Deux bonnes nouvelles ont marqué la semaine du 20/04 au 26/04. La première : les rétablissements (593 cumulés dont 226 nouveaux) distancent de plus en plus vite les décès (161 cumulés dont 20 nouveaux). La deuxième : le nombre de nouveaux testés positifs marque une stagnation quasiment inédite (1'210 face à 1'194 la semaine du 6-12/4) bien que le nombre de nouveaux tests ait presque doublé (12'276 face à 6'519 la semaine du 6-12/4) et malgré la découverte de plusieurs foyers épidémiques dans des prisons et des zones d'activités professionnelles. Les sources des données utilisées sont officielles, quoiqu'elles aient été indirectement collectées sur un site encyclopédique[i] quotidiennement tenu à jour avec les chiffres provenant du Ministère de la Santé du Maroc. L'évolution des tests réalisés chaque semaine (bleu clair) ainsi que celle de leur total (bleu roi) sont montrées en Figure 1. Sans doute les tests sélectifs permettent-ils d'épargner les ressources humaines et matérielles disponibles et les chiffres illustrent parfaitement le fait que les tests ne sont faits (pour l'instant seulement ?) que sur les cas « fortement suspects« . Nous n'en avons peut-être pas les moyens mais sommes encore loin des campagnes de tests massifs réalisés par d'autres pays. Le nombre de nouveaux tests hebdomadaires effectués est passé de 6'519 à 12'276, ceci signifie que les cas « fortement suspects » ont presque doublé en une semaine (alors qu'ils n'avaient augmenté que de 73% la semaine du 13-19/4). Il est possible que l'on continue à tester les mêmes profils symptomatiques mais que pendant la semaine du 20-26/4, il y aurait eu découverte de quelques foyers épidémiques découverte de nouveaux foyers épidémiques qui auraient nécessité une augmentation du nombre de tests. La Figure 2 montre l'évolution des tests positifs, des décès des personnes testées positives, des rétablissements et de ceux en soin de chaque semaine (les nouveaux à gauche et le cumul à droite). Avant d'atteindre sa valeur d'aujourd'hui (5 par an pour 1'000 habitants soit près de 3'450 décès par semaine[ii]) le taux de mortalité brut du Maroc a mis soixante ans pour ne décroitre que d'un facteur 4, c'est pourquoi ce n'est pas le nombre de morts qui fait peur mais sa croissance dans le temps qui aurait pu atteindre 3'450 décès par semaine en 6 semaines si la vitesse ne ralentissait pas[iii]. Le nombre de nouveaux testés positifs s'est quasiment stabilisé (1'210 face à 1'194 la semaine du 6-12/4) alors que la semaine précédente il avait presque doublé (1'194 face à 640 la semaine du 30/3-5/4) et ceci malgré la nouvelle découverte de quelques foyers épidémiques à dans des prisons et des zones d'activités professionnelles qui auraient contribué à augmenter le nombre de cas positifs. Sans insister sur les autres chiffres et de leur cumul qui sont eux aussi montrés sur la Figure 2, notons toutefois que 924 nouveaux infectés sont entrés en soin la semaine du 20-26/4 en en augmentant le nombre de 38% le portant à 3'311. Come nous le craignons à la fin de la septième semaine[iv], ce nombre a dépassé la capacité d'accueil en lits spécifiquement mis en service pour COVID-19 (3'000) mais heureusement qu'une partie des personnes infectées ne nécessitent qu'un isolement sans hospitalisation. Il ne faudrait surtout pas que cela mette les médecins devant de graves choix de priorité des patients à traiter. Nous allons aussi commenter quelques pourcentages intéressants montrés dans la Figure 3. Au stade actuel, la Figure 3 combinée aux autres informations enseignent les choses suivantes : * Les statistiques actuelles du Maroc indiquent que les porteurs de COVID-19 ont une chance sur 25 d'en mourir (4.0%), en moyenne et abstraction faite de toute faiblesse qui causerait une aggravation de ce risque. Toutefois, ce taux de décès de tous les testés positifs décroît même à l'échelle journalière, comme montré par la courbe rouge dans le graphique de droite de la Figure 3. * Dès lors que vous avez suffisamment de symptômes pour que les protocoles hospitaliers vous considèrent comme « fortement suspect« , vous avez : o environ 1 chance sur 7 d'être porteur de COVID-19 (14.8%), mais, ce qui s'est confirmé durant ce dernier mois, ce chiffre hebdomadaire décroît régulièrement depuis la première semaine d'avril (de 21.1 à 14.8%), et ceci est confirmé même à l'échelle journalière comme montré par la courbe verte dans le graphique de droite de la Figure 3, o environ 1 chance sur 170 d'en mourir (0.59%), ce chiffre aurait, lui aussi, une tendance à baisser depuis la première semaine d'avril (de 1.44 à 0.59%). * Le pourcentage des personnes testées positives chaque jour a une évolution certes erratique mais aussi tendanciellement baissière depuis fin mars, comme montré par le haut de la Figure 4. Ceci, malgré la hausse tendancielle du nombre de tests journaliers. Une extrapolation linéaire du taux de ce dernier mois mènerait à un taux de positivité théorique nul aux environs du 25 mai 2020. Doit-on rappeler que même sans n'en avoir aucun symptôme, on peut être porteur de COVID-19 et le transmettre aux personnes approchées sans précautions, or, à l'instar de beaucoup d'autres pays, le Maroc n'a aucune connaissance du nombre réel de personnes infectées. Les bonnes nouvelles de ce deuxième mois après le début de l'infection ne sont là que parce le confinement a rendu difficile la transmission du virus. Les chercheurs nous répètent que la peau de ce virus est faite d'une huile qui est diluée par les savons, qu'il se transmet à la bouche, au nez et aux yeux par les postillons qui, sans projection (toux), se projettent à moins d'un mètre tout en sachant qu'il ne dure pas plus de quelques heures sur une surface inerte. En comprenant bien ceci, on saura ce qu'il reste à faire si l'on veut éviter de s'exposer au risque de mortalité et on passera sereinement cette période de confinement. « Sortir du hammam n'est pas aussi simple que d'y rentrer » dit le dicton marocain mais on trouvera bien comment en sortir puisque le proverbe ne dit pas que c'est impossible ! Par Amin BENNOUNA [email protected] [i] Wikipédia, L'encyclopédie libre, « Pandémie de maladie à coronavirus de 2020 au Maroc« , https://fr.wikipedia.org/wiki/Pand%C3%A9mie_de_maladie_%C3%A0_coronavirus_de_2020_au_Maroc [ii] Université de Sherbrooke, Ecole de Politique Appliquée, « Perspective monde« , http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/MAR/fr/SP.DYN.CDRT.IN.html [iii] Amin BENNOUNA, « Comparaison de l'évolution de l'épidémie COVID19 au Maroc avec l'Italie, l'Espagne et la France« , https://www.researchgate.net/publication/340574900_Comparaison_de_l'evolution_de_l'epidemie_COVID19_au_Maroc_avec_l'Italie_l'Espagne_et_la_France [iv] Amin BENNOUNA, « Sept semaines de COVID-19 au Maroc », Ecoatcu, 20 Avril 2020, https://www.ecoactu.ma/sept-semaines-de-covid-19/