Pendant plusieurs années, la subvention pour les produits pétroliers n'a pas dépassé le milliard de dirhams, alors que la taxe intérieure à la consommation en rapportait plus de 8. Mais depuis la crise, le Trésor traine un boulet dont il ne sait que faire. Et les pétroliers continuent de recourir à l'emprunt pour financer leur fonds de roulement. La Caisse de compensation est habituée à cumuler des arriérés pour les principaux bénéficiaires de la subvention. Et de tous ses créanciers forcés, ce sont toujours les pétroliers qui occupent le haut du pavé, suivis du secteur du gaz. Ces derniers ne ratent pas l'occasion de se plaindre, n'hésitant pas à crier à l'étouffement financier. La dernière sortie du groupement des pétroliers du Maroc (GPM) date du 25 mai dernier. Ils avancent quelque 15 milliards de dirhams d'arriérés, ce qui devrait représenter plus de 4 mois d'activité. En 2011, la subvention destinée aux produits pétroliers a été de l'ordre de 41 milliards de dirhams environ. Il faut dire que ce problème d'arriérés de la Caisse de compensation se pose avec acuité avec la flambée des cours du pétrole. Car faut-il le rappeler, les hydrocarbures en général sont passés d'un statut de manne financière à celui de boulet que traine la Caisse. En effet, pendant longtemps, les produits pétroliers ont rapporté plus qu'ils n'ont réellement coûté. Puisque contrairement à ce l'on pourrait penser, les produits pétroliers, avant de profiter de la subvention, doivent d'abord supporter la Taxe intérieure à la consommation (TIC). Et des décennies durant, la balance pesait plutôt du côté de la TIC. Ainsi en 2003 par exemple, quand la subvention aux produits pétroliers n'était que d'un petit milliard, la TIC rapportait quand même 8,32 milliards de dirhams. En somme c'était la période où le Trésor public était bien content de l'évolution de l'activité des pétroliers. Malheureusement, les choses ne sont plus ce qu'elles étaient. Puisque désormais, la subvention a atteint des sommes astronomiques, alors que la TIC ne rapporte pas plus que 12 milliards par an. C'est dire que cette situation où les arriérés atteignent des niveaux relativement importants est nouvelle aussi bien pour les pétroliers que pour le Trésor. Les premiers n'ont d'autres choix que d'allonger à leur tour le règlement de leurs factures fournisseurs et de se tourner auprès des banques. Et pour le Trésor, qui n'était habitué qu'à décaisser un petit milliard de dirhams par an, il y a à peine une décennie, doit débourser jusqu'à une quarantaine de milliards de dirhams. Autant dire que c'est une situation que l'argentier du pays n'est pas habitué à gérer. On est plutôt à l'heure de la recherche de solutions pour venir à bout de ce déficit de trésorerie. Le ministère des Finances avait proposé la titrisation de la dette des pétroliers afin d'en faire un actif financier cessible sur les marchés financiers, en attendant que l'Etat débourse la somme correspondante. Néanmoins, jusqu'ici il s'agit d'un projet qui n'a pas été réellement mis en œuvre. Cette créance vis-à-vis de l'Etat figure toujours dans le bilan des entreprises comme telle et non comme de la trésorerie. Heureusement, il y a une autre solution beaucoup plus efficace, mais qui n'est pas pour faire plaisir aux consommateurs. Il s'agit d'une suppression pure et simple de la subvention. Puisque tout le problème vient du fait que le gasoil, l'essence et le fuel sont encore subventionnés. Dans quelques mois, le poids de subvention des produits pétroliers sera fortement allégé dans les comptes de la Caisse de Compensation.