Amine Gadi, Homme d'affaires Il s'est fait lui-même, par la force des choses. Cet homme d'affaires trentenaire est déjà à la tête de quatre entreprises et caresse des ambitions politiques au sein du RNI. Son dernier projet combine ses deux passions, l'entrepreneuriat et la politique, et vise à les transmettre à ses compatriotes. Par Noréddine El Abbassi P our Amine Gadi, l'adversité n'aura pas été un handicap, mais tout au plus un révélateur. L'homme d'affaires que l'on rencontre dégage le calme de celui qui a réussi, mais qui se fixe d'autres objectifs et se lance en politique. Une manière d'exprimer une vocation enfouie et enveloppée dans un comportement policé du Rbati, tel que l'on se l'imagine, à travers la lorgnette de nos préjugés de Casablancais. Le jeune Amine est né en 1982, à Rabat, l'aîné d'une fratrie qui comptera trois enfants. Le père est fonctionnaire de l'Administration centrale, alors que la mère gère le foyer familial. Dès son plus jeune âge, il est associé aux affaires familiales par la volonté d'un père soucieux d'impliquer les siens: "Mon père était très coulant. Il était de ces intellectuels qui laissaient la liberté à leurs enfants. En somme, il a inventé, sans le savoir, le "brainstorming", la mise en commun d'idées, avant que ce ne soit à la mode", se remémore Amine, précisant que, pour autant, la responsabilité de la mère de famille n'est pas amoindrie. Bien au contraire. Amine, qui grandit dans la capitale du Royaume, est d'abord scolarisé dans le système privé, bilingue. A une période où, c'était "classique" de commencer sa scolarité dans le privé, pour rejoindre l'enseignement "étatique", comme il aime à le qualifier. Déjà, Amine est un enfant sociable, qui mène une vie rangée, sans accrocs, et qui laisse deviner ses appétences pour le commerce. Il est sportif, amateur de judo et de musculation, sports qui tailleront sa carrure robuste et son penchant vers le concret. En somme, une intelligence pratique, tournée vers les solutions concrètes, loin des abstractions. C'est peut-être cette inclinaison qui le poussera dans un lycée technique, et plus tard, vers le monde des affaires. "Je participe à la production et aux différentes fonctions de mes entreprises", précise-t-il. On le croit volontiers. Le récit, qui s'égrène sur le temps de la confidence, est imprégné de nostalgie, à l'évocation d'une époque bénie. Avant que le destin ne lui joue un tour cruel. Self made man C'est qu'en effet, dès l'année 2000, son père décède, laissant un grand vide à une famille qui aurait bien eu besoin de soutien. Par la force des choses, Amine devient donc le chef de famille, "l'homme de la maison", selon la formule consacrée. D'autant plus qu'il est l'ainé et le seul garçon de la fratrie. Mais dans l'adversité, la famille se révèle un précieux soutien. Au lieu de s'entredéchirer, les oncles viennent en aide, alors que les lourdeurs administratives, font trainer dans le temps, les questions de succession. Mais, c'est également la fin de l'adolescence, qui sonne comme un coup de semonce : "mon père m'avait toujours appris à ne compter que sur moi-même et à me retrousser les manches. Mais du jour au lendemain, je suis passé d'une position confortable à une situation où je n'avais pas de quoi payer l'école. J'ai commencé à travailler au McDonald's, pour alléger les dépenses familiales", développe-t-il, sans réellement prendre la mesure de sa réussite. Il est certes inscrit à l'Université, mais son temps est partagé entre petits commerces et autres emplois temporaires dans la restauration. Ce n'est qu'en 2002 qu'il intègre l'IMPT, prépare un diplôme de technicien en informatique de gestion. Deux années plus tard, il entamera des études d'ingénieur à High Tech deux. "J'ai autofinancé intégralement mes études, et il le fallait bien! J'avais toujours cet intérêt pour l'informatique et très tôt, je vendais des consoles de jeux à Rabat. Le jour, j'étudiais, la nuit, j'étais employé au service maintenance du call centrer Webcad", expose-t-il. Dans ces nombreux moments de