C'est un fait. Rares sont les agences marocaines qui arrivent à s'imposer face à la présence de concurrentes affiliées à des réseaux internationaux. Et même celles qui y arrivent préfèrent travailler dans l'ombre pour des raisons qu'elles ne veulent pas dévoiler. Tour d'horizon des six opérateurs qui font le plus parler d'eux. Tout d'abord un constat. Le premier élément qui interpelle quand il s'agit de traiter le sujet des agences immobilières au Maroc est l'absence de statistiques fiables. Et pourtant, durant les cinq dernières années, l'euphorie immobilière s'est emparée de l'ensemble des villes marocaines. La floraison d'agences immobilières n'a donc pas été accompagnée d'une professionnalisation du secteur, dans le sens où la législation ne traite pas directement de cette activité. Il est en effet tellement difficile de s'enquérir de données sectorielles exactes, que certains professionnels en font un sujet de plaisanteries. « Si vous avez cette information, je serais heureuse d'en prendre connaissance », lance tout sourire Dounia Boukhari, DG de l'agence Laforêt. « On dit souvent en s'amusant que tout le monde est agent immobilier en particulier à Marrakech, ce qui est le cas, au détriment de l'évolution positive de cette profession, et de manière directe, du secteur de la promotion immobilière en général », réagit Mehdi El Baroudi, responsable à l'agence Immarrakech. Toujours est-il qu'en l'absence de ces informations chiffrées, certaines agences ont pu, à vue d'œil, sortir du lot. Elles sont plus visibles, investissent dans des show-rooms, sont affiliées à des réseaux internationaux ou tout simplement jouent sur l'originalité et la qualité de services pour se démarquer des autres. Chaque agence immobilière possède une stratégie de développement propre qui la classera sur certains types d'actifs ou de services. En fonction de cela, elles développent certaines prédilections sur des niches particulières : la location, l'immobilier d'entreprise, le luxe ou le standing. Mais généralement, c'est dans le haut standing qu'elles agissent, étant donné que pour ce qui est de la gamme inférieure / sociale, les promoteurs préfèrent encore se charger de la commercialisation à travers des «bureaux de ventes» et les samsars traditionnels. Tour d'horizon des principaux intervenants. Carré Immobilier, la maroco-marocaine Nombreux sont en effet ceux qui pensent que cette agence est une franchise française. Il n'en est rien. C'est peut être la nationalité de celui qui dirige l'agence qui sème la confusion. Mais lui-même est fier que « Carré Immobilier ait vu le jour à Casablanca ». C'était en 2002, « avant même l'explosion immobilière au Maroc », tient à préciser William Simoncelli, comme pour se démarquer de ceux qui ont ouvert pendant la période d'effervescence. Puis il y a eu l'ouverture d'une antenne à Marrakech en mars 2008. Le choix de s'installer en priorité à Casablanca puis dans les autres villes avait été décidé dans une logique d'accompagnement des clients (majoritairement présents à Casablanca) dans le développement de leurs projets à travers le Royaume. Deux nouvelles ouvertures sont en perspective : Rabat et Tanger. Toutefois, le ralentissement observé ces derniers mois a obligé l'agence à se concentrer sur des priorités. Toutes ne font pas partie des missions classiques développées par Carré Immobilier. Un département dédié spécialement à l'immobilier d'entreprise a été créé pour accompagner cette activité. Mais Simoncelli n'y met pas tout son poids. «Croire que l'immobilier d'entreprise prendra de l'importance au dépend de l'immobilier résidentiel est illusoire, car l'immobilier d'entreprise est en prise directe avec l'activité économique et par conséquent, il est plus sensible aux variations que nous connaissons en ce moment ». Immarakech : L'indépendante Cette agence a emprunté un chemin pour le moins atypique. Inaugurée sous l'enseigne Century 21 fin 2006, elle devient, en 2007, une