Ecrit par Imane Bouhrara | La grogne monte auprès des chauffeurs de petits taxis en raison des conditions d'octroi de la subvention aux professionnels du transport dont les détails ont été dévoilés le 25 mars. Et pour cause la subvention va à l'exploitant du taxi et non au chauffeur qui est le plus exposé à la hausse des prix à la pompe. C'est une grande crise en perspective. La grogne des chauffeurs de petits taxis monte. En effet, en cette première semaine du mois d'avril, ils sont sensés bénéficier au même titre que le reste des professionnels du transport routier de la subvention de l'Etat annoncée début mars et dont les inscriptions ont été lancées depuis le 25 du même mois sur la plateforme https://mouakaba.transport.gov.ma et qui concernera 180.000 véhicules. Ce soutien exceptionnel a été décidé pour faire face à la flambée des prix à la pompe et la menace de débrayage de plusieurs catégories de professionnels. La subvention ayant pour objectif de maintenir la stabilité des prix du transport. Dans ce sillage, les professionnels du transport public de voyageurs bénéficieront d'une subvention de 2.200 DH pour les grands taxis, 1.600 DH pour les petits taxis. Sauf que la subvention est destinée aux exploitants d'un taxi de première ou deuxième catégorie dûment autorisés. Et c'est ce qui risque de frapper d'inefficience l'initiative de l'Etat s'agissant du secteur en mal de structuration que celui des petits taxis. En effet EcoActu.ma a pu recueillir les témoignages de plusieurs chauffeurs de petits taxis dans le grand Casablanca et le constat est quasiment le même. « Je travaille sur l'une des nombreuses voitures d'un exploitant qui a décidé de ne pas s'inscrire sur la plateforme parce que toutes ses voitures ne sont pas déclarées et a peur que les données de la plateforme ne soient communiquées à la DGI. Donc moi et les autres chauffeurs n'avons reçu aucune subvention et nous continuons à payer le prix fort du gasoil », explique un chauffeur de taxi. « Je ne comprends pas comment ils ont élaboré cette subvention au lieu d'une aide directe à nous autres chauffeurs de taxi qui voyons notre recette quotidienne réduite alors que le loyer que nous versons aux exploitants demeure le même. Je paie un loyer de 250 DH à l'exploitant et je dégageais entre 100 et 200 DH par jour, sachant que nous sommes deux chauffeurs à travailler sur le même véhicule. Avec ces récentes hausses du prix du gasoil c'est à peine que j'arrive à dégager 60 DH par jour », déplore un autre chauffeur de taxi. Un constat confirmé par Ahmed Saber, du Syndicat des professionnels du secteur des taxis (UGMT). En effet, il rappelle que l'attention a été attirée sur cette problématique lors de la réunion avec les autorités publiques notamment le ministre du Transport, celui de l'Intérieur et du Budget, explique-t-il. A savoir que la subvention ne doit pas être liée au véhicule mais au matricule du chauffeur professionnel. Une remarque qui n'a pas été prise en considération au moment où les autorités savent pertinemment que les exploitants touchent un loyer fixe des chauffeurs de taxi qui in fine sont le maillon faible de cette chaîne. « L'objectif de la stabilité des prix se trouve ainsi compromis puisque la subvention n'atténue finalement pas la cherté des prix aux chauffeurs de taxis. La question demeure posée et j'espère que l'Etat va opter pour que cette subvention aussi faible soit-elle soit versée de manière directe aux Chauffeurs de taxi immatriculés auprès du ministère du transport et qui pointent chaque matin donc qui sont véritablement en activité. Et c'est aussi bien dans l'intérêt du chauffeur que l'usager », espère Ahmed Saber. Pour le syndicaliste, cette crise montre une fois de plus qu'une réforme structurelle de ce secteur s'impose. En effet, entre les propriétaire d'agrément, les exploitants de véhicules et les chauffeurs professionnels, toute subvention selon son objectif doit prendre en considération cette composition assez problématique de ce secteur. Dans ce cas précis, l'objectif de la subvention est d'éviter une hausse des tarifs de voyage et comme c'est le chauffeur qui paye le carburant, cette subvention devrait lui être versée moyennant une petite vérification, notamment que le chauffeur professionnel a la carte professionnelle du ministère du transport et qu'il est en activité, chose que les autorités peuvent vérifier auprès des bureaux de pointage. Autrement, cette subvention venue résoudre un problème en créera bien d'autres.