Le HCP a publié le Budget Economique Prévisionnel 2023 qui révèle une nette décélération de la croissance économique nationale en 2022 sous l'effet conjugué de la sécheresse et de l'inflation importée. L'économie nationale en 2022 aurait été impactée principalement par la sécheresse accusant une forte baisse du secteur primaire. De plus, les répercussions de la guerre en Ukraine notamment l'envolée spectaculaire des prix à l'échelle internationale, auraient freiné le rétablissement des activités non agricoles amorcé en 2021, aggravé fortement le déficit de la balance commerciale nationale et alourdi les charges de compensation en 2022. L'activité agricole aurait affiché une baisse significative de la production céréalière durant la campagne agricole 2021/2022, imputable au déficit pluviométrique. Ainsi, et en dépit de la bonne performance des cultures printanières et de l'activité de l'élevage, bénéficiant des précipitations tardives enregistrées aux mois de mars et avril, la valeur ajoutée agricole hors pêche aurait affiché un repli de 15,2% en 2022 au lieu d'une hausse de 17,8% enregistrée en 2021. De son côté, le secteur de la pêche maritime aurait affiché une tendance baissière durant l'année 2022 accusant un repli de plus de 21,4% de sa valeur ajoutée après une progression de 12,7% enregistrée en 2021. Ainsi, la valeur ajoutée du secteur primaire aurait baissé de 15,6% après une hausse de 17,6% en 2021, contribuant ainsi négativement à la croissance du Produit Intérieur Brut de 1,9 point. Les activités non agricoles auraient enregistré une baisse de leur rythme de croissance, passant de 6,6% en 2021 à 3,4% en 2022, suite notamment aux contreperformances des activités secondaires. Les industries de transformation auraient ralenti à 1,3% en 2022 au lieu de 6,1% en 2021, impactées par la flambée des prix des matières premières et des demi-produits, ainsi que par la baisse du rythme de croissance de la demande extérieure. La valeur ajoutée des industries chimiques aurait poursuivi sa tendance baissière pour la deuxième année consécutive, passant de -1,7% en 2021 à – 4,2% en 2022. A l'exception des industries pharmaceutiques qui auraient enregistré une amélioration de près de 10%, les autres industries auraient connu un ralentissement de leurs activités. Par ailleurs, les activités du secteur automobile auraient maintenu un rythme de croissance soutenu, tirées principalement par la bonne dynamique de la demande extérieure. L'activité du secteur minier aurait affiché une valeur ajoutée en baisse de près de 8,4% en 2022 contre une légère hausse de 0,9% en 2021, reflétant le repli de la production du phosphate roche, suite à l'affaiblissement de la demande extérieure et celles des industries de transformation locales. Le secteur du BTP aurait connu également un fléchissement de 0,4% en 2022 après une croissance soutenue de 10,3% enregistrée durant l'année 2021. Les répercussions de la flambée des cours des matériaux et des équipements de construction, auraient nettement impacté l'offre immobilière. De même, la demande en logements résidentiels aurait pâti de la dégradation du pouvoir d'achat des ménages en 2022 en l'absence des mesures incitatives. Dans ces conditions, le secteur secondaire aurait dégagé une valeur ajoutée en nette décélération à près de 0,4% en 2022 au lieu d'une hausse de 6,8% enregistrée en 2021, contribuant de 0,1 point seulement à la croissance du PIB au lieu de 1,8 point une année auparavant. Les activités tertiaires auraient bénéficié de la reprise des secteurs du tourisme et du transport suite à la levée des restrictions de déplacement, au renforcement des dessertes aériennes et à la reprise de l'opération Marhaba 2022. Les principaux baromètres de l'activité touristique, notamment les recettes et les arrivées, auraient affiché un rattrapage de leur performance enregistrée en 2019. Les services du transport auraient continué de progresser en 2022 profitant du fort accroissement du trafic aérien des passagers. Néanmoins, les activités du commerce et autres services auraient été pénalisées par la contreperformance des activités primaires et par la hausse générale des prix. De leur côté, les services non marchands auraient continué d'afficher une croissance soutenue de près de 4,8% en 2022 après 4,1% enregistrée en 2021, suite à l'accroissement des dépenses du personnel de l'administration publique. Eu égard à ces évolutions, le secteur tertiaire aurait affiché un accroissement de 5,3% en 2022 contre 6,4% enregistrée en 2021, contribuant ainsi à la croissance du PIB de 2,7 points au lieu de 3,4 points en 2021. Dans ces conditions, et compte tenu de l'évolution de 3,2% des impôts et taxes sur produits nets de subventions, la croissance économique nationale aurait ralenti à 1,3% en 2022 après le rebond de 7,9% enregistré en 2021. Concernant l'évolution des prix intérieurs, la flambée des cours des matières premières notamment des produits énergétiques et alimentaires au niveau international, aurait contribué à l'accentuation de l'inflation importée en 2022. De ce fait, le niveau général des prix mesuré par le déflateur du PIB se serait accéléré pour atteindre 5,0% en 2022 après 3,2% enregistré en 2021. L'inflation mesurée par l'évolution de l'indice des prix à la consommation aurait connu une hausse remarquable de 6,7% en 2022 au lieu de de 1,6% en moyenne durant la période 2015-2020. Dans ce contexte de ralentissement de la croissance économique, et suite à la baisse du taux d'activité et des postes générés par les activités tertiaires qui auraient compensé les pertes enregistrées au niveau des secteurs du BTP et de l'agriculture, le taux de chômage au niveau national aurait légèrement baissé pour atteindre 11,6% en 2022, soit une diminution de 0,6 points par rapport à son niveau enregistré en 2021.