L'opérateur saoudien a tempéré ses ardeurs. Résultat : un nouvel accord est en passe d'être bouclé avec les filiales de l'ONA pour faire redistribuer ses produits dans les Marjane et les Acima. On l'aura compris : concurrencer le premier holding privé n'est pas une mince affaire. Même les géants peuvent y laisser des plumes ! Savola, le groupe saoudien qui a osé marcher sur les plates-bandes de l'ONA a bel et bien saisi la leçon. Les filiales de l'ONA ne doivent pas être inquiétées par une concurrence qui dérange. Le groupe en a fait les frais. Savola s'est vu contraint de changer d'attitude, de stratégie. Si au départ l'opérateur a adopté une logique agressive pour pénétrer le marché des huiles de table, il a dû déchanter, dès lors que Lesieur Cristal a commencé à souffrir de l'arrivée de ce nouveau concurrent. Savola a donc fini par comprendre que sa survie sur le marché marocain dépendait - dans une certaine mesure - du respect de lignes rouges à ne pas dépasser. Le groupe saoudien a fini par s'adapter. D'une approche basée sur une motivation financière, il est passé à une autre dimension. Après son arrivée sur le marché marocain, Savola avait mis les bouchées doubles pour atteindre une croissance rapide et tout fait pour s'accaparer des parts de marché au détriment de la concurrence. On l'avait même taxé de faire du dumping. Tout le monde le montrait du doigt. «Savola pratique des démarches anticoncurrentielles», lançait-on, ici et là. On a essayé de lui mettre des bâtons dans les roues (actions en justice, propositions d'amendements de la loi sur les huiles, sanctions gouvernementales…). Bref, tout y est passé. Et c'est lorsque l'ex-ministre des Affaires générales, Rachid Talbi Alami, a réagi suite à l'enquête menée contre Savola que le groupe a finalement choisi de revenir sur ses pas. Ce fut un tournant dans son approche commerciale au Maroc. Faire simplement du business… Aujourd'hui, on l'aura compris, le groupe saoudien n'est plus dans la même logique. Il cherche simplement à faire du business en respectant les règles du marché, selon une approche concurrentielle conduisant à instaurer et à ajouter une nouvelle valeur sur le marché. Après ses déconvenues au Maroc, Savola aurait pu plier bagages. Mais il ne l'a pas fait. Selon une source proche du dossier, le groupe est engagé au Maroc et compte bien y rester, surtout lorsqu'on sait qu'il a maintenant des visées sur le plan régional. Il a donc tout intérêt à rester dans la course. C'est maintenant chose faite. Contrairement au passé, Savola n'est plus au premier plan, du moins sur le plan médiatique. C'est ce qui explique sa discrétion des derniers mois. Le groupe est moins présent sur le plan médiatique (ni campagnes publicitaires, ni articles…). Par le passé, on avait essayé de l'asphyxier. Actuellement, des signaux avant-coureurs laissent présager un retour à la normale. Ceux qui ont manœuvré pour «casser» le saoudien semblent aujourd'hui vouloir lui rouvrir les robinets. Savola a décidé de faire la paix, même avec l'ONA. D'ailleurs, un accord est en passe d'être bouclé entre les deux parties pour que les produits de Savola soient à nouveau distribués dans les enseignes Marjane et Acima. Avec une part de 15% sur le marché, l'enseigne saoudienne s'attend à des jours meilleurs. Car, faut-il le rappeler, Savola escomptait atteindre une part de 25% en 2007. Quoi qu'il en soit, cette performance semble tout de même assez appréciée. Maintenant que la hache de guerre est enterrée, Savola peut redémarrer sur de meilleures bases. Comment compte-t-il procéder ? Comment va-t-il se développer ? Rien ne filtre à ce sujet. Le nouveau patron de Savola Maroc, Anouar Benazzouz, n'a pas voulu répondre à nos questions, malgré nos multiples tentatives. Mais l'on peut parier que la guéguerre ne se fera plus cette fois-ci au niveau des prix mais plutôt sur les nouveaux produits, leur qualité, leur packaging…