Mardi 1er Mars 2022, le Président Biden a prononcé son premier discours sur l'état de l'Union devant les élus du Congrès. Il a commencé en demandant aux membres du Congrès de se lever pour envoyer un signe à l'Ukraine. Le Président a ainsi déclenché une standing ovation à l'Ambassadrice de l'Ukraine qui était présente dans la salle. Plusieurs élus du Congrès arboraient des couleurs bleue et jaune du drapeau ukrainien. Il a ensuite traité Vladimir Poutine de dictateur plus isolé que jamais. Il a ajouté que le Président russe pensait envahir l'Ukraine sans réaction du peuple ukrainien, qui a montré sa bravoure, son courage et sa détermination, avec à sa tête le Président Zelensky. D'après lui, la guerre d'Ukraine était préméditée par Vladimir Poutine et n'a pas été provoquée. L'Occident et l'OTAN n'ont pas été divisés par cette guerre et ont présenté un front commun. C'est ainsi que des sanctions très sévères ont été prises contre Poutine lui-même et les oligarques russes enrichis par des gains malhonnêtes. D'autres sanctions ont été prises contre l'économie russe notamment financière, visant la Banque centrale et les banques commerciales. Le Président américain a élargi le débat en mentionnant qu'il y a dans le monde une bataille entre la démocratie et l'autocratie. La démocratie est dans le camp de la paix et de la liberté, et que les dictateurs doivent payer le prix de leur agression. A titre d'équité, voyons maintenant la position de la Russie sur les raisons du déclenchement de la guerre d'Ukraine. Les russes ont subi une grande humiliation après la chute de l'URSS en 1991. L'Union européenne puis l'OTAN se sont empressés d'intégrer douze anciennes républiques de l'Ex-URSS. Alors que la Fédération de Russie a adopté l'économie de marché, aucune offre ne lui a été soumise pour intégrer l'Union européenne et l'OTAN. Vladimir Poutine qui a accédé à la présidence du gouvernement en 2008 et à la présidence de la Fédération de Russie en 2012, veut donner à la Russie l'influence qu'avait l'URSS avant sa disparition. Il reproche à l'Occident d'imposer son système de valeurs au reste de la planète, souvent par la force. L'Ukraine qui a proclamé son indépendance le 24 Août 1991 est traversée par deux courants : les europhiles qui souhaitent faire intégrer le pays à l'Union européenne et à l'OTAN, les russophiles qui veulent leur rattachement à la Russie, surtout à l'Est du pays qui est majoritairement russophone. L'élection de Volodymyr Zelensky le 20 Mai 2019 a fait pencher la balance du côté de l'Occident. Plusieurs réunions sous le format « Normandie » ont eu lieu regroupant l'Allemagne, la France, la Russie et l'Ukraine. Ils ont abouti aux Accords de Minsk qui n'ont pas été respectés. A partir du 1er Décembre 2021, Vladimir Poutine a procédé à un déploiement massif de l'armée russe qui a atteint 150.000 hommes à la frontière Est de l'Ukraine. Il réclame la non-adhésion de l'Ukraine à l'OTAN, et la fin de son élargissement militaire aux frontières de la Russie. Il menace même d'utiliser les forces de dissuasion s'il est acculé à le faire. N'ayant pas obtenu satisfaction de la part de l'Occident, Poutine ordonne le 24 Février 2022 l'invasion de l'Ukraine. En conclusion, on ne peut que déplorer l'absence d'accord entre l'Ukraine, l'Occident et la Russie avant le déclenchement de la guerre. L'invasion russe de l'Ukraine a causé des milliers de morts et de blessés, le nombre de réfugiés ukrainiens dans les pays voisins a atteint 1,5 million de personnes, dont la majorité sont des femmes et des enfants. Les destructions d'infrastructures sont innombrables ainsi que les immeubles civils. Tout ce gâchis aurait pu être évité si l'Occident avait accepté la neutralité de l'Ukraine sur le modèle de la Finlande. Par Jawad KERDOUDI Président de l'IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)