Suite aux revirements des tendances des marchés financiers, les habitudes d'épargne et de placement prennent une autre tournure. Traditionnellement tournés vers le foncier, puis la Bourse, les investisseurs tout comme les particuliers croulent sous le poids d'un questionnement qui, pour certains, devient existentiel : où placer son argent ? Du côté des banques, les formules classiques de placement dénotent par la faiblesse de leur rentabilité. Les compagnies d'assurance, quant à elles, visent depuis quelque temps une clientèle haut de gamme, en proposant des produits alliant les prestations de l'assurance à celles de l'épargne, voire de la retraite complémentaire. Alors que pour les intervenants du marché financier, l'occasion est trop bonne. Terminée l'euphorie de la bulle spéculative et bienvenue au retour à des opérations de placement fondées sur les fondamentaux. Aux «placeurs» avertis de faire la part des choses, entre leurs attentes et l'appréciation du risque. Pour l'heure, et même à l'étranger, les OPCVM ont la cote. Ces «purs» placements ne sont pas confrontés directement aux fluctuations des titres cotés comme les fonds actions ou diversifiés. En tout état de cause, les experts insistent sur la prudence dans toute démarche et l'opportunité de se référer aux professionnels de la gestion collective. A vous de choisir ! Avis de tempête sur la sphère finance, la place casablancaise n'est pas épargnée. Jamais les Marocains n'ont autant eu à réfléchir sur le placement de leur argent. Des transferts aux patrimoines immobiliers, puis aux portefeuilles financiers, aujourd'hui, la donne a changé. Malgré le discours officiel rassurant pour le maintien des prix de l'immobilier, des villes comme Marrakech voient le coût du mètre carré chuter de plus de 30%. Quant à l'euphorie des années passées à la bourse casablancaise, avec 2007 comme point culminant, elle semble révolue. Reconnaissons que ces deux secteurs de placements privilégiés ne se sont distingués que par la bulle spéculative qui y a sévi. Ceux qui désirent placer leur argent sont désarmés. Par méconnaissance ou tout simplement par manque d'habitude, ils ne savent plus où donner de la tête. Les résultats 2008 du Baromètre de la retraite d'Axa sont révélateurs à plus d'un titre. Ce rapport est considéré par les professionnels du placement comme «le travail le plus complet réalisé à ce jour». Il en ressort notamment que la manne convoitée des opérateurs en placement et épargne ne concerne que 35% des actifs. Et parmi ceux-ci, nombreux sont ceux qui trouvent que les caisses publiques de retraites représentent la principale source de cotisations pour la constitution de cette épargne. La notion de risque est omniprésente Le comportement face à l'épargne s'est toujours orienté vers des secteurs traditionnellement porteurs, voire sûrs. Actuellement, la notion de risque a envahi les esprits. Et même les placements, par habitude, ne sont plus rentables. La même enquête souligne par ailleurs que «les autres moyens d'épargne relèvent essentiellement d'initiatives individuelles davantage utilisées, et plus exactement du ressort des classes favorisées». Par ailleurs, la même étude relève que près d'un tiers des Marocains ne sait pas reconnaître le produit « idéal » pour son épargne retraite. «Ils sont peu enclins à prendre des risques en matière de placement financier. Assez logiquement, les classes aisées acceptent plus facilement d'avoir recours à un produit financier risqué» (voir nos graphiques). Et pour cette catégorie socio-professionnelle, la tendance entre la notion de placement et d'épargne tend à s'estomper. D'ailleurs, les compagnies d'assurance suivent cette tendance et proposent désormais des produits qui répondent à cette double attente. Les conseils que prodiguent les intervenants du secteur reposent sur deux pistes. D'une part, il est d'actualité aujourd'hui de doper les liquidités sous forme de compte à terme ou encore de Sicav monétaires. Et de l'autre, vu le coût de l'inflation sur le niveau de vie, les épargnants sont tenus de tout mettre en œuvre pour optimiser la fiscalité inhérente à ce type de produits. Pour leur part, les placements à terme ont connu une croissance de l'ordre de 24% par rapport au résultat enregistré durant le mois de septembre de l'année précédente. En termes de rémunération, les comptes d'épargne, ceux sur carnets contractés auprès des établissements bancaires durant le deuxième semestre 2008, sont de l'ordre de 3,10%, et les comptes sur livret auprès de la Caisse d'épargne nationale sont de 1,90%. L'intérêt de cette dernière formule réside notamment dans l'exonération d'impôts et taxes sur les dépôts, et également sur sa facilité d'accès, puisque le premier versement démarre à 5 DH. C'est Poste du Maroc qui distribue cette solution d'épargne. Il faut dire que sa rémunération a été divisée de moitié en quatre années seulement. Le taux est passé de 2,36% en 2003 à 1,20% en 2007. Les dépôts à terme ? Bof… Quant aux dépôts à terme, qu'ils soient de 3, 6 ou 12 mois, ils n'ont guère la cote ces derniers temps. En effet, pour ceux de 12 mois, leur encours est passé de 9,41% à 3,76%. Sachez que la rentabilité de ces dépôts se fonde sur un taux appliqué en fonction de la durée du placement. En somme, en raison de l'inflation, l'épargne placée auprès des organismes bancaires enregistre une certaine perte de sa valeur. Car il est manifeste que cette gamme de produits financiers dits classiques à revenu fixe est de moins en moins rentable. Les explications sont à rechercher dans la structure même du marché. Ce dernier a connu tout d'abord la chute des taux relatifs aux bons du Trésor au niveau du marché obligataire. Par ailleurs, les banques se sont adonnées avec acharnement au jeu de la concurrence, qui s'est traduit par la baisse des taux d'intérêt sur le crédit. Résultat : le niveau de rémunération des dépôts à terme en a pris un coup. Il existe pourtant d'autres produits de placements accessibles au grand public. Ils se distinguent par leur rentabilité par rapport aux comptes bancaires et présentent des avantages non indéniables. Il s'agit des OPCVM (organismes de placement collectif des valeurs mobilières), qui ont notamment un attrait particulier en termes de disponibilité des fonds donc de liquidité. Si l'on doit émettre une comparaison avec les dépôts à terme (DAT), c'est bien à ce niveau. Puisque les DAT affichent une contrainte inhérente au blocage des fonds jusqu'à échéance. Le cas échéant, une pénalité de 2% est appliquée sur les intérêts qui doivent être perçus. Tandis que la fiscalité relative aux OPCVM est beaucoup plus avantageuse. En cette période, il n'est plus d'actualité de ne pas changer d'avis sur un coup de tête pour ceux qui ont placé sur le long terme. Diversifier certes, mais sans perdre l'option d'un investissement de longue haleine.