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Ténor Group, Himinvest, Ménara Holding, Palmeraie Développement, Acfin, Aksal, Best financière, Anouar Investissement, Fininvest, Groupe Sekkat� : à la marocaine
Pas mal de patrons vivent cachés pour bien évoluer. Qui se dissimule donc derrière ces nouvelles structures, ces holdings qui se créent depuis quelques années et dont on parle de plus en plus ? Il s'agit d'en présenter quelques cas dans ce dossier. La liste n'étant à l'évidence pas exhaustive et les critères de sélection n'étant pas non plus objectifs (basés sur les performances financières, le nombre d'emplois, le nombre de sociétés…). A travers le temps, ils ont démontré qu'ils savaient faire du business et le faire fructifier. Ils ne sont pas forcément des héritiers ou des rentiers, même si dans certains cas, quelques personnes ont bénéficié de la notoriété d'un parent ou d'un proche. Ils ont misé sur des créneaux qui en valaient la peine. Ils ont eu du flair. La chance leur a souri. On aurait aimé évoquer le cas de plusieurs groupes, de nouveaux holdings qui émergent, qui sont en train de cartonner au niveau de leur business. Mais visiblement, les gens n'aiment pas trop qu'on parle d'eux, surtout lorsque leurs affaires commencent à bien marcher. Craignent-ils le mauvais œil ? Ont-ils des choses à se reprocher? Ou bien tout bonnement, leur tempérament discret les pousse-t-il à évoluer dans l'ombre? Peu importe la réponse. Chacun a ses raisons. Le but recherché ici n'est pas d'enquêter sur la manière des uns et des autres de se comporter. Mais seulement de tenter de dénicher des cas de groupes qui, ces dernières années, ont su développer leur business au point de créer de grandes structures, des holdings en l'occurrence, pour mieux grandir. Ce phénomène ne date pas d'aujourd'hui... L'évolution des holdings remonte pour la plupart aux années 1970 et 1980, quoiqu'il en existait quelques-uns avant. « Les capitaux familiaux, les capitaux étrangers voire même les capitaux sous contrôle public se sont développés sous forme de holdings tout au long des quarante dernières années, ce n'est donc pas un phénomène récent », tient à préciser M'hammed Sagou, l'ancien ministre des Finances et actuellement gérant de Sud Actif Groupe Finance (Sagfi). Ce qui est d'actualité, c'est en fait cette tendance dans la nouvelle génération de patrons à vouloir créer ce genre de structures pour mieux prospérer. La structure du holding leur offre des formes juridique, fiscale, et financière qui arrangent. « (…) Souvent, les holdings sont constitués afin d'assurer l'unité d'un groupe d'entreprises tout en maintenant l'autonomie juridique de chacune d'entre elles. Cela constitue aussi un instrument financier non négligeable, susceptible de créer un effet de levier financier et de favoriser les transmissions d'entreprises », explique Abdelkader Boukhriss, administrateur de Société Fiduciaire du Maroc (SFM). Il poursuit : « la conjoncture actuelle impose de plus en plus aux groupes la recherche de nouvelles techniques leur garantissant une croissance permanente. La création d'un holding constitue un outil pour développer la croissance interne et externe du groupe. D'autre part, la préparation d'une introduction en bourse passe par la constitution préalable d'une société holding dans un souci de maîtrise de la politique de distribution de dividende. Enfin, un holding peut assurer la pérennité d'une entreprise et le maintien de son contrôle en évitant une trop grande dispersion des titres. Très souvent, des entreprises de type familial sont menacées de disparaître ou d'éclater sous la pression des membres de la famille qui poursuivent des buts différents. La création d'un holding permet la constitution d'un noyau stable et par la même, le contrôle de l'ensemble des entreprises du groupe ». Des avantages qui ont donc toute leur importance. Les patrons cherchent de plus en plus, et de surcroît dans la conjoncture actuelle, d'abord à préserver leurs acquis, et ensuite à se lancer dans des créneaux porteurs. Les groupes vont donc chercher à se diversifier pour maximiser leurs profits. « Soit ils s'intègrent dans leur métier d'origine s'ils y trouvent un avantage de coût, soit ils se diversifient dans un secteur complètement différent si les profits y sont plus élevés : c'est ce qui arrive maintenant avec le secteur de l'immobilier», reconnaît Sagou. Les arguments des patrons qui ont décidé de procéder à la constitution des holdings abondent dans ce sens. Zouheir Bennani, le patron de Best Financière, a décidé en 2002 de regrouper ses différentes filiales en gardant sur chacune d'entre elles le contrôle et une influence significative en matière de gestion. Cela lui a permis également de lancer de nouvelles activités. « La création du holding nous a permis d'institutionnaliser le tour de table des filiales en regroupant les intérêts des actionnaires historiques au sein d'une même structure actionnaire (Best Financière), qui s'exprime d'une seule voix aux côtés des actionnaires institutionnels qui nous ont rejoints au fur et à mesure de notre développement», résume Zouheir Bennani. Idem du côté de Ménara Holding. « L'idée de créer une pareille structure a toujours été dans l'esprit des actionnaires pour regrouper toutes les activités dans une seule entité. Cela permet de consolider tous les actifs », ajoute Hamza Mouhyi, directeur de Développement du holding. On l'aura compris, la tendance (ce n'est donc a fortiori pas un phénomène de mode) est à la création de holdings. En plus des « classiques », des structures que tout le monde connaît plus ou moins bien, d'autres se développent de plus en plus. L'on peut citer par exemple les cas de Sopar, le holding de la famille de Saad Kettani, de Sanam Holding (Unimer, Taslif, Label'Vie, Stockvis, CNIA…) du groupe Saïd El Eulj, du groupe Rahal, le maître traiteur qui se diversifie dans l'agro-alimentaire, les nouvelles technologies, la restauration, la pharmacie…, des affaires en pleine phase de croissance de Hicham Chbihi, le président de la commission Emergence de la CGEM qui détient, entre autres, Atlas Capital, du groupe de Kamil Benjelloun, le patron de CBI qui s'est diversifié dans diverses activités (informatique, centres d'appels, distribution avec Mr Bricolage…)… Dans le business, c'est une génération de patrons qui se fait remarquer. Ils sont plus offensifs. Ils le valent bien. 3 questions à M'Hammed Sagou, ancien ministre des Finances, gérant de Sagfi Pour quelles raisons pensez-vous que de plus en plus de groupes se constituent en holding ? Quels sont les avantages que cela procure? Les groupes se constituent sous forme de holding essentiellement pour des raisons de gestion, mais aussi juridique, fiscale et financière. Un groupe sous forme de holding est mieux centralisé en termes de pouvoir de décision avec un effectif réduit, mais un large éventail de sociétés contrôlées. Sur le plan juridique et fiscal, avec le jeu des participations financières en cascade, la holding permet de démultiplier le pouvoir de contrôle avec un minimum de capital. Enfin, sur le plan financier, le groupe sous forme de holding a le mérite, s'il est consolidé, de montrer une surface financière plus importante que s'il se présente en sociétés isolées. Qu'est ce qui explique que ces groupes cherchent à se diversifier ? Les groupes se diversifient, selon la conjoncture, de plusieurs manières, mais avec un seul objectif : maximiser leur profit. Soit ils s'intègrent dans leur métier d'origine s'ils y trouvent un avantage de coût, soit ils se diversifient dans un secteur complètement différent si les profits y sont plus élevés : c'est ce qui arrive maintenant dans le secteur de l'immobilier. Ces nouveaux jeunes holdings ont-il une chance de faire le poids devant les holdings issus de la marocanisation ? Il y a certes les holdings issues de la marocanisation, mais elles sont en cours d'être rattrapées par de nouveaux groupes qui ont investi dans des secteurs nouveaux, comme les télécommunications et les nouvelles technologies. On remarque d'ailleurs que les jeunes groupes (holding) s'introduisent de plus en plus en bourse, et développent aussi une stratégie de croissance plus forte et plus agressive que les anciens.