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Hassan Abouyoub, : ambassadeur itinérant
Publié dans Challenge le 18 - 07 - 2009

Le 13 juillet 2008, le président français donne le coup d'envoi de l'Union pour la Méditerranée (UpM). Une année est passée. Hassan Abouyoub en dresse un bilan et évoque sa perception de l'évolution de ce projet.
Challenge Hebdo : Quel bilan dressez-vous de l'UpM une année après son lancement? Qu'est-ce qui bloque encore? La politique? Le financement?...
Hassan Abouyoub : Il faut d'abord rappeler que l'UpM est née suite à une initiative du président Sarkozy lancée à Tanger. L'architecture proposée alors a subi des transformations considérables suite au Sommet France, Italie, Espagne, qui s'est tenu à Rome et à l'action conjuguée des autres Etats membres de l'UE. Ces amendements à la proposition française initiale ont remis au goût du jour les ingrédients du Processus de Barcelone, grâce essentiellement à une innovation institutionnelle : la vice-présidence octroyée aux pays du Sud et l'instauration d'un secrétariat. L'idée d'une union de projets, donc à géométrie variable, devait permettre de contourner l'écueil politique qui a ralenti le processus de Barcelone. Le double pari qui a été fait consistait à mettre le dossier palestinien sous l'éteignoir (ce qui signifie laisser l'initiative et la manœuvre aux mains des Américains) et à prôner le statut quo en ce qui concerne les réformes politiques et de la gouvernance au Sud. La tragédie de Gaza a en quelque sorte remis les pendules à l'heure. On peut donc objectivement dire que le bilan de la première année est plutôt maigre. Nos espoirs se tournent désormais vers ce que seront les effets de la reprise du dialogue politique du 7 juillet dernier. Le test de novembre prochain sera décisif, en ce sens que l'installation du secrétariat sur la base d'un statut permettra un démarrage de ses activités au début de l'année prochaine et un fonctionnement et une gouvernance opérationnels. Si la négociation du statut en cours devait aboutir à un compromis boiteux qui ne résout pas la question des missions des secrétaires généraux adjoints et qui n'installe pas une forte personnalité à la tête de cette institution, il y aurait alors beaucoup de questions à se poser sur l'avenir de l'Union.
C.H. : Quelles sont alors les chances de sa réussite?
H.A. : Si l'on part de l'idée centrale qu'un projet d'action collective en Méditerranée est absolument vital pour affronter les défis multiples d'une région essentielle à la paix dans le monde, on peut très facilement dessiner le contour des politiques communes, des institutions, des financements et de la gouvernance requis pour faire réussir ce projet. Les chances de réussite de l'UpM dépendent donc de la volonté politique des acteurs d'aller de l'avant dans la voie des réformes au Nord comme au Sud. Le modèle socio-économique européen avec son hypothèque démographique et l'essoufflement de sa compétitivité à long terme n'est pas de nature à autoriser un partenariat Nord/Sud au service d'une prospérité partagée. Les niveaux d'épargne, les politiques migratoires, les conflictualités spirituelles autour de la place de l'Islam en Europe (cas de la Turquie) sont autant de signaux qui ne rassurent pas les opinions publiques de la rive sud. Pour les pays du Sud, bien qu'il soit difficile de généraliser, le défi démographique et son corollaire le chômage nous imposent de créer une quarantaine de millions d'emplois à l'horizon 2050 pour maintenir la situation actuelle du marché du travail. Avec la gouvernance actuelle, le niveau de sécurité juridique constaté, la qualité du système éducatif, l'investissement dans la recherche, la dégradation de nos ressources naturelles, le réchauffement climatique, c'est mission impossible. L'Europe ne s'en sortira pas sans la Méditerranée et réciproquement.
La crise économique mondiale actuelle servira, si cela était encore nécessaire, à renforcer le diagnostic fait depuis longtemps et à motiver les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux pour davantage de volontarisme. Il s'exprimera lorsque les priorités de l'UpM en matière de projets et d'actions, refléteront les besoins réels des populations au Nord comme au Sud et incarneront l'espoir d'un avenir meilleur.
C.H. : Qu'est-ce que cela
supposerait-il ?
H.A. : Cela suppose que l'on remette l'œuvre sur l'ouvrage et qu'on réponde à des questions simples : quels sont les emplois créés, quel est le niveau d'employabilité des produits du système éducatif actuel et son impact sur les pressions migratoires, quelles améliorations au niveau des ressources hydriques disponibles et de l'approvisionnement des populations assoiffées, quel impact sur la réduction des poches de pauvreté au Sud mais aussi au Nord ? Quels financements dans un marché en pénurie de ressources ? Seules les réponses à ces questions permettront le soutien populaire nécessaire à un projet d'une telle ampleur. Ces réponses sont données par des institutions communes qui gèrent des politiques communes avec des financements paritaires selon les capacités contributives de chacun. Je n'oublierai pas de mentionner un facteur essentiel qui est le contrôle démocratique exercé par des instances législatives légitimes. Je ne négligerai pas non plus le rôle des acteurs non-étatiques dans tout projet collectif qui réunit les deux rives. Ces outils et mécanismes sont l'apanage d'un accord international qui comporte des engagements, des mécanismes de règlement des différends, la censure des pairs, des sanctions, des valeurs communes etc. Ce type d'accord est par essence même soumis à des ratifications constitutionnelles et devrait susciter un débat populaire, qui pour l'instant est totalement absent de l'UpM, et une appropriation du projet. Je n'ai aucune certitude que les populations enclavées dans le Sud de la Méditerranée, qui n'ont pas accès à l'eau potable, à l'enseignement et aux soins de base soient intéressées par les autoroutes de la mer.
C.H. : Finalement, l'UpM intéresse qui en particulier? Qui en tirera le plus de profit? Le moins? Pourquoi?
H.A. : La réponse à cette question est largement suggérée par la précédente. Ce n'est un secret pour personne que la durée de gestation de l'UpM n'a pas permis d'approfondir la faisabilité de toutes les options. J'en veux pour preuve le fait que la négociation de la déclaration du sommet du 13 juillet a longtemps buté sur la question palestinienne. Le compromis finalement retenu sur la pression d'Israël a donné la tonalité pour l'action future et explique une certaine lassitude et une fatigue des acteurs du Sud. L'asymétrie institutionnelle et des modes de décision entre l'UE et le Sud est handicapante : nos incapacités collectives d'analyse et de coordination, nos rivalités résiduelles et notre incapacité à dialoguer avec nos collègues des Balkans et bien d'autres facteurs font que la parité de l'UpM est strictement formelle. Je m'abstiendrai d'interférer dans le débat institutionnel européen sur la gestion de l'UpM pour simplement constater que l'attitude suédoise se démarque considérablement de la posture tchèque. Quant à savoir qui profite de l'UpM, là n'est pas le sujet. Nous parlons de prospérité partagée, de responsabilité commune et donc de bénéfices mutuels.
C.H. : Quels seront les impacts de sa mise en œuvre sur un pays comme le Maroc?
H.A. : Le Maroc avance dans la mise en œuvre des composantes du Statut Avancé. Dit autrement, il adapte progressivement son corpus légal et réglementaire, son appareil judiciaire, aux normes européennes. C'est notre chantier du siècle, voulu d'une manière souveraine : personne ne nous impose quoi que ce soit. Les composantes de ce chantier sont les ingrédients de la vision Royale du Maroc de l'avenir : c'est notre projet de société. C'est cela la spécificité marocaine au sein de l'UpM. C'est ce à quoi devrait aboutir cette Union si elle veut remplir son rôle.


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