Au Maroc, on pense déjà à rallonger le budget de centaines de millions de DH pour alimenter une cellule de crise contre une épidémie qui ne tue pas. Il a d'abord fallu combattre les rumeurs laissant entendre que le virus de la grippe mexicaine est d'origine animale. L'épidémie de grippe mexicaine n'est pas d'origine animale. Pas de panique alors. L'élevage du porc au Maroc n'est donc pas mis en cause et les contrôles des services vétérinaires le confirment. Quant aux éventuelles contaminations par des touristes, toutes les mesures ont été prises pour éviter l'éventuelle introduction de cette maladie. « Il n'y a aucun danger à signaler. Nous avons cerné tous les points d'entrée terrestres et maritimes. Nous détectons tout cas suspect de grippe ou d'infection pulmonaire. Des centaines de millions de DH ont été dépensés dans l'achat d'équipements (ambulances entre autres), de médicaments, de masques...», déclare Dr Chaouki, président de la cellule de crise composée de représentants de différents départements, et qui bénéficie d'un large réseau de postes de commandements régionaux et préfectoraux de la gendarmerie royale. Gérant ce budget, cette cellule est en train de discuter une rallonge budgétaire. Le Dr Chaouki, en scientifique avéré, directeur de la direction de l'épidémiologie au ministère de la Santé, ne cesse d'expliquer que l'origine de la grippe mexicaine (grippe porcine est une fausse appellation) n'est pas animale. « Il n'y a pas eu d'épizootie (épidémie) de grippe chez les animaux. Ce virus se transmet d'homme à homme. Nous sommes en présence d'une épidémie avec comme base les virus A, H1 et L1 », rassure-t-il. La grippe ne tue pas ! Très actif ces derniers jours, le Dr Chaouki combat actuellement des rumeurs relatives au taux inquiétant de mortalité de l'épidémie. « Il y a eu en tout 7 décès au Mexique et un cas aux USA. Cette maladie a un taux de mortalité très faible voire insignifiant. Le constat scientifique a permis de savoir que cette épidémie ne tue pas. Sur 9 pays dans le monde où des cas de contamination ont été déclarés, il n'y a eu aucun décès. », rassure-t-il. Même son de cloche au ministère de l'Agriculture. Le Dr Hamid Benazzou, directeur à la direction de l'élevage, assure de son côté que l'origine du virus de la grippe mexicaine est tripartite, une souche aviaire, une porcine et une humaine. Les derniers constats scientifiques montrent que très probablement, une combinaison de ces trois souches a eu lieu sur le continent nord-américain. C'est une maladie humaine, transmissible d'homme à homme, mais surtout pas porcine. Et malgré tout, ne serait-ce que pour apaiser la panique, mais aussi par mesure de précaution envers les consommateurs de viande porcine, la direction de l'élevage a interdit son importation. Une consommation qui grandit au Maroc. La viande de porc est aujourd'hui commercialisée dans les grandes surfaces. On la sert dans les restaurants et hôtels classés. La filière ne se porte déjà pas bien et demeure très marginale, la production locale subissant de plein fouet la domination des produits importés. En effet, l'importation de viande porcine s'est substantiellement accrue en corrélation avec le développement du tourisme, selon les professionnels du secteur. Les fermes porcines abritent aujourd'hui un total d'environ 5.000 têtes parfaitement contrôlées, selon le ministère de l'Agriculture. Ce cheptel est situé dans quatre fermes autour d'Agadir, deux près de Casablanca (Mohammedia), et une à Taza (nord), tenues par un chrétien, deux juifs et quatre musulmans. Le chiffre d'affaires s'élève à 12 millions de DH (1 million d'euros) pour une production d'environ 270 tonnes de viande par an. En tout cas, le virus est loin des élevages de porc marocains. Aujourd'hui, on n'a constaté aucune trace d'épidémie chez la bête (porc). Et pour se rassurer davantage, aucune bête vivante n'est importée.