Au vu des préoccupations relatives à la situation politique et à la sécurité au Liban et en Tunisie, du ralentissement de l'activité du secteur agricole au Maroc et du retard pris dans l'application des réformes en Jordanie, la BERD a revu à la baisse ses prévisions de croissance économique dans la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (région SEMED). L'Egypte, en revanche, devrait voir la croissance vigoureuse qu'elle connaît déjà se poursuivre sur un rythme soutenu cette année et l'année prochaine. Dans ses toutes dernières Perspectives économiques régionales, la BERD table sur une croissance de la région SEMED de 4,4 % en 2019 et de 4,8 % en 2020, contre 4,3 % en 2018. Ces nouvelles prévisions constituent une révision à la baisse de 0,2 et 0,3 points, respectivement, par rapport à celles de mai dernier. La croissance sera soutenue l'an prochain par le redémarrage de ses moteurs classiques, une augmentation des exportations, la mise en place de réformes créant des conditions d'activité favorables aux investissements directs étrangers et une moindre incertitude politique, au niveau national comme régional. À moyen terme, elle devrait cependant rester plus faible que pendant la période ayant précédé 2011. En Egypte, l'économie devrait croître de 5,9 % au cours de l'exercice fiscal 2019-20, contre 5,6 % pendant l'exercice précédent, grâce à la poursuite du renforcement du secteur du tourisme et des exportations, ainsi que sous l'impulsion de grands chantiers publics. Le retour des investisseurs privés nationaux et étrangers, après les récentes baisses des taux d'intérêt, et la poursuite de la mise en œuvre de réformes propices aux activités des entreprises et de politiques macroéconomiques prudentes devraient également avoir un effet positif. Principaux risques susceptibles de remettre en question ces perspectives : l'attitude des investisseurs étrangers, qui pourraient choisir d'attendre de voir l'évolution de la situation ; une baisse de la compétitivité après la récente appréciation de la livre ; ou encore les conséquences négatives de la stagnation de l'activité dans l'Union européenne, premier partenaire commercial de l'Egypte. Ces risques sont partiellement atténués par la volonté des autorités de mettre en œuvre des réformes structurelles. En Jordanie, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait rester modeste, à 2,1 % en 2019 et 2,3 % en 2020. Parmi les facteurs positifs : des investissements locaux et étrangers en hausse, une baisse du coût de l'énergie importée, une progression du financement accordé aux petites entreprises et une confiance accrue à la suite des promesses faites lors d'une conférence sur l'investissement en Jordanie, qui s'est tenue à Londres en 2019. Les risques portent notamment sur une possible érosion de la compétitivité réelle en raison du renforcement du dinar, la lenteur de la mise en œuvre des réformes et l'instabilité qui prévaut dans la région. L'économie libanaise devrait stagner en 2019 et se contracter en 2020. Les risques susceptibles d'entraîner une révision à la baisse de ces perspectives sont considérables. Ils sont dus à l'instabilité dans le pays et aux récents troubles sociaux, qui compromettent la mise en œuvre dans les délais des réformes fiscales, énergétiques et structurelles dont le Liban a absolument besoin. La BERD prévoit une croissance de 0,2 % cette année, comme l'an dernier, et un ralentissement de 0,2 % en 2020. Le PIB du Maroc devrait augmenter de 2,7 % en 2019, en baisse par rapport aux 3,0 % enregistrés en 2018. La croissance devrait se renforcer à 3,3 % en 2020, sous l'effet du dynamisme du secteur non agricole – en particulier dans l'industrie extractive, l'automobile et l'aéronautique –, d'un redémarrage de l'agriculture, de la poursuite de la reprise du tourisme, de l'amélioration de la gestion fiscale et d'un accroissement des investissements directs étrangers. Les risques menaçant cette reprise concernent notamment une chute de la croissance en Europe, une baisse des prix des produits de base, une montée du mécontentement social et la vulnérabilité de la production agricole face aux conditions météorologiques et à l'évolution des prix. En Tunisie, la croissance devrait ralentir aux alentours de 1,5 % en 2019, contre 2,5 % en 2018, en raison des retards pris dans la mise en œuvre des réformes structurelles lors des mois qui ont précédé les élections présidentielles et législatives de cette année. Le nouveau rapport prévoit un retour de la confiance des investisseurs étrangers et une reprise de la dynamique réformatrice en Tunisie en 2020, une fois les élections passées, débouchant sur une hausse de la croissance économique, qui devrait atteindre 2,6 %. Les risques sont liés à l'éventualité de perturbations de la production par des mouvements de protestation socio-économiques et à la lenteur de la mise en place des réformes, sur fond de nouvelle structure politique et de baisse de la croissance en Europe. Le rapport de la BERD indique que le rythme de la croissance dans les économies émergentes de l'ensemble de ses régions d'opérations est en train de marquer le pas, du fait de perspectives économiques mondiales plus faibles, de la pression exercée par le ralentissement de la croissance dans la Zone Euro et en Chine, des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et d'une baisse mondiale de la production automobile. Selon ses auteurs, la décélération de la croissance économique dans les régions d'opérations de la BERD cette année reflète également la faiblesse dont continue de faire preuve l'économie turque et un ralentissement de l'activité en Russie. La BERD prévoit une croissance moyenne de 2,4 % en 2019 pour l'ensemble des économies où elle est présente, contre 3,4 % en 2018. Elle table sur une reprise en 2020, à 2,9 %, révisant ainsi légèrement à la baisse ses prévisions précédentes (3,0 % prévus en mai dernier). Ce chiffre reste clairement inférieur au taux de croissance de 3,8 % enregistré en 2017.