C'est l'éternelle métaphore du verre à moitié vide. A chaque fois qu'un rapport fait l'état des lieux de l'économie marocaine, nous restons avec un goût d'inachevé en travers de la gorge. Cette fois-ci, c'est l'index sur la liberté économique, publié par le très sérieux Wall Street Journal et la prestigieuse Heritage Foundation, qui tire la sonnette d'alarme. Si, d'après ce rapport, le Maroc réalise le meilleur bond en avant de la région Mena en 2007, par rapport à 2006, il n'en demeure pas moins que le Royaume ne se classe qu'à la 11ème place sur 17 pays étudiés.C'est-à-dire bien après tous nos concurrents potentiels comme la Tunisie, le Liban et la Jordanie. Une autre surprise peu plaisante : notre classement derrière des pays comme l'Arabie Saoudite, le Qatar ou le Koweït. Le Maroc s'inscrit nettement parmi les pays où la liberté économique est à tendance peu libre (mostly unfree). Si l'index révèle que le Maroc a bien progressé en ce qui concerne la liberté d'affaires, la liberté de commerce, la liberté fiscale ou encore le droit à la propriété, il a en revanche reculé en ce qui concerne la liberté monétaire et la liberté d'investissement. Et c'est là où le bât blesse! Alors que nos gouvernements respectifs ne se lassent pas de se gausser des «succès enregistrés» en matière d'investissement, des rapports on ne peut plus crédibles démontrent le contraire. D'ailleurs, même les échos qui nous remontent du terrain accréditent la thèse d'un recul, ou du moins d'une stagnation dans la liberté d'investissement. Plusieurs indices ont commencé, depuis quelques années, à alerter les observateurs, et plusieurs investisseurs marocains se sont repliés sur l'immobilier et la Bourse. Là où les procédures sont moins lourdes et le gain plus facile... Cependant, nos responsables, englués dans leur nombrilisme, continuent à pavoiser chaque fois qu'un investisseur pointe le bout de son nez chez nous. Nous ne regardons pas ce qui se passe à côté alors que nos concurrents sont loin de rester les bras croisés. Ils avancent et réforment à tour de bras, lancés dans une compétition où celui qui attire le plus d'euros est indéniablement celui qui gagne la course. Alors, arrêtons de nous cajoler et regardons enfin les réalités en face.