Les mutations économiques, technologiques et réglementaires se traduisent en continu par de nouveaux risques pour les entreprises. D'année en année, la liste des risques ne fait que s'allonger et met les entreprises devant la nécessité de s'assurer pour sauver leur pérennité. Malheureusement peu d'entreprises marocaines accordent une importance à la gestion des risques. A l'occasion des matinales de Upline Courtage organisées récemment, Amine Diouri responsable Etudes & Communication chez Inforisk, spécialiste du renseignement commercial sur les entreprises marocaines et maghrébines (Maroc, Algérie et Tunisie) a rappelé l'importance de la gestion des risques tout en analysant ceux nouveaux qui guettent l'entreprise. Il cite à cet égard les risques technologiques, les risques de marché, ceux réglementaire et environnemental... des risques qui ont pour contreparties le retard de paiement, le défaut de paiement voire même la défaillance. Bien que nous assistions à un léger recul de défaillances, soit 0,9% au courant de l'année 2018 (7.944 vs 8.020), l'année 2019 risque d'être marquée par la baisse à cause des vents contraires qui vont souffler de l'Europe, notre principal partenaire. « 40% des défaillances sont dues à des retards de paiement et à des impayés », rappele Diouri chaque fois que l'occasion se présente. Source : Inforisk Retards de paiement : Aucune amélioration en 2018 En matière de retards de paiement, l'étude élaborée par Inforisk révèle qu'au terme de l'année 2018, les retards de paiement chez les TPE ont atteint 264 jours, soit une hausse de 3 jours par rapport à 2016. Chez les PME, les délais de paiement ont atteint 133 jours (4,5 mois), un niveau stable par rapport à 2016. Il ressort également de la même étude que les grandes entreprises GE sont logées à la même enseigne et souffrent d'un retard de paiement de 98 jours. Globalement, les crédits interentreprises ont atteint 423 Mds de DH au terme de l'année 2018 contre 395 mds de DH en 2016. Aussi, il ressort de la même source que le Commerce, l'Immobilier et le BTP sont les principaux secteurs à risque. Faut-il rappeler que la loi 49-15 (portant réforme de la loi 32-10) entrée en vigueur depuis septembre 2017 qui stipule l'application d'un délai de 60 jours avec la possibilité de conclure des conventions sectorielles prévoyant des délais spécifiques, n'est toujours pas appliquée convenablement. Les motifs d'impayés sont diversifiés mais le plus pesant et le prépondérant est la mauvaise évaluation du risque de crédit essentiellement lorsqu'il s'agit d'un gros client. Cette mauvaise évaluation conduit souvent à une défaillance de la contrepartie dont la TPME est la principale victime. Comment y remédier ? Pour se prémunir et se protéger ? L'entreprise est appelée à adopter l'une des principales solutions (Risk management, factoring, assurance-crédit, renseignement commercial) qui présentent des avantages mais dont le coût reste inaccessible pour les PME piégées justement dans le cercle vicieux des impayés. Dans un contexte empreint d'une morosité économique, l'analyse financière de la contrepartie revêt une grande importance parce qu'elle permet l'anticipation voire la prévention des risques. Elle permet de vérifier la solvabilité d'une entreprise, de la situer dans son secteur d'activité... et, partant elle dégage des ratios et des scores qui aident l'entreprise dans la prise de décision. Une fois par an, l'entreprise pour se protéger et assurer sa survie est appelée à faire appel à l'analyse financière de ses clients et ceux potentiels. L'idée de modéliser le risque de défaillances d'entreprises est judicieuse et même nécessaire. « C'est pour cela que nous proposons à nos clients sur notre plateforme un score de défaillance, qui prédit le risque de défaillance (redressement ou liquidation judiciaire) à un horizon de 3 ans » avait annoncé Amine Diouri dans une interview accordée à Ecoactu. Et d'ajouter : « Pour pouvoir le faire, il faut disposer d'un large échantillon d'entreprises défaillantes et analyser différents critères quantitatifs (bilans sur les 3 derniers exercices) et qualitatifs (secteurs d'activité, ancienneté de l'entreprises...) pour faire ressortir les critères les plus discriminants ». Aujourd'hui et malgré les efforts déployés, très peu d'entreprises marocaines accordent une importance à la gestion des risques. Hormis les banques ou les grandes entreprises qui ont un « Risk Manager » qui s'occupe de la gestion du poste client, les PME et les TPE n'y voient même pas l'intérêt. Rendre l'assurance-crédit obligatoire pourrait être la panacée à la problématique des défaillances. Lire également : DELAIS DE PAIEMENT : POT DE TERRE CONTRE POT DE FER