Moins d'un mois après avoir initié un partenariat stratégique avec la Banque Mondiale pour le lancement d'une plateforme d'investissement à l'échelle continentale destinée à financer les projets énergétiques et d'infrastructures à faible intensité carbone, le nouveau fonds souverain marocain Ithmar Al Mawarid double sa force de frappe financière. Aussi, l'Etat marocain vient de hisser à trois milliards de dirhams le capital de ce fonds que l'actualité économique et géostratégique du royaume a propulsé récemment sous les feux de rampe. En effet, Ithmar Al Mawarid est impliqué dans plusieurs projets structurants d'envergure aussi bien à l'échelle domestique que continentale. Outre son rôle de co-fondateur avec la Banque Mondiale de Green Growth Infrastructure Facility for Africa (GGIFA), appelé à devenir le plus grand fonds d'investissement vert en Afrique, l'ex-Fonds Marocain du Développement Touristique (FMDT) est en première ligne dans le projet du gazoduc reliant le Nigeria et le Maroc et dont les premiers contours ont été esquissés lors de la récente visite du roi Mohammed VI à Abuja. Il a aussi pour mission de promouvoir l'investissement dans tous les secteurs productifs du royaume et à encourager les partenariats entre les entreprises privées et les institutions gouvernementales. C'est dire que d'autres recapitalisations devraient vraisemblablement intervenir en 2017 mais la question qui alimente les débats est celle du financement de la montée en puissance de ce fonds souverain sans que cela ne soit un « fardeau » pour le budget de l'Etat. L'approche qui semble avoir été retenu est celle de l'effet multiplicateur qui consiste à drainer les financements internationaux vers des projets productifs dont Ithmar Al Mawarid n'est « que » sponsor et actionnaire minoritaire mais également à lever de l'argent sous forme de dettes ou fonds propres, voire quasi-fonds propres, auprès de bailleurs de fonds internationaux ou d'autres fonds souverains aux poches profondes (notamment ceux des pays du Golfe).