Le Maroc vient d'être sollicité par la France, pays hôte de la conférence climat 2015 COP 21, pour jouer le rôle de leadership au niveau africain, afin de mener à terme les négociations visant à parvenir à un accord international sur les questions du changement climatique. Le Maroc est considéré aujourd'hui, comme un modèle pour les pays africains en matière de développement des énergies et des technologies, ainsi que des politiques durables, c'est dire les bouleversements positifs majeurs qu'à connus le pays en la matière, grâce à une stratégie offensive dans tous les secteurs liés à l'économie circulaire. Le ministère de l'Environnement qui a dévoilé ses plans pour 2015-2016 précise les grands chantiers prévus dans ce domaine. Parmi ces projets, la construction de 16 nouvelles stations d'épuration des eaux usées en 2015, ainsi que la programmation de 34 nouveaux Centres pour lesquels la réhabilitation des décharges sauvages a vu sa cadence multipliée par trois en 2014, ce qui permettra à l'horizon 2022 de mettre définitivement fin aux dégradations environnementales en relation avec ces points noirs. Dans cette dynamique, le green business est en plein essor, des start-ups se lancent dans les professions verdissantes et innovantes en se positionnant sur de nouvelles niches à fort potentiel. Bio'LYAYZ et Amendy sont deux start-ups promises à un bel avenir. par GHIZLAINE BADRI Bio'LYAYZ Yassine Ettayal Bio'LYAYZ est une start-up qui est née en Novembre 2013 au sein de l'équipe Enactus INPT, dont le but est la création de projets de développement durable, innovants, à fort impact social. Pour ce faire, l'équipe a sillonné le Royaume pour sonder les besoins des populations défavorisées. Les jeunes entrepreneurs ont ainsi visité plusieurs villes et villages du Royaume, à commencer par Rabat, Témara et Salé jusqu'à El Ksiba (10 Km de Tadla), Krifla (40 Km de Rabat) et Sidi Ali (20 Km de Meknès). Suite à cette démarche, Yassine Ettayal, l'initiateur du projet a relevé une problématique de taille : l'accès à l'énergie chez les populations du monde rural reste problématique, le gaz est onéreux malgré les efforts du gouvernement en la matière (Plus de 14 milliards de DH d'apports selon le HCP). Compte tenu de ce besoin, mais aussi de l'opportunité que présente la plupart des villages (abondance du bétail), Yassine pense alors à développer et à adapter un dispositif nommé «métha» (dérivé du méthane). Une machine qui se présente sous deux formes : baril et construction et dont le fonctionnement consiste à introduire les déchets (excréments) du bétail (bovin de préférence) dans un espace privé d'oxygène, et d'y ajouter un mélange favorisant la décomposition et la récupération du méthane. Un gaz qui peut se substituer au butane. Bio'LYAYZ se définit comme une start-up qui produit et commercialise des digesteurs produisant du méthane. «Nous sommes actuellement, en phase d'amélioration de notre produit pour assurer une génération continue de gaz. Le marché marocain se présente comme un marché très prometteur, toutefois, nous nous contenterons dans un premier temps de cibler le monde rural où le bétail est prolifique. «Les déchets du bétail sont un élément clé du dispositif que nous commercialisons». a précisé le DG de Bio'LYAYZ . Suite au Prix des Jeunes Entrepreneurs Sociaux 2014 lancé par Unilever Maghreb et Enactus Maroc, la start-up a remporté le 2ème prix de la compétition, un montant de 30.000 DH ainsi qu'une durée de cinq mois de coaching et d'accompagnement.Bio'LYAYZ a lancé sa phase pilote à Krifla, un village se situant à la périphérie de Rabat, à 40 km de la capitale, par la suite, la start-up prévoit de couvrir l'ensemble des villages longeant la capitale, pour enfin, fournir l'ensemble des villages du Royaume. D'ici 2020, Bio'LYAYZ vise une expansion sur le marché africain. «La «métha», dispositif que nous avons adapté au contexte marocain peut se développer en «Electra». En effet, de l'électricité peut être générée du gaz obtenu par le processus de décomposition des déchets. Ce mécanisme sera notre nouveau challenge une fois que la «métha» aura atteint sa phase de maturation . Notre objectif sera alors de couvrir le monde rural avec du gaz à bas prix, mais aussi avec de l'électricité low cost et d'épargner au gouvernement les sommes exorbitantes dépensées pour la subvention de ces deux énergies vitales», conclut l'entrepreneur. Amendy Manal Mhada Amendy, est le résultat d'un travail de collaboration avec Enactus Maroc. Le projet mené par l'entreprise a obtenu le troisième prix des jeunes entrepreneurs sociaux organisé par Unilever en 2014. La jeune start-up conçoit, prépare et délivre des produits alimentaires à haute valeur nutritionnelle à base de quinoa, pour une alimentation saine et équilibrée. En appliquant ses connaissances en agronomie et en agro-alimentaire, Amendy s'engage, en partenariat avec les agriculteurs, à mettre à la disposition du marché des aliments sains tout en contribuant à la sécurité alimentaire et à la réduction des impacts environnementaux. Celle-ci vise également, l'élaboration d' un système durable sur l'ensemble de la chaîne de valeur, qui assure un revenu stable aux petits agriculteurs, en apportant son savoir-faire aux petits exploitants et en les formant à de nouvelles techniques agricoles qui consistent à convertir un système d'agriculture de subsistance basé principalement sur la production de blé et d'orge, à un système plus productif incluant le quinoa. La transition leur donne ainsi, la possibilité d'augmenter leurs revenus et surmonter la variation des précipitations annuelles dues au changement climatique. Le projet Amendy vise également, la création d'activités génératrices de revenus pour les femmes de la région en créant des opportunités de travail dans les étapes de conditionnement et de transformation de la matière. Le quinoa a été élu en 2013 par la FAO comme une plante qui pourrait jouer un rôle important dans l'éradication de la faim, la pauvreté et la malnutrition. L'intérêt du consommateur pour le quinoa a largement augmenté ces dernières années. Une nouvelle tendance due à l'augmentation de la demande des produits naturels, bio et équitables, au diagnostic de plusieurs cas d'intolérance au gluten. « Il a même été constaté que les demandes locales et extérieures en produits alternatifs bruts ou transformés en constante augmentation, sont loin d'être comblées. Il en résulte ainsi des opportunités de commercialisation. Considéré comme une culture à grande valeur ajoutée au niveau industriel, le quinoa offre des possibilités de transformation avec des avantages nettement compétitifs. En appliquant nos connaissances en agronomie et en agro-alimentaire, nous construisons avec les petits agriculteurs un système de production durable pour fournir des produits alimentaires de qualité. Ce projet pilote prend en considération la dimension environnementale et sociétale, tout en impliquant des acteurs locaux pour un développement systémique.» précise Manal Mhada.