui solides et capables d'absorber les chocs comme c'est le cas du tourisme. Ce secteur qui draine des milliards de dollars chaque année s'est retrouvé du jour au lendemain en mode veille. Tout s'est arrêté d'un coup laissant les opérateurs du secteur dans l'expectative. Des milliers d'emplois sont aujourd'hui en suspend sans une réelle visibilité sur la reprise. Le Maroc, à l'instar du reste du monde, fait donc face à la mise en arrêt des moteurs de l'une des locomotives de la croissance économique. L'impact financier de cette situation n'est certes pas encore quantifié toutefois l'on sait d'avance que les conséquences vont être très lourdes. Mais cela signifie-t-il pour autant la fermeture d'unités touristiques ? Des rumeurs relatives à la baisse des rideaux ou la mise en vente d'unités touristiques à Agadir, par exemple, se sont propagées comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Elles dressent un tableau chaotique où la plupart des hôteliers ont fait faillite, où des institutions cherchent à liquider les hôtels en leur possession ou encore que des groupes internationaux vont carrément quitter le Maroc. Pour l'instant la seule information fiable, et qui ne figurait pas parmi les rumeurs, celle du fin du contrat de location de Sofitel Agadir Royal Bay, arrivant à échéance le 30 juin 2020, par Risma. Les rumeurs ont rapidement été démenties par le Conseil national du tourisme d'Agadir. Ce dernier n'a pas nié les difficultés que traverse le secteur en ce moment. D'ailleurs, nombreux sont les hôtels de la ville du Souss qui, bien avant la pandémie, souffrent de sérieux problèmes financiers. Toutefois, il a affirmé que plusieurs hôtels profitent de ce contexte pour rénover et faire des travaux afin de se préparer à accueillir la saison estivale. Madaëf au chevet de ses partenaires Aussi parmi les rumeurs relayées, le retrait du groupe Club Med et la restitution de l'hôtel à son propriétaire à savoir la CDG. Une information qui nous a été démentie par une source sûre au sein de la Caisse. Nous en avons profité pour prendre le pouls de l'activité touristique gérée par, Madaëf, société de l'investissement touristique, filiale de CDG. Nous avons appris que malgré la morosité de la conjoncture et l'arrêt total des activités, Madaëf a maintenu la totalité des emplois au sein de ses actifs. Une bouffée d'oxygène pour les partenaires internationaux de la filiale CDG notamment Marriott, Accor, Club Med, Hyatt, Hilton, Globalia... Ces opérateurs internationaux qui gèrent plus de 22.000 lits à moyen terme en possession de Madaëf, ont pu garder des milliers d'emplois et surtout garder le moral pour se préparer à la reprise. Rappelons également qu'outre le développement et l'exploitation hôtelière, Madaëf est également opérateur ou actionnaire de référence des 3 stations Azur les plus avancées (Taghazout, Saidia et Mazagan), en plus d'autres activités liées à l'animation touristique (aquaparc, parcours de golf, etc.). « L'hôtel est en phase de pré ouverture. Cette période se trouve désormais prolongée du fait du Covid-19. Je tiens à rappeler que Hyatt opère au Maroc avec 3 hôtels dont deux avec Madaëf, filiale de la CDG (y compris le Hyatt regency Tagahzout qui ouvrira ses portes en 2020). Grâce à un partenariat solide, Madaëf en tant que propriétaire a veillé à soutenir les employés de l'hôtel en versant la totalité de leur salaire et charges mensuels », nous a précisé Pascal Leprou Directeur général de l'hôtel Hyatt Regency Taghazout. Et d'ajouter que Haytt croit en la destination Maroc et à la force de Taghazout. Preuve en est, le groupe continue de chercher des opportunités pour accroître son portefeuille au Maroc. « Hyatt a mis en place toutes les mesures sanitaires nécessaires pour accueillir ses clients dès que l'hôtel de Taghazout sera ouvert », affirme son DG. Même son de cloche du côté du Directeur général de l'Hôtel Marriott Fès, Mustapha Itani, qui confirme le maintien de la totalité des salaires du personnel tout au long de cette crise par Madaëf. « Marriott opère 2 hôtels avec Madaëf (Le Marriott Jnane Palace Fès et Le Méridien N'fis Marrakech) et prévoit l'ouverture prochaine de nouvelles unités notamment le Marriott Rabat et le Marriott Taghazout », a-t-il précisé. Il affirme également que les hôtels Marriott se préparent en mettant en place les mesures sanitaires nécessaires pour recevoir les clients. « Marriott souhaite consolider ses marques au Maroc et faire du pays une destination majeure pour ses développements », précise le DG de Marriott. Un peu plus au Nord et plus précisément à Fnideq, Slimane Abdelali, Directeur Administratif & Financier et Directeur Général par Intérim Banyan Tree Tamouda Bay affirme que l'intervention de Madaëf a permis la préservation de la totalité des salaires du personnel tout au long de cette période de crise. « Nos hôtels et Ryads sont opérationnels et ont mis en place les mesures sanitaires les plus appropriés et attendent avec impatience le retour des clients. Banyan Tree ambitionne de faire de son Resort de Tamuda Bay le fer de lance de la marque au Maroc et en Afrique », a-t-il précisé.
Cela dit, dans ce contexte de crise marqué par un manque de visibilité, les opérateurs touristiques doivent garder la tête froide et cogiter un plan de reprise.