Le Ministère de l'Economie et des Finances, organise au siège de la Trésorerie Générale du Royaume les 16 et 17 décembre à Rabat, en partenariat avec l'Association pour la Fondation Internationale de Finances Publiques (FONDAFIP) et avec le soutien de la Revue Française de Finances Publiques (RFFP), la 15ème édition du colloque international des finances publiques sous la thématique « Quel modèle de gouvernance des finances publiques dans un monde de multi-crises ? ». Les travaux de ce colloque ont débuté par une allocution de Noureddine Bensouda, Trésorier Général du Royaume du Maroc, et un message lu au nom de la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah, qui a affirmé que le thème de cette année faisait la part belle aux crises multiples que connait le monde, crise de la covid-19 et surtout le conflit en Ukraine, aux impacts négatifs sur l'économie mondiale qui ne permettent guère un retour à la croissance. Ces crises, ont des incidences sur les marchés de produits de base dont nombre de secteurs jadis prolifiques qui en payent, aujourd'hui, le prix fort. Le commerce international en est affecté et l'inflation mondiale combinée à une croissance faible, astreint les pays avancés à mettre en place des politiques monétaires plus restrictives et durcissent les conditions de financement des pays émergents et en développement. « Plusieurs épisodes de crises ont eu un impact particulièrement important sur l'activité économique et les finances publiques depuis les années 80. Les défis environnementaux et sociétaux, l'ensemble des mutations économiques constituent autant d'éléments de contexte majeur. Je tiens à souligner la convergence de vue entre la France et le Maroc. Nos deux pays ont pris un chemin convergeant pour les grandes réformes financières modernes », a déclaré Cécile Humbert-Bouvier, cheffe du service Economique Régional de l'Ambassade de France au Maroc, qui remplaçait le chargé chargé d'affaires -qui n'a pas pu rejoindre ce colloque en raison de la présence au Maroc de la des Affaires étrangères française, Catherine Colonna pour échanger avec Nasser Bourita et préparer une visite d'Etat au Maroc d'Emmanuel Macron. Et d'étayer que la France a mis en œuvre sa loi organique relative aux lois de finances en 2001 et le Maroc en 2016, chaque pays ayant adopté une démarche de performances parallèles dans sa gestion des finances publiques. « Je salue la qualité et la constance de la coopération franco-marocaine en matière de finances publiques comme en témoigne le succès du jumelage intégré au programme Hakama de l'UE, dans le cas d'une mise en œuvre à la Trésorerie du Royaume dans le cadre des réformes de la gestion des finances publiques », a-t-elle poursuivit. Pour sa part, Marie-Christine Esclassan, professeur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, secrétaire générale de FONDAFIP, et directrice de la Revue Française des Finances Publiques (RFFP) citant Nadia Fettah a longuement loué la femme marocaine: « Le Maroc a eu un rôle pionner dans l'accès des postes de responsabilités des femmes et notamment dans le sens des égalités des hommes et des femmes. Si la chose est assez courante pour les ministères sociaux elle est peu répandue s'agissant du domaine des Finances publiques ». Par ailleurs, avant de laisser la parole à Noureddine Bensouda pour un rapport introductif, elle mettra en exergue la distinction du sport au Maroc et elle a « salué la victoire spectaculaire des Lions de l'Atlas en Coupe du monde ». Le Trésorier Général du Royaume, lui n'y est pas allé par quatre chemins: « L'Etat doit adapter son rôle et ses missions aux nouvelles réalités économiques et sociales, tout en s'appuyant sur des institutions, des lois et des règles formelles, a-t-il indiqué. Et d'ajouter, qu'« il s'agit en fait de la gouvernance, fondée sur une vision stratégique à moyen et long terme, qui constitue un art de la mise en œuvre, un art de l'action, un art de concevoir des dispositifs cohérents avec les objectifs poursuivis », a-t-il souligné. Noureddine Bensouda a, dans ce sens, relevé que les moments de crises « ne sont pas constitués que de difficultés et de chocs auxquels nous devons faire face, mais représentent également des opportunités pour réformer les finances publiques, afin de les assainir et de reconstituer des marges de manœuvre ». Aussi-a-t-il mis l'accent sur la nécessité d'améliorer la capacité extractive des ressources financières et humaines avec l'optimisation de leur emploi en tant qu'une des réformes les plus importantes à mettre en œuvre. Le Trésorier Général du Royaume a, par la même occasion, relevé l'impératif de passer par un renouvellement des concepts économiques, qui prend en compte les réalités du 21ème siècle, afin de réussir le redressement de l'économie et des finances publiques dans un contexte multi-crises. « Trouver des solutions durables aux crises et risques actuels et remettre l'économie et les finances publiques sur des trajectoires de croissance et de viabilité requiert donc le renouvellement des concepts économiques, du cadre législatif et réglementaire et des outils et instruments, tenant compte des réalités du XXIe siècle », a-t-il précisé, mettant en avant l'importance de la réduction des inégalités sociales, spatiales, de patrimoine, de revenu et d'intelligence, en tant que gage du maintien de la cohésion sociale. Le Trésorier Général du Royaume a également souligné l'importance de prioriser l'éducation et la formation de ressources humaines dans le relèvement des véritables défis du XXIème siècle, caractérisé notamment par une situation économique et sociale inédite, marquée par une confluence de crises et de risques majeurs, en l'occurrence la crise sanitaire, la crise géopolitique, la rupture des chaînes d'approvisionnement, la crise alimentaire, l'inflation, la crise de l'endettement et la hausse des taux d'intérêt. Michel Bouvier, professeur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Président de FONDAFIP, Directeur de la Revue Française de Finances Publiques, a passé en revue les différents chocs que traverse le monde à l'heure actuelle et mis en relief le caractère « inadapté » du modèle de gouvernance financière publique face à une multiplicité de crises. Aussi à cet égard, il a tiré la sonnette d'alarme contre la difficulté et l'incapacité de maîtriser l'évolution des dépenses publiques, l'évolution de la pression fiscale, de la dette publique et des déficits publics, en dépit de la sophistication des outils de contrôle de gestion, chose qui met en évidence l'existence d'« une faille dans le processus de régulation ». Deux autres interventions eurent par la suite lieu de respectivement, Mohammed Tawfik Mouline, Directeur Général de l'Institut Royal des Etudes Stratégiques et de Jean Arthuis, ancien ministre français de l'Economie et des Finances, suivies d'un débat ont clos cette première journée du XVème colloque. Les travaux de ce dernier, se poursuivront samedi et s'articuleront autour de trois panels portant sur les modèles de régulation de la décision en finances publiques et de la gestion financière publique, ainsi que sur les trois fondamentaux d'un modèle des finances publiques avec des personnalités nationales et internationales dont des ministres en exercice.