Enfin une bonne nouvelle ! La semaine du 06/04 au 12/04 a été marquée par un fait important : après avoir rivalisé avec le nombre total de décès la semaine dernière (76-70), le total des rétablissements a enfin nettement dépassé le total des décès (177-118). Les sources des données utilisées sont officielles, quoiqu'elles aient été indirectement collectées sur un site encyclopédique[i] quotidiennement tenu à jour avec les chiffres provenant de notre Ministère de la Santé. Depuis que ce vilain COVID-19 a été introduit chez nous par un compatriote naturalisé italien arrivé d'Italie, seulement six semaines complètes se sont écoulées et on ne peut donc obtenir que 6 chiffres hebdomadaires mais l'avantage d'intégrer les chiffres à l'échelle de la semaine : * ils lissent les fluctuations journalières qui peuvent stimuler des optimismes ou pessimismes injustifiés, les croissances et les décroissances y sont plus continues qu'avec le journalier, * ils sont compatibles avec la durée d'incubation de COVID-19 qui s'étalerait 3 jours et 2 semaines, * ils sont plutôt rares car la pression du public a plutôt tendance à exiger le temps réel quotidien. L'évolution des tests réalisés chaque semaine (bleu clair) ainsi que celle de leur total (bleu roi) sont montrées en Figure 1. Sans doute les tests sélectifs permettent-ils d'épargner les ressources humaines et matérielles disponibles et les chiffres illustrent parfaitement le fait que les tests ne sont faits (pour l'instant seulement ?) que sur les cas que je désignerais par « fortement suspects« . Nous n'en avons peut-être pas les moyens mais sommes encore très loin de campagnes de tests massifs. Le nombre de nouveaux tests effectués est passé de 2575 à 3756, ceci signifie que les cas « fortement suspects » n'ont augmenté « que » de 46% en une semaine (57% la semaine dernière après une multiplication par 4 la semaine précédente). On ne sait pas si l'on teste encore les mêmes profils de symptomatiques ou si ceux-ci ont changé. La Figure 2 montre l'évolution des tests positifs, des décès des tests positifs, des rétablissements et de ceux en soin de chaque semaine (les nouveaux à gauche et le cumul à droite). Avec de tels chiffres, on comprend pourquoi il ne faut pas tomber dans le piège du nombre de morts actuels qui reste encore très faible comparés aux 3'400 personnes (calculé d'après[i]) qui décèdent en moyenne par semaine au Maroc. En effet, avant d'atteindre sa valeur d'aujourd'hui (5 par an pour 1'000 habitants2) le taux de mortalité brut du Maroc a mis soixante ans pour décroitre d'un facteur 4 alors qu'en multipliant les nouveaux décès par 48 en quatre semaines au Maroc, la mortalité par COVID-19 pourrait atteindre les mêmes valeurs hebdomadaires en pas plus 60 jours ! Heureusement que la vitesse devrait ralentir à partir de la dernière semaine d'avril[iii]. Sans insister sur les chiffres du nombre de cas avérés et de leur cumul qui sont eux aussi montrés sur la Figure 2, notons toutefois que 491 nouveaux infectés sont entrés en soin la semaine en en augmentant le nombre de 13% en le portant à 1'366. Il semble que la capacité d'accueil actuelle est de 1'400 lits et que l'on l'aurait portée à 3'000, il n'y aurait donc pas (encore ?) de saturation. Mais avec une multiplication par 156% toutes les semaines, il n'est pas impossible que le nombre de patients en soin atteigne 3'300 le dimanche 16. Nous allons aussi commenter les quelques pourcentages intéressants qu'on en déduit en Figure 3. Au stade actuel, la Figure 3 combinée les autres chiffres du Maroc enseignent les choses suivantes : * Même sans avoir aucun symptôme, vous pouvez être porteur de COVID-19 et le transmettre aux personnes que vous approchez sans précautions, et, à l'instar de beaucoup d'autres pays, le Maroc n'a aucune connaissance du nombre réel de personnes infectées. Toutefois, les statistiques actuelles du Maroc indiquent que les porteurs de COVID-19 ont, une chance sur 15 d'en mourir (6.9%), en moyenne et abstraction faite de toute cause d'aggravation de ce risque. * Dès lors que vous avez suffisamment de symptômes pour que les protocoles hospitaliers vous considèrent comme « fortement suspect » : o vous avez environ 1 chance sur 5 d'être porteur de COVID-19 (20%), ce chiffre est stable. o vous avez environ 1 chance sur 70 d'en mourir (1.4%), ce chiffre tendrait à se stabiliser. Les chercheurs nous répètent que la peau de ce virus est faite d'une huile qui est diluée par les savons, qu'il se transmet par les postillons qui, normalement, se projette à moins d'un mètre et qu'il ne dure pas plus de 3 heures sur une surface inerte. En comprenant ces informations, on saura ce qu'il reste à faire si l'on veut éviter de s'exposer au risque de mortalité et on passera sereinement cette période de confinement. Par Amine Bennouna [email protected] [1] Wikipédia, L'encyclopédie libre, « Pandémie de maladie à coronavirus de 2020 au Maroc« , https://fr.wikipedia.org/wiki/Pand%C3%A9mie_de_maladie_%C3%A0_coronavirus_de_2020_au_Maroc [1] Université de Sherbrooke, Ecole de Politique Appliquée, « Perspective monde« , http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/MAR/fr/SP.DYN.CDRT.IN.html [1] Amin BENNOUNA, « Comparaison de l'évolution de l'épidémie COVID19 au Maroc avec l'Italie, l'Espagne et la France« , https://www.researchgate.net/publication/340574900_Comparaison_de_l'evolution_de_l'epidemie_COVID19_au_Maroc_avec_l'Italie_l'Espagne_et_la_France