enseigne indépendante. C'est ainsi qu'« Immarrakech immobilier » est née. « Cela nous a permis de recouvrir notre liberté au niveau marketing et communication, et ainsi de prendre en main notre destinée », lance Mehdi El Baroudi, responsable à l'agence. Quand certains se plaignent de la rareté des clients, lui raisonne autrement et y trouve carrément son bonheur : « dans le contexte austère d'aujourd'hui, la clientèle se fait rare, mais elle est plus sérieuse et surtout plus exigeante, et au fait du marché, de par la présence de plus en plus massive de supports concernant l'immobilier. Ainsi, nous effectuons un tri plus sélectif des demandes qui nous sont adressées en y investissant beaucoup plus d'efforts. Les dossiers sont moins nombreux effectivement, mais plus solides ». Un an après, ce Marrakchi, qui a pu se faire un nom dans la ville ocre, garde la tête sur les épaules et préfère se concentrer sur la région de Marrakech et non pas s'éparpiller au Maroc. Par prudence? Certainement, d'autant que la crise immobilière dans la région, tributaire de la santé financière des étrangers et RME, n'a pas manqué de frapper de plein fouet certaines agences qui n'avaient pas les reins solides. Certaines ont même été contraintes de déposer le bilan. «Soit. Mais, dans ce métier, la confiance est la pierre d'angle de l'édifice, elle se bâtit petit à petit, mais peut s'écrouler en un instant d'inattention… ». Cantarel : Au nom de l'arrière grand-père C'est résolument la plus ancienne de toutes. Roger Cantarel l'avait créée avec son père en 1943 et l'avait, à l'époque, développée grâce à des affaires de lotissements dans différentes villes du Maroc, raconte Elodie, sa petite-fille qui a repris l'agence familiale, il y a 3 ans de cela. « J'appartiens à la quatrième génération », se targue–t-elle. Au fil des années, cette agence s'est diversifiée pour intervenir dans les gérances et les ventes de terrains d'immeubles, (villas, fonds de commerce …..etc). Dans les années 70, la famille procède à l'ouverture sur d'autres villes du Maroc avec des agences régionales, notamment à El Jadida, Meknès, Marrakech, Tanger, Rabat. Aujourd'hui, c'est un recentrage sur la capitale économique qui s'est opéré. « Casablanca reste la ville où le secteur immobilier se porte le mieux», précise Elodie. «A mon arrivée, j'ai apporté un coup de tonus et de jeune à l'agence, en créant un site Internet qui est indispensable de nos jours. Ceci nous a ouvert les portes de l'Europe, d'où nous recevons beaucoup de demandes par mail». Celle qui pense qu'il n'y a pas de place pour d'autres agences immobilières au Maroc dans un contexte de saturation du marché ne compte pas seulement sur l'ancienneté pour tenir le cap. « Nous intervenons sur d'autres sites comme, www.repimmo.com et www.selektimmo.com, qui nous permettent de mieux nous référencer et d'être encore plus visibles. Grâce à la publicité et à Internet, notre agence immobilière se porte bien malgré la diminution des ventes », précise-t-elle. Repimmo : L'accompagnateur des expats Quand cette agence a ouvert au Maroc en 1997, sa première activité a été d'accompagner et de représenter des opérateurs économiques étrangers désireux de s'implanter sur le marché marocain. Ainsi, les activités directement liées à l'immobilier ne sont apparues que plus tard, «afin de répondre à la demande de nos clients, qui désiraient par exemple nous confier l'expatriation de leurs cadres », confie Pascal Gheller, directeur Réseau. Basée d'abord à Salé, l'agence s'est déployée géographiquement par la suite en fonction de l'évolution du marché et du potentiel de transactions. Des implantations à Casablanca, Kenitra, Tanger, Fès, Meknès, puis à Marrakech, Essaouira et Agadir ont vu le jour. L'année 2009 a été celle d'une transition vers la création de départements spécialisés dans l'immobilier professionnel, notamment par le biais de contrats importants avec des grandes enseignes et franchises internationales, dont