Presque un an après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, un sommet UE-Ukraine se tient à Kiev ce vendredi. « Le seul fait qu'on tienne un sommet dans un pays en guerre envoie un très fort signal », estimait mercredi un diplomate européen. La réunion intervient quelques jours après le feu vert des Occidentaux à la livraison à l'armée ukrainienne de chars lourds extraits de leur arsenal. L'Union européenne, représentée par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil, Charles Michel, souhaite aborder avec le président Volodymyr Zelensky et son équipe quatre grands thèmes : le processus d'intégration de l'Ukraine à l'UE, la réponse à la guerre, la reconstruction et la sécurité alimentaire mondiale. Le premier sera le plus difficile. En juin, les Vingt-Sept ont accordé en un temps record le statut de candidat à l'Ukraine et à sa voisine la Moldavie. Depuis, Kiev rêve d'une procédure accélérée, « fast track », qui lui épargnerait les longues années de mise à niveau juridique et réglementaire que les autres candidats traversent. Des voix, au Parlement européen ou dans les parlements nationaux, appellent à fixer une échéance concrète pour une adhésion. Selon Pieyre-Alexandre Anglade, président de la commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale, « 2030 serait un bon horizon à donner à l'Ukraine et à la Moldavie, à condition que l'UE se réforme d'ici là à partir du résultat de la Convention sur l'avenir de l'Europe et que l'Ukraine adopte les mesures nécessaires ». Au sein des Vingt-Sept, les pays Baltes et la Pologne militent de leur côté pour une adhésion très rapide. Mais leurs partenaires européens souhaitent conserver une approche traditionnelle, conditionnée aux réformes demandées par la Commission. Les deux dirigeants européens, ce vendredi à Kiev, devraient insister sur le long chemin à parcourir. Opération mains propres Bruxelles a prévu de publier un rapport d'évaluation au printemps, puis un deuxième à l'automne. L'adhésion de l'Ukraine, un pays plus peuplé que la Pologne et plus étendu que la France, changerait le visage de l'UE. Le gouvernement ukrainien cherche donc à donner des gages sur sa détermination à changer le pays. Mercredi a été lancée une vague de perquisitions visant administrations, fonctionnaires et personnalités. Présente à Kiev dès jeudi, Ursula von der Leyen s'est dite « rassurée de voir les organismes anticorruption en alerte et détectant rapidement les cas de corruption ». (Avec lesechos.fr)