Le moins que l'on puisse dire, c'est que les travées de la bourse sont abandonnées par les investisseurs. Les titres cotés ne sont plus aussi attractifs. La tempête boursière est passée par là, et désormais, l'argent est placé ailleurs. Les marchés obligataires et monétaires ont gagné en attractivité et représentent désormais des alternatives de placement non négligeables. La place boursière casablancaise est surtout marquée par l'absence de volume dans les transactions. Chat échaudé craint l'eau froide. Les investisseurs, qui n'ont pas encore digéré leurs pertes de fin d'année, sont pour le moins prudents dans leurs placements sur les titres cotés. Leur confiance est bien entamée et leur épargne se place désormais ailleurs. Des produits refuges sont désormais sensiblement plus attractifs. Quels sont-ils ? L'immobilier, qui rivalisait d'attractivité avec le marché boursier, semble avoir perdu son lustre en même temps que son acolyte. L'alternative de placements semble donc rester dans le giron financier. Ainsi, les dépôts à terme semblent gagner en racolage. «Les placements sur les titres souverains sont chers à long terme. Toutefois, ils sont assez intéressants sur le court terme». Cette affirmation prend tout son sens quand on sait que c'est Driss Benani Smires, directeur général des Banques Populaires qui la tient. En effet, de tels propos tenus par une si grosse gâchette, pour des balles en dirhams, sont un élément symptomatique d'une tendance générale chez les investisseurs. Or, les plus gros placeurs font office de prescripteurs pour les petits épargnants. Aussi, quand ceux-ci montrent leur intérêt pour les dépôts à terme, c'est un véritable appel d'air pour cette catégorie de placements. Jusqu'ici, les DAT n'excitaient pas les convoitises, vu que les taux étaient historiquement bas. Depuis, bien des choses ont évolué. Les «zinzins» prescripteurs Les taux d'abord, puisque le taux directeur a été rehaussé de 25 points de base. Même si à ce propos, Bank Al Maghrib réfléchit à un retour au taux historique dans le courant de l'année. D'autre part, les DAT affichent une contrainte inhérente au blocage des fonds jusqu'à échéance. Le cas échéant, une pénalité de 2% est appliquée sur les intérêts qui doivent être perçus. Toujours est-il que le marasme boursier pousse à reconsidérer les options prises par le passé. Mais d'autres placements s'imposent avec acuité dans cette conjoncture. Il s'agit des OPCVM (organismes de placement collectif des valeurs mobilières), qui ont notamment un attrait particulier en termes de disponibilité des fonds donc de liquidités, par opposition aux DAT. Une nouvelle décision du ministère des Finances vient à point nommé pour donner aux institutionnels le droit d'élargir la partie OPCVM à 60% du portefeuille. Une manière de leur donner les moyens de sécuriser l'épargne massive qu'ils gèrent. Aussi, comme le principal souci de l'épargnant consiste uniquement à « tenir le coup » en attendant une reprise de la place financière casablancaise, le marché de la gestion des actifs représente une bonne alternative. Car les fonds placés peuvent êtres mobilisés à tout moment, dès que les gestionnaires estimeront que la place aura atteint son Nadir. En plus, dans l'optique d'une éventuelle IPO, il sera plus aisé de se placer en souscripteur. Les investisseurs, zinzins» ou pas, sont dans l'expectative. Ils ont déserté depuis belle lurette le marché des actions. Mais à quelque chose malheur est bon ! Et peut-être est-ce une occasion inespérée pour d'autres marchés, notamment obligataire et monétaire, de prendre enfin leur envol. Encore faut-il que l'avènement d'une reprise, qui est inéluctable, à la BVC, ne remette pas en cause les avancées que la crise aura permis. Non pas que les épargnants soient d'humeur vagabonde, mais c'est qu'ils sont pragmatiques. Alors si les sirènes du profit reviennent à la bourse, elles amèneront les liquidités avec elles.