Au moment où la place de Casablanca est en consolidation, après la baisse qu'elle vient de connaître, le secteur minier reste le seul qui poursuit son ascension. Pourtant, les dernières prévisions concernant les métaux font état d'une baisse relativement importante. Pourtant, les cours de Managem et sa filiale, la Société Métallurgique d'Immiter (SMI), continuent de progresser. Pourquoi ce paradoxe ? En cette période de consolidation des 8% de gains cumulés par la place depuis le début de l'année, Managem et SMI valent leur pesant d'or. Depuis le 26 décembre, l'indice sectoriel des sociétés minières qui comprend, en outre, la petite société Rebab, s'est apprécié de 23% au 30 janvier 2008. Pourtant, Managem et SMI n'ont rien annoncé qui puissent pousser les investisseurs à se ruer sur le titre. «Il s'agit essentiellement d'une bulle spéculative», affirme un analyste de place qui estime néanmoins que «la spéculation s'explique à l'origine par l'anticipation de résultats devant dépasser les prévisions». En effet, selon toute vraisemblance, en 2007 Managem devrait multiplier son résultat net de 2006 par 7. Son bénéfice devrait dépasser largement les 200 millions de DH, contre 30 millions seulement une année auparavant. Cette variation s'explique par le fait que 2006 avait été une année exceptionnellement bas, alors qu'en 2007, non seulement il y a eu un retour à la normal sur plusieurs matières premières, mais sur le Cobalt, la croissance est fulgurante. En effet, la livre (lb) de ce minerais, somme toute très volatile, s'échange aujourd'hui pour une livraison en février 2008 autour de 48 dollars, aussi bien en Europe, En Amérique du Nord qu'en Asie. Alors qu'en décembre 2006, il ne fallait pas plus de 20 dollars US/lb. Il s'agit d'une croissance de 140%. De beaux jours encore devant… Même en tenant compte de la dépréciation du dollar sur la même période, la hausse reste très forte. De 8,57 DH au 30 janvier 2007, le cours du billet vert est 7,67 DH environ un an plus tard, soit une baisse de 10,6%. L'effet cobalt se répercutera forcément sur les résultats de cette année de même que celle des années à venir. La progression est loin de s'estomper. En effet, le cobalt entre dans la composition de beaucoup de matériaux de plus en plus utilisés. En effet, ce métal est employé dans la production de superalliage utilisé dans l'aéronautique, l'industrie ou même la médecine. Cela représente plus de 50% de la consommation mondiale de cobalt, l'ensemble de ces secteurs s'inscrivent dans une croissance relativement forte. La croissance touche aussi la céramique, les batteries l'industrie chimique et pétrolière qui représente le reste de la consommation de cobalt. C'est dire que le cobalt a de beaux jours devant lui. Néanmoins, les prix de cobalt sur les marchés internationaux restent volatiles et sont sujets à d'importantes variations. Ce phénomène est accentué par le fait qu'il n'existe pas de marché de couverture pour ce métal. Par conséquent les cours sont automatiquement répercutés sur le résultat de Managem. C'est pourquoi Managem a annoncé depuis l'année dernière travailler sur un projet de production d'oxyde de cobalt, afin d'augmenter la valeur ajoutée et surtout d'éviter les fluctuations brusques. Sachant que le cobalt représente près des deux tiers du chiffre d'affaires de l'entreprise, on comprend l'engouement soudain des spéculateurs sur l'action Managem. Au-delà du cobalt, le groupe minier semble sorti des difficultés liées aux opérations de couvertures contre le risque de cours, réalisées il y a trois ou quatre ans. Dès lors, le résultat ne peut que s'améliorer surtout si l'on sait que les réserves dans les autres métaux sont relativement importantes. En effet, le groupe est assis sur 188 tonnes de métal d'argent à Imiter, 209.000 tonnes réparties entre Zinc, Plomb et cuivre à Hajar et Draa Sfar et 2,7 millions de tonnes de cuivre à Akka. De même sur l'international, les perspectives sont plus que prometteuses en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale ou certaines prévisions sont revues à la hausse. Mais cela justifie-t-il cette forte croissance du titre ? Il faut noter avant tout qu'il y a deux éléments dans la croissance actuelle. Malgré la publication d'excellents résultats au premier semestre, la place n'avait pas réagi favorablement. Une valeur théorique de 605 DH Le titre avait continué sur son trend baissier. De 608 DH au 5 septembre, le cours de Managem est passé à 490 DH au 26 décembre, soit une baisse de 24%, pratiquement ce qu'il vient de gagner durant le dernier mois de cotation. Il y a donc une certaine correction à la hausse, d'autant que certaines prévisions estiment que le cours théorique du titre est très proche de son niveau actuel. La dernière étude de BMCE Capital avait fixé une valeur théorique de 605 DH en octobre dernier, alors que l'action s'échangeait à 560 DH. «Au mieux, il devrait y avoir une stagnation», estime un analyste de la place qui n'exclut d'ailleurs pas que la bulle se dégonfle. Il n'empêche que dans les moments de doute, l'or, et avec lui les autres métaux, ont toujours été des valeurs refuges. Il y a comme une confirmation de cette règle dans ce qui se passe actuellement sur le marché Casablancais, mais également à l'international. Sur les marchés asiatiques, malgré le doute qui s'installe depuis près de deux semaines, les valeurs minières semblent être de véritables remparts. La plus grosse capitalisation minière du monde, l'australienne BHP, a gagné 3% dans la séance du mercredi 30 janvier, alors que le leader japonais du secteur Sumitomo Metal Mining a prix 1,6% durant la même séance. Il reste que les dernières prévisions publiées jeudi 24 janvier par le cercle d'études Cyclope fait état d'une légère baisse de certains métaux produits par Managem. Ainsi l'argent devrait reculer de 10% en 2008, le cuivre de 32%, le zinc de 38%. Sauf que ces chiffres ne semblent guère intéressés les spéculateurs qui eux ont les yeux rivés sur l'évolution au jour le jour.