Des signes positifs révèlent un potentiel énorme de gaz dans le bassin du Gharb. Si la production actuelle a été raccordée au réseau gazoduc existant, une réserve importante a été découverte et permettra dans le futur proche d'alimenter d'autres compagnies locales. Le potentiel pétrolier du sol marocain est aussi prometteur. Que savait-on jusque-là, au-delà des effets d'annonce sur les découvertes de poches de gaz ou de gisements de pétrole, sur le potentiel du sol marocain en matière d'hydrocarbures ? Des zones d'ombre planaient plutôt sur la faisabilité économique de leur exploitation. Mais cette fois-ci, les responsables de l'ONHYM (Office National des Hydrocarbures et des Mines) se sont montrés plus généreux en révélant à Challenge des informations inédites. En relation avec la dernière annonce de la découverte de deux poches de gaz dans le bassin du Gharb, l'on apprend que 5 puits de gaz sont déjà exploités. « Les dernières découvertes de gaz dans le bassin du Gharb ont été réalisées dans le cadre de l'accord «Sebou» signé le 14 juin 2006 entre la société irlandaise Circle Oil et l'ONHYM. Le programme d'exploration a concerné les études géologiques, géophysiques et d'interprétation sismique qui ont permis de définir de nouvelles zones prospectives et de générer de nouveaux concepts pétroliers. Ces prospects ont été testés par le forage de 6 puits, dont 5 se sont révélés positifs et ont mis en évidence la présence d'accumulations de gaz biogénique. Les premiers puits ont été raccordés au réseau du gazoduc existant et leur exploitation a déjà commencé », a déclaré Wafae Benhammou, directeur de partenariat à l'ONHYM. La même responsable a ajouté que, concernant le forage (CGD10 sis) réalisé dans la zone, sur le permis de recherche «Sebou» dont les travaux ont démarré le 27 avril 2009, deux accumulations de gaz dont deux nouveaux réservoirs d'une épaisseur respective de 3,3 mètres et de 2 mètres ont été mis en évidence. L'explorateur Circle Oil a procédé à un test de courte durée au niveau du puits CGD10 Sis mais les tests de longue durée qui permettent de se faire une idée plus précise du potentiel du gaz en place sont nécessaires et seront réalisés ultérieurement, assure-t-on. Le gaz déjà produit est livré à la Compagnie marocaine des cartons et papiers (CMCP) dans le cadre du contrat de commercialisation la liant à l'ONHYM. Ces nouvelles découvertes, apprend-on, permettront fort probablement d'alimenter en gaz d'autres compagnies locales si la production devient suffisante. Au total et selon les clauses de cet accord, 15 puits sont programmés, 6 forages entre 2006 et 2009, 3 entre 2009 et 2011, et 6 autres entre 2011 et 2014. L'optimisme reste de mise à l'ONHYM. « L'Office et ses partenaires restent optimistes quant à la continuité de l'exploration et de découverte de gaz dans cette zone. Il faut signaler que c'est la première fois que des données sismiques 3 D ont été acquises dans cette zone, ce qui a permis d'augmenter le taux de succès. L'intérêt de ces découvertes est d'autant plus significatif qu'elles interviennent au lendemain de la révision de la loi régissant la production d'électricité dans notre pays, ce qui ouvre plus d'horizons à l'utilisation du gaz dans l'industrie locale de transformation », souligne Wafae Benhammou. Hydrocarbures : les contrats croissent Mais quelle est la nature du contrat liant l'ONHYM aux explorateurs sur le sol marocain? Les contrats qui lient l'Office aux partenaires sont soit des contrats de reconnaissance (travaux de recherche géophysique) soit des accords pétroliers (l'Etat et le partenaire) et contrats d'association (entre l'Office et le partenaire). Il faut signaler que ces contrats peuvent aboutir à des concessions d'exploitation d'une durée de 25 ans extensible de 10 ans si le gisement le permet. Pour l'heure, il a signé, en partenariat, 20 accords pétroliers et 7 contrats de reconnaissance. Au 9 juin 2009, le nombre de partenaires de l'Office dans la reconnaissance, l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures s'élève à 27 sociétés pétrolières indépendantes et super junior, assure-t-on. La plupart des compagnies exploratrices sont européennes ou américaines. Exception faite de Genting Oil, qui est une société pétrolière malaisienne, la deuxième après Petronas. Y a-t-il de nouveaux contrats en vue ? En fait, trois accords pétroliers portant sur des zones offshore et onshore sont en cours de finalisation en vue de leur signature prochainement. Par ailleurs, des manifestations d'intérêt sont parvenues à l'Office et sont à l'étude avant l'initiation des négociations. Quels sont aujourd'hui les potentiels du sol marocain en matière de pétrole et de gaz ?« Le Maroc dispose d'importants bassins sédimentaires qui restent malheureusement sous-explorés tant en onshore qu'en offshore. En effet, les bassins sédimentaires marocains onshore ne comptent qu'un nombre limité de forages d'exploration (255 puits). La majorité de ces forages ont été réalisés au cours des années 60-70 en se basant sur des structures de surface ou à l'aide d'une sismique de faible qualité. Les bassins offshore marocains, atlantiques et méditerranéens, malgré les épaisseurs de sédiments importantes, la taille de leurs structures, la grande diversité des objectifs, les thèmes et les concepts pétroliers mis en évidence, ne comptent que 34 puits, dont la majorité ont été effectués dans le domaine marin peu profond », affirment les responsables techniques de l'Office. Depuis l'année 2000, assure-t-on, l'ONHYM a établi et déployé une stratégie rénovée visant à dynamiser et intensifier les travaux de recherches pétrolières sur l'ensemble des bassins sédimentaires marocains. Cette stratégie a relancé l'activité d'exploration pétrolière au Maroc aussi bien en onshore qu'en offshore. Les différentes études géologiques, géophysiques et géochimiques réalisées de 2000 à 2008 dans les bassins sédimentaires ont démontré la possibilité d'existence d'un potentiel pétrolier favorable à l'accumulation d'hydrocarbures dans notre sous-sol. Pour le confirmer, il est indispensable de réaliser le maximum de forages d'exploration et augmenter ainsi les possibilités de découvertes commerciales. Tout bien résumé, le potentiel pétrolier et de gaz est énorme. L'avenir promet une production nationale importante. Seules les études prochaines détermineront leur quantité. Par conséquent, il est prématuré de parler d'une autonomie énergétique du Maroc, mais scientifiquement, rien ne contredit l'idée que le pays sera un producteur à l'instar des autres pays de la région dans un futur proche.