sincérité, il semble se remémorer ces moments de son existence, et il a des airs de vieux grognard des armées napoléoniennes qui aurait fait toutes les guerres de la vie. Arrive 2007, Amine décroche son diplôme et intègre réellement la vie active, chez O'pure, dans la distribution d'eau potable pour entreprise. Au détour d'un salon de l'automobile, il se montre tellement bon négociateur qu'un concessionnaire Fiat lui propose un emploi. "J'ai enfin commencé à bien gagner ma vie, et je me suis révélé bon commercial", concède-t-il. C'est alors qu'il réalise qu'il devrait se mettre à son compte. Objectif : businessman Il devait effectivement être un bon commercial, puisqu'en 2008, BMW le débauche, pour le designer comme seul commercial exclusif de Mini Coopers, expose-t-il fièrement. C'est également à ce moment qu'il se marie avec la femme qui l'a soutenu pendant les années de vaches maigres. Faisant référence au fameux adage: "quand on est seul, on va plus vite. A deux, on va plus loin". Une idée le frappe alors comme une illumination qu'il met en pratique. Avec son épouse, ils fondent Buenos Aires Cars, une entreprise de location de voitures, qui ne tardera pas à prendre de l'ampleur, devenant une entreprise de transport touristique. Dans la foulée, ils lancent "L'univers Ben Omar et Gadi", une entreprise d'assurances. "J'avais toutes les relations nécessaires. Les métiers de l'automobile vous mettent en contact avec les différents acteurs du secteur. Concrétiser ses objectifs n'était qu'une formalité", tempère-t-il, modestement. Déjà, il vise un nouveau challenge: reprendre des études. Il commence par s'intéresser à la PNL: "je voulais travailler sur moi. Apprendre et changer. Ce qui m'a naturellement mené vers le développement personnel. Tour à tour, je suis devenu maître PNL, puis j'ai commencé à organiser des formations", explique-t-il. A partir de 2012, Amine commence des études de gestion à l'Institut Marocain de Business et de Technologie. La même année, il ouvre une agence de voyage et un bureau de changes pour compléter son offre, "l'Art Voyages" et GB Change, et se lance dans la production de spectacles. Entre stars de la chanson arabe qu'il invite à se produire au Maroc et autres évènements, sa vie semble accomplie. Pourtant, le virage s'opère en 2014, lorsque l'un de ses amis lui recommande de se tourner vers la politique: "Par le passé, j'avais, comme beaucoup d'autres, des préjugés quant à l'activité politique. Mohammed Drina m'a convaincu de changer d'avis. Il m'a ouvert les portes et montré que ce sont les gens qui font la politique, et non l'image que l'on en a", affirme-t-il, reconnaissant. Depuis, Amine Gadi évolue au sein du RNI et se considère pleinement comme un politique, qui compte même se présenter aux prochaines élections locales. Son nouveau challenge? Intéresser les jeunes aux affaires de la cité et les pousser vers l'auto-entrepreneuriat. Pour cela, il faut montrer l'exemple, et il l'a fait, amplement. Bio Express 1982: naissance à Rabat 2000: Bac TGA et débuts dans la vie active 2006: débuts dans l'automobile comme commercial Fiat 2007: ingénieur informaticien de High Tech (Rabat) et CS2I (France) 2008: débuts chez BMW 2010: fonde l'agence de location de voitures et de transport touristique Buenos Aires Cars Fonde les assurances Univers Ben Omar et Gadi d'Assurance 2012: Fonde l'agence de voyages l'Art Voyages 2013: Fonde le bureau de change GB Change 2014: Master européen en gestion des entreprises 2015: lance un projet de promotion de l'entrepreneuriat chez les jeunes La face cachée La musique ? Je joue du âoud et j'écoute des classiques de la musique arabe. J'apprécie des chanteurs tels que Mohammed Abdelwahab, Ouarda et Georges Wassouf (photo). Le sport ? Je n'ai plus le temps d'en faire. Plus jeune, je faisais du judo et de la musculation comme sport d'appoint. J'apprécie la chasse au lièvre. La littérature ? Je n'utilise plus le livre comme support. Je lis sur le web et des ebooks. Le cinéma ? Je suis assez amateur de films d'actions américains.