Le chèque est, de tous les instruments de paiements en cours au Maroc, celui qui garde la préférence des marocains. C'est ce qui ressort en filigrane du bilan établi par les équipes de Bank Al Maghrib (BAM) sur l'évolution des moyens de paiements échangés à travers les réseaux bancaires à fin 2014. Les chèques ont totalisé en 2014 plus du tiers des opérations réalisées par les porteurs, et couvert plus de la moitié des montants échangés (53,5%), loin devant les virements (resp. 29% et 32,7%). Les paiements par cartes, bien qu'ils représentent 20% des opérations effectuées, ne couvrent, d'après la Banque centrale, que 0,5% du total des montants échangés. Au niveau des opérations effectuées via le système interbancaire marocain de télé-compensation (SIMT), les montants échangés sur hors cartes ont enregistré une hausse de 5,5%, passant de 1533 milliards de DH en 2013, à 1619 milliards de DH à fin 2014. Là aussi, le chèque reste dominant en nombre d'opérations effectuées, avec une moyenne de 35 000 DH, soit plus du double de la moyenne établi pour les virements (16 000 DH). Les marocains ne sont toujours pas friands de prélèvements, pour régler notamment leurs factures d'électricité, d'eau ou de téléphone, ou leurs traites auprès des organismes de crédits. Les prélèvements ne s'accaparent finalement qu'une faible part des transactions effectuées sur le réseau interbancaire, en nombre (9%) comme en valeur (2%). La domination du chèque est toutefois à relativiser selon BAM, puisqu'elle progresse plus lentement que les autres instruments de paiements. En effet, ce sont les virements qui progressent le plus, en valeur (8%) d'abord avec un total de 379 milliards de Dh de transactions, mais surtout en nombre avec une hausse des opérations de près de 11%, bien que la Banque centrale ait constaté « un tassement » de la dynamique récente des virements, au vu de la hausse de 17% enregistrée en 2012. Bank Al Maghrib s'inquiète particulièrement de la hausse continue des rejets de lettres de change normalisées (LCN), de 18,1% à fin 2014 contre 17,4% un an auparavant, d'autant que, souligne la Direction des opérations monétaires et des changes de BAM, « 90% des rejets correspondent à des rejets pour absence ou insuffisance de provisions ». Le taux de rejets des prélèvements reste également important, soit 53% du total des prélèvements. Les paiements par carte ont, pour leur part, fortement évolué, avec une hausse de 16,4% en nombre et 17,4% en valeur, pour un total de 14,3 milliards DH, dont une part de 78% pour les seules opérations sur TPE. Les paiements sur internet gagnent du terrain aussi, totalisant près de 2 millions d'opérations pour un montant global de plus d'un milliard DH. Avec 18,4 milliards DH de transactions, les paiements par carte international restent eux sur une dynamique stable.