Sur le plan international, les entreprises affichent des résultats dans le rouge. Les entités marocaines, filières ou représentant ces dernières, subiront-elles le contrecoup de la crise? A chaque secteur, ses craintes. Fermetures de plateformes de production, suppression d'emplois, renforcement de certains sites au détriment d'autres, sur le plan international, la récession bat son plein. Déjà, la publication des résultats financiers s'est distinguée par l'état d'alerte général que les analystes n'ont pas manqué de commenter. Au Maroc, qu'en est-il, puisqu'un grand nombre d'enseignes internationales y ont élu domicile ? Egide Casablanca ou plus précisément Egima Maroc, en la personne du président du groupe, Philippe Brégi, a parlé de «redimensionnement» de la plateforme marocaine, qui va se traduire par une suppression de postes, passant de 90 à 40. En revanche, c'est l'effectif au sein du site français de Bollène qui sera renforcé. Les clients d'Egide à l'international enregistrent une baisse de leurs activités, notamment dans le secteur aéronautique. Dernière nouvelle rendue publique, l'assemblée générale a décidé la nomination d'un autre administrateur. Le temps est à la constitution d'une cellule de crise. Autre secteur, celui de l'immobilier. Les réactions commencent à se faire sentir et chacun tente à sa manière de calmer le jeu. A l'annonce du report du rachat de la Perla International Living par Mandarine Holding, un communiqué tombe, annonçant d'entrée que «le groupe Mandarine a su se préserver de la crise». Les rédacteurs du communiqué n'hésitent pas à souligner qu'«ayant anticipé les effets de la situation actuelle, les fondateurs ont réussi à bâtir un groupe immobilier et hôtelier sur un marché porteur et déconnecté des difficultés actuelles». Difficile à croire. Une précision contribue toutefois à conforter cette thèse. C'est ainsi que le groupe n'aurait mis en place que des financements de projets à taux fixes. La dégringolade des taux n'a pas influé sur la dette du groupe. Côté Maroc, Mandarine Holding précise que le contrôle des changes permet au pays de ne pas subir les soubresauts de l'économie mondiale. Élément déterminant : «les banques, qui ont des actifs en dirhams à plus de 97% de leurs bilans, ne connaissent pas la crise de confiance qui sévit ailleurs». Par ailleurs, un autre secteur semble avoir sorti son épingle du jeu. Il s'agit en substance de celui des sociétés pharmaceutiques. C'est un événement. Le groupe pharmaceutique GlaxoSmithKline a lancé une opération de suppression de près de 1.000 emplois. Cette mesure concerne le staff commercial opérant aux Etats-Unis. Le dead-line en est fixé. Et c'est prévu pour la fin de l'année en cours. Réduction d'effectifs ? L'industrie nationale pharmaceