C'est la première fois depuis l'affaire Dallah El Baraka à Taghazout, qu'un investisseur se retire de l'une des stations du plan Azur. Orco, l'investisseur néerlandais, cède la place à un nouvel entrant qui n'est autre que le groupe immobilier Alliances. Explications sur une opération pour le moins inattendue. La nouvelle, plutôt surprenante, est tombée ce lundi 1er septembre: «le groupe Alliances prend une participation de 50% dans Port Lixus, station du Plan Azur située à Larache», titre le communiqué de presse signé «Alliances». Qu'est-ce qu'une valeur immobilière, récemment introduite en bourse, vient faire dans une station du Plan Azur? Si la réponse à cette question peut de prime abord sembler évidente pour certains, vu les répercussions positives qu'aura cette opération sur le business-plan d'Alliances et sur la valeur de son action, il n'en reste pas moins que le retrait d'Orco ne tombe pas forcément sous le sens. Il est vrai que le Groupe Alliances est en réalité présent à Lixus depuis 2007. «Thomas et Piron, et Orco nous ont témoigné leur confiance dès 2007, en nous confiant la mission de réalisation des aménagements et des composantes immobilières du projet», affirme une source interne à Alliances. Sans compter Seulement pourquoi Orco se retire alors que la station vient de lancer le début des travaux de développement (construction d'hôtels, de résidences,….) en mai dernier? Car pour les investisseurs le plus dur (l'aménagement: viabilisation du terrain,..) est passé. Qui est donc Orco ? Mieux encore, la quasi-totalité des parcelles de terrains de la phase 1 de la station ont été confié à des développeurs pour la construction d'hôtels,…Alors pourquoi se retirer d'un projet «qui roule»? Est-ce par manque de liquidités pour financer l'aménagement des phases ultérieures de Port Lixus? Ou bien est-ce parque l'on a fortement suggéré à Orco de céder la place? En réalité Orco, ou plus justement la foncière Colbert-Orco, est une association franco-néerlandaise, connue pour ses activités dans le domaine golfique. Présents à Paris, mais aussi à Saint Tropez (domaine golfique de Gassin), à Barcelone et Madrid, le groupe développe un projet immobilier à Marrakech et est également actionnaire, aux côtés de Risma et Thomas & Piron, de la Saemog, société d'aménagement d'Essaouira Mogador. Au passage, doit-on s'attendre dans les jours, semaines, voire mois à venir, au retrait d'Orco de Mogador, la station du Plan Azur d'Essaouira? En tous cas, pour ce qui est de Lixus, voilà comment Alliances justifie le retrait d'Orco. «Cette cession s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle étape dans le développement de la station Port Lixus. La première phase de développement du projet consistait principalement dans la conception des aménagements et des infrastructures. L'expertise de la société Orco dans cette conception a permis à Lixus d'être parmi les projets de développement les plus avancés du Plan Azur. Toutefois, la finalisation de cette phase et l'exécution des phases ultérieures de développement vont nécessiter une expertise de gestion au quotidien du projet immobilier», explique une source autorisée. Est-ce à dire qu'Orco n'était pas suffisamment impliqué dans le projet de Port Lixus? Y-a-t-il eu des défaillances? En tous cas, aucun représentant de Orco n'était présent lors du lancement des travaux de la phase 1 de la station, et c'est toujours Thamas & Piron qui a été au devant de la scène pour tout ce qui relevait des annonces relatives à la station. Interrogé au sujet du retrait d'Orco, le PDG de Thomas & Piron au Maroc, Christian Vande Craen, livre une réponse pour le moins ferme: «Je ne peux rien vous dire tant que cette opération l'agrément du gouvernement». Quand interviendra-t-il? «Le projet Port Lixus est une des stations du Plan Azur. Dans ce cadre, ORCO et Thomas et Piron ont signé avec le gouvernement marocain une convention d'investissement en 2004. Aussi, cette opération d'acquisition indirecte des 50% de Orco dans SALixus par Alliances, nécessite l'agrément du gouvernement marocain. Les autorités compétentes instruisent actuellement la demande», explique Alliances. Mais gageons que le gouvernement ne mettra vraisemblablement pas de bâtons dans les roues du Plan Azur…Seulement une question reste en suspend: après la main mise de Addoha sur Fadesa et donc sur la station du Plan Azur de Saïdia, après l'entrée successive des investisseurs marocains H Partners (fonds d'investissements touristiques marocains AWB et BP) et Alliances dans Port Lixus, à qui le tour? Après avoir été concédées, dans un premier, en majorité à des investisseurs étrangers, les stations du Plan Azur tombent une à une dans l'escarcelle de gros bonnets marocains. Du moins aujourd'hui, le tour de tables est en majorité «made in morocco». La revanche d'Alliances Le texte pose encore problème L a société Alliances Développement Immobilier a été fondée en 1994 à l'initiative de Mohamed Alami Nafakh Lazraq. Depuis sa création, la société s'est spécialisée dans l'étude, le montage et la conduite de réalisations immobilières et touristiques de grande envergure pour le compte d'investisseurs internationaux et d'institutionnels Marocains. Ainsi, le groupe Alliances a mené avec des projets d'aménagement confiés par des institutionnels de la place et par des chaînes internationales dont il a été le partenaire privilégié (groupe Accor, Four Seasons Hotels and Resorts, Club Med, TUI, Lucien Barrière...). Implanté à Casablanca et Marrakech, le groupe Alliances a diversifié ses activités au fil des années pour se positionner aujourd'hui comme le premier opérateur immobilier et touristique intégré au Maroc intervenant sur l'ensemble de la chaîne de création de valeur : le développement, la promotion, la commercialisation et la gestion. Les créations des différentes filiales de services et de projets se sont inscrites dans le cadre de la stratégie globale d'intégration du groupe. Ainsi, au fur et à mesure, le positionnement d'Alliances Développement Immobilier a évolué d'un prestataire de services dans la réalisation à un promoteur immobilier sur quatre segments complémentaires et qui fournit également une palette complète de services immobiliers (réalisation, commercialisation et gestion d'actifs). Avec cette dernière prise de participation de taille, juste après son introduction en bourse en juin 2008, le groupe a réussi un joli coup d'éclat. Seulement, il faut savoir qu'Alliances n'en est pas à son premier coup d'essai dans le tourisme. En 1999, bien avant la naissance du plan Azur tel qu'on le connaît actuellement, Alliances faisait partie du consortium, avec l'américain Bechtel, choisis par l'Etat pour l'aménagement et le développement de Taghazout. Une expérience qui s'était conclue par un échec.