Taghazout ? Pourquoi pas. Amwaj ? Niet. Station Tifnit ? Le groupe fait partie de la short-list retenue pour son aménagement. Station Lixus ? Réajustement des produits pour la clientèle locale. Gestion de Sindibad ? C'est bien parti pour l'avoir. Développement à l'international ? Pas pour l'instant. Habitat intermédiaire ? Plein gaz sur ce segment. En se diversifiant, Alliances peaufine sa stratégie. C'est une «nouvelle» coqueluche. Alliances Développement Immobilier (ADI), plus connu sous la dénomination commerciale Alliances, est quasiment sur tous les fronts. Le groupe a cette réputation de «touche-à-tout». C'est normal. Dans son organisation, il a intégré tous les métiers de l'immobilier. Il est aménageur, développeur et promoteur à la fois. Le groupe, contrôlé majoritairement par son président-directeur général Mohamed Alami Nafakh Lazrak, suscite, depuis son introduction en bourse en 2008, la curiosité. Comment fait-il pour lancer plusieurs projets capitalistiques tout azimuts ? Selon les connaisseurs, la structure financière du groupe est indéniablement un de ses plus importants atouts. Et ce n'est pas Karim Belmaachi, le directeur général de l'ensemble, qui dira le contraire. « Notre grande force réside dans notre faible endettement ». L'entreprise a du cash qu'elle peut dépenser, mais pas n'importe comment. « Nous ne pouvons pas nous permettre d'investir partout. Nous misons sur des projets qui nous paraissent rentables (NDLR : et qui ne nécessitent pas beaucoup de fonds propres). Le tout est de garder un niveau d'endettement convenable», poursuit Belmaachi. En fait, Alliances est en train de se diversifier pour s'assurer le maximum de sécurité. Dans le cas où une activité du groupe flancherait, l'autre peut être considérée comme une sorte de soupape et ainsi de suite. Pour un promoteur immobilier, ce n'est donc pas un hasard si le groupe a voulu accentuer ses investissements dans le domaine de l'habitat intermédiaire. En l'intégrant comme un pilier de l'activité du groupe, Alliances conforte sa stratégie de repositionnement sur ce secteur à fort potentiel. D'ailleurs, sa part dans le résultat net part du groupe (RNPG) devra croître de 14% en 2008 à 44% en 2010. «Nous voulons nous diversifier dans tous les segments mais être prépondérants dans celui de l'habitat intermédiaire», précise Belmaachi. La structure souhaite faire de l'économique de catégorie « plus » et développer des offres entre 300.000 et 700.000 DH. Pour cela, le management a décidé de faire appel à des spécialistes en la matière. Il les a regroupés dans Al Darna, une structure autonome qui lui est dédiée. La part du résidentiel (habitat de standing et haut standing) et tertiaire devra elle aussi progresser de 7% en 2008 à 13% en 2010. Par contre, les activités des resorts golfiques (complexes alliant prestations haut de gamme (golf, club house…) et développement durable devraient passer de 50% du RNPG à 25% à l'horizon 2010. La part des prestations de services (réalisation de prestations touristiques clé en main) devrait s'établir quant à elle à 18% à cet horizon contre 32% actuellement. Alliances a donc lancé divers marchés sur l'ensemble des segments. Compte tenu de la crise actuelle, arrivera t-il pour autant à assurer la commercialisation de ses produits, notamment ceux destinés à la clientèle haut de gamme ? Pour Belmaachi, tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. «Nous avons un carnet de commandes bien rempli. Nous n'avons ni arrêté ni reporté aucun de nos projets. Nous n'avons pas non plus de problème de déstockage. Nous n'avons pas baissé nos prix. Cette crise présente au contraire des opportunités pour nous. Elle ne devrait pas, je l'espère, durer. Nous devons par contre travailler pour nous préparer à la sortie de cette crise ». 1 milliard de DH pour Lixus Ce n'est donc pas un hasard si Alliances a sauté sur quelques occasions pour se renforcer. Dans la station Port Lixus, le groupe devrait monter dans le capital de Salixus à hauteur de 83%. 50% ont été rachetés à Orco. Les 33% restants devront être rachetés à Thomas & Piron. Alliances a signé un engagement ferme de rachat. Mais il attend les conclusions de la due diligence (audit) qui devront déterminer le montant exact à verser. Il devrait être égal ou inférieur (mais sûrement pas supérieur) à l'offre du vendeur. Selon les informations que nous avons pu recouper, Alliances devrait, en toute vraisemblance, investir dans cette station quelque chose comme un milliard de DH d'ici à 2010. Ce montant comprend le montant de l'acquisition des parts de l'opérateur belge mais aussi des investissements à réaliser. Le golf est déjà praticable. Une centaine de villas devront être livrées à cet horizon et les constructions de deux hôtels ont démarré. Pour s'adapter à la conjoncture actuelle, le management songe à revoir sa politique de commercialisation de la station. « Nous devons repositionner les produits pour la clientèle locale de telle manière à présenter des offres adaptées à leur pouvoir d'achat. Nous souhaitons commercialiser par exemple des villas dont le prix varierait entre 1 et 3 millions de DH », explique Belmaachi. En s'adjugeant le projet de Port Lixus, Alliances fait ses premiers pas dans le développement des stations Azur. Le groupe compte aussi jeter son dévolu sur la station Tifnit, au sud du Royaume. Pour l'instant, l'aménageur-développeur fait partie d'une short-list de candidats appelés à aménager et à développer cette station, avec comme partenaire un investisseur étranger. Et qu'en est-il de Taghazout ? Il faut d'abord savoir à ce sujet qu'Alliances, en 2000 déjà, avait été retenu avec un groupe américain pour aménager cette station. Mais pour des raisons (probablement politiques), le projet lui a été retiré pour être remis aux Saoudiens, Dallah Baraka. Aujourd'hui, le groupe Colony, qui avait remporté l'appel d'offres pour s'occuper de ladite station, s'est vu assigné par le gouvernement marocain de tout laisser tomber parce que les délais n'ont pas été respectés. Y aura-t-il un repreneur ? Pour l'instant, rien ne circule encore sur le devenir de cette station. Certaines voix pointent du doigt Alliances. Karim Belmaachi, lui, ne cache pas l'intérêt du groupe pour ce projet. « Nous avons longuement travaillé sur ce projet que l'on connaît assez bien. Nous serions intéressés par lui si (et seulement si) l'opportunité se présentait. Il s'agit de notre métier de base que nous pourrions développer sur ce magnifique site». Sur un autre registre, l'on se demande également si le groupe Alliances pourrait porter son attention sur une reprise éventuelle des parts de Sama Dubaï dans le projet Amwaj (2ème séquence de l'aménagement de la vallée de Bouregreg). Le directeur général d'Alliances coupe court à cette interrogation. « Nous n'avons jamais analysé ce projet dans le détail. Nous ne savons pas encore ce qui va se passer ». Et de continuer : « Nous faisons attention à ce que nous faisons. Nous ne devons pas nous disperser. Nous disposons de ressources, mais nous devons les allouer de la manière la plus optimale ». De juillet dernier à l'année 2010, Alliances devrait investir 23,4 milliards de DH et utiliser ses fonds propres, mais aussi compter sur les acomptes des produits vendus, des emprunts… La mécanique est lancée. Alliances a de quoi s'occuper pour au moins une décennie.