il n'a pas désiré dévoiler les noms. « Ces opportunités nous amènent à envisager de nouvelles solutions en matière de prestations intégrées au groupe Repimmo Maroc, afin de répondre de façon plus efficace à ces grands comptes», se contente-t-il de préciser. Contrairement à de nombreuses agences qui craignent pour l'avenir, ce dernier demeure confiant. Deux éléments sont à l'origine de cette vision des choses. La première raison est que «de nombreux promoteurs marocains ou étrangers commencent à construire des appartements ou villas qui correspondent (enfin !) à la demande de la clientèle, que ce soit en termes de prix ou de surface ». La deuxième raison est « une généralisation de la déclaration du prix de vente total de la transaction, formule enfin comprise et acceptée par les promoteurs avec qui nous travaillons, ce qui permet aux clients qui contractent un prêt, de pouvoir financer à 100% leur achat ». Laforêt : Que du haut standing C'est au terme d'une étude de marché de près de deux ans que Laforêt s'est implanté au Maroc, il y a maintenant presque deux ans. L'agence est organisée autour de cinq départements distincts : particuliers, entreprises, gestion locative et gestion d'actifs, promoteurs et financement. « L'implantation à Casablanca est en elle-même symptomatique de la politique de notre enseigne, qui n'a pas voulu diffuser du produit touristique en quantité, mais au contraire accompagner le développement économique du Maroc sur le long terme», justifie Dounia Boukhari, directrice de l'agence de Casablanca. Pour cette jeune au look de femme d'affaires aguerrie, la crise n'a pas sa place dans son agence. Chiffres déroutants à l'appui. « En mai, notre agence de Casablanca a reçu plus de 400 demandes d'acquéreurs (423 exactement). Soit une hausse des demandes de 14,77 % par rapport au mois précédent. Aujourd'hui, nous recueillons les fruits de nos choix dans un marché qui devient plus mature et plus professionnel ». Parmi les principes qu'elle crie haut et fort : l'agence ne vend que des biens intégralement déclarés, « ce qui présente un avantage pour les acquéreurs comme pour les vendeurs qui trouvent ainsi plus facilement preneur». D'ici à fin 2009, une nouvelle agence sera créée à Rabat « qui est un prolongement naturel de nos activités ». Seulement, la multiplication des implantations ne fait pas partie de la stratégie de Laforêt, qui préfère ouvrir dans chaque grande ville du royaume une implantation de référence en termes de conseil et d'assistance en matière immobilière. Century 21 : L'américaine « Investissez 100.000DH et gérez votre propre agence Century ». C'est le spot mis en exergue pour commercialiser le concept de franchise propre au réseau Century 21 Wakalati, et qui confère à chaque franchise une indépendance juridique et financière totale. Aujourd'hui, ce sont une vingtaine de franchises qui sont opérationnelles dans les principales villes marocaines, dont plusieurs à Casablanca. De nouvelles ouvertures sont prévues courant 2009 confirmant des prévisions annoncées en grande pompe lors des premiers mois de l'arrivée de Century 21 au Maroc. C'est en effet en 2006 que cette franchise californienne fut introduite au Maroc avec une première agence dans la capitale économique. Mais elle a vite pu s'imposer comme une enseigne de marque. « Plus d'un million de transactions ont été opérées en 2008 par le réseau », se flatte le master franchisé Century 21 Maroc. Mais toutes ne portent pas sur la vente puisque, en plus de l'achat vente, le réseau se positionne aussi sur la location, les fonds de commerce et l'immobilier de bureau. Ceci étant, Century 21 présente une particularité par rapport aux autres agences affiliées à des réseaux internationaux : il agit sur plusieurs niveaux de standing. Un réseau que le grand public a découvert récemment à travers le partenariat conclu avec l'émission Dari f'bali diffusée sur la première et qui traite de la recherche de logement.