Quand je lis ce qui s'écrit sur l'USFP, je passe rapidement de l'amusement à l'agacement, parce que l'histoire qu'on nous vend n'à rien à voir avec la réalité. Celle-ci ne se résume pas à la lutte entre Driss Lachgar et Ahmed Zaidi, la crise est beaucoup plus profonde. Le tihad a raté un rendez-vous important, celui du neuvième congrès. Il aurait fallu en faire un congrès refondateur, d'abord en critiquant les choix passés. La participation en 2002 n'avait aucun sens. Abderrahmane Youssoufi à l'époque Premier Secrétaire a fait la bonne analyse.....à Bruxelles, après avoir dirigé des négociations sur les portefeuilles. En 2007 l'USFP battu aux élections a quand même participé au gouvernement au nom des alliances. La réaction a été la désaffection des bases. Cela s'est répercuté lors du 8ième congrès. Les Tihadis ont clairement appelé à la monarchie parlementaire. Ce n'était pas de la provocation mais le résultat d'une analyse froide selon laquelle seule une vraie réforme des institutions politiques pouvait assurer la stabilité du pays et son développement. La direction n'a pas été à la hauteur du texte voté par les congressistes et a préféré négocier la Présidence du Parlement alors que les électeurs ont classé l'USFP en cinquième position. Depuis le parti est largement ouvert aux notables qui ont réussi à fossiliser l'organisation et à en éjecter les militants. La vraie bataille ce n'est pas de savoir qui de Lachgar ou Zaidi a raison, mais de rendre le Tihad aux militants pour qu'il redevienne l'instrument de la lutte des masses pour leur émancipation. C'est un combat porté par des militants qui font preuve d'une grande abnégation alors que d'autres, les plus nombreux, négocient déjà leur place au sein des listes. Sur le front syndical, la scission au sein de la FAT relève du ridicule. Cette centrale est une coquille vide qui n'apporte rien au Parti. Elle ne sert que les intérêts des rentiers du syndicalisme. El Azzouzi et Fatihi se comportent en chefs de clan, se disputent l'argent public et rien d'autre. Les militants avaient choisi de rompre avec l'idée d'un syndicat maison. Lachgar avait déclaré que « l'USFP soutiendra toutes les centrales militantes ». C'est ainsi qu'il a rendu visite à l'UMT et à la CDT, malgré son inimitié avec Amraoui. Les enjeux relayés par la presse ne sont que de l'écume. L'enjeu réel pour l'USFP, mais aussi pour le PPS c'est de retrouver une identité, un projet qui respecte l'histoire de la Gauche marocaine. Les directions sont obnubilées par les élections et les maroquins, au point de présenter des candidats sans aucun lien avec le parti. Le Maroc a besoin d'une Gauche moderne, social démocrate à l'avant-garde des revendications sociétales. Les cadres existants peuvent ils être rénovés ? C'est une vraie question à laquelle beaucoup de militants répondent par la négative. Ceux qui restent mènent un combat au quotidien pour préserver l'âme de leur parti. C'est leur faire injure que de réduire ce combat à une lutte de personnes.