Le Ministère de l'Economie et des Finances, en partenariat avec l'Association pour la Fondation Internationale de Finances Publiques (FONDAFIP) et avec le soutien de la Revue Française de Finances Publiques (RFFP), organise les 16 et 17 Décembre 2022 au siège de la Trésorerie Générale du Royaume (TGR), la Quinzième édition du Colloque International des Finances Publiques sous le thème « Quel modèle de gouvernance des finances publiques dans un monde de multi-crises ? ». Un rendez-vous annuel tant attendu qui aborde des thématiques pertinentes en phase avec le contexte de chaque édition. « Le thème de cette année fait écho au contexte de crises multiples que connaît le monde. En effet, la crise due à la Covid-19 et le conflit en Ukraine, qui lui a succédé, ont fortement affecté l'économie mondiale et ne lui ont pas laissé le temps de reprendre et de renouer avec la croissance, ... Nous ne faisons plus face à des crises isolées qui affecteraient le monde de manière épisodique, mais à un système de crises complexe, presque continu et multidimensionnel qui allie le géopolitique à l'économie, au social, à l'environnemental…», a déclaré la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui. En effet, l'économie mondiale est entrée dans une phase de ralentissement qui semble se prolonger. Les perspectives du Fonds Monétaire International (d'octobre 2022) prévoient, ainsi, une croissance mondiale d'environ 3,2% en 2022 et 2,7% en 2023. La ministre a rappelé que les pressions persistantes sur l'offre menacent, ainsi, d'aggraver l'inflation mondiale qui, combinée à une croissance faible, obligerait les pays avancés à mettre en place des politiques monétaires encore plus restrictives et durcirait les conditions de financement des pays émergents ou en développement. Nadia Fettah a précisé que pour bien gérer ces évolutions et en anticiper les conséquences, il est impératif de commencer par consolider davantage la stabilité des cadres macroéconomiques. Et effet, la succession de crises a eu pour conséquences la réduction des marges de manœuvre dans quasiment tous les pays. « D'un côté, les Etats ont dû verser des aides aux secteurs économiques et aux populations vulnérables fragilisés par les crises, ce qui a pour effet d'augmenter les dépenses et, de l'autre, ils (les Etats) se sont retrouvés privés des recettes fiscales en raison du ralentissement de l'appareil économique », a rappelé la ministre. Le Maroc, à l'instar du reste du monde, a été touché de plein fouet par cette succession de crises. Nadia Fettah a ainsi rappelé les mesures prises par le gouvernement pour atténuer les impacts de ces crises sur le pouvoir d'achat des Marocains ainsi que les réformes engagées par le Maroc pour accélérer son développement, tirant profit de ces atouts pour mieux répondre aux défis auxquels il est confronté. « Pour dépasser cette situation, il était devenu nécessaire d'améliorer la productivité de l'économie nationale et sa diversification sectorielle et territoriale. Ceci permettra d'atteindre des niveaux de croissance plus à même de faire face à la demande d'emploi, composée essentiellement des jeunes qui arrivent nouvellement sur le marché du travail », a précisé la ministre. Et c'est dans cette perspective que le Gouvernement a entamé, dans le cadre de son programme, une politique nationale de transformation économique, orientée vers l'emploi et l'amélioration de la compétitivité nationale. Aussi l'accent est mise sur l'investissement. « Tous les leviers seront, ainsi, mis à contribution pour promouvoir et encourager l'investissement public et privé, de l'accès au financement à l'amélioration du climat des affaires, en passant par la modernisation du cadre juridique ou le soutien aux entreprises », a souligné N. Fettah. Référence faite à la « nouvelle charte compétitive de l'investissement » qui dotera le pays d'un cadre plus à même d'améliorer l'impact de l'investissement en terme d'attractivité, d'emploi et de réduction des inégalités. Une Charte qui permettra aussi d'orienter les investissements vers les secteurs prioritaires à forte valeur ajoutée. « La réforme du cadre réglementaire des marchés publics, en cours de finalisation au Secrétariat Général du Gouvernement, s'inscrit dans le même sillage. En plus de l'amélioration de la transparence et du libre jeu de la concurrence, ce texte se veut un outil fort pour améliorer l'efficacité économique, sociale et environnementale de la commande publique. Par ailleurs, la promotion de l'investissement privé n'est pas en reste puisqu'elle devra être boostée par la mise en place du Fonds Mohammed VI pour l'investissement », a rappelé la ministre. Pour conclure la ministre a souligné que la situation de multi-crise doit nous pousser à nous renouveler. « Il est, effectivement, temps, pour nous tous, de revoir notre modèle des finances publiques et nos modes de pensée et de travail pour mettre à jour des réponses innovantes aux défis auxquels nous sommes confrontés. Et à ce titre, il est important de mettre l'accent sur quelques éléments phares qui doivent structurer notre action. En matière de recettes, il devient nécessaire, voire vital, de réussir la réforme fiscale », a-t-elle précisé. Elle a également rappelé qu'il devient primordial d'être inclusif et d'associer tous les acteurs dans le processus de décision. Cela donnera forcément des actions publiques d'une meilleure qualité, au plus près de la réalité des citoyens. Aussi, il faudrait aller vers une granularité plus fine de l'action des pouvoirs publics pour lui permettre de prendre en charge les spécificités et les particularismes notamment territoriaux.