Ecrit S. Es-Siari | Malgré la sévère crise qui prévaut, le recours à une Loi de Finances rectificative ne semble pas opportun. Pour Abdellatif Jouahri, l'additionnel provenant des financements innovants et des recettes de monopole provenant essentiellement de l'OCP va permettre de couvrir les dépenses liées à la compensation qui pourrait exiger 10 Mds de DH supplémentaires. Les crises se succédant conjuguées à une pire sécheresse ont semé le doute chez les économistes et les analystes sur la réalisation des engagements de la Loi de Finances 2022 même les plus élémentaires. Et pour cause, les hypothèses sur lesquelles se base ladite Loi de Finances semblent être compromises à l'aune de l'incertitude du contexte. Dans ce genre de situation, le recours à une Loi de Finances rectificative semble la solution idoine pour réinitialiser les compteurs et être en phase avec la conjoncture. Le Niet du ministre du Budget Faouzi Lekjâa quant au recours à une loi de finances rectificative ne semble pas convaincre les médias qui n'ont pas hésité à reposer la question au gouverneur de la Banque Centrale sur l'utilité ou pas de l'adoption d'une LFR dans un contexte économique des plus hostiles. « Je crois que le ministre a répondu à la question en indiquant que les données de la Loi de Finances actuelle permettent au gouvernement de faire face aux défis de la conjoncture actuelle aussi bien en ce qui concerne les recettes que les dépenses ». Partant de là, il ne voit pas la nécessité d'adopter une LFR. D'après A. Jouahri, du côté des recettes deux éléments jouent de façon déterminante. Il s'agit d'abord des financements innovants qui dans la LF 2022 sont prévus à 12 Mds de DH et qui passeront à 20 Mds de DH. Ce qui génère 8 Mds de DH supplémentaires. Aussi, au titre des recettes de monopole, 4 Mds de DH seront injectés dans le budget notamment à travers l'OCP du fait des résultats affichés et de l'envolée des cours du phosphate à l'international. Cet additionnel provenant des financements innovants et des recettes de monopole provenant essentiellement de l'OCP va permettre de couvrir les dépenses liées à la compensation qui pourrait exiger 10 Mds de DH supplémentaires en passant de 10 à 20 Mds de DH. C'est pour dire que sur le plan des prévisions des recettes et dépenses et face à la conjoncture qui prévaut, le gouvernement n'a pas besoin de LFR. Mais pas que. La marge qui lui reste va lui permettre de couvrir l'aide à l'agriculture soit 10 Mds de DH à cause de la sécheresse, de soutenir les transporteurs ( à raison de 2 Mds de DH) à cause de la hausse du coût de l'énergie ainsi que le tourisme ( à hauteur de 2 Mds de DH). Lire également : LF 2022 : les hypothèses à l'épreuve de nouvelles donnes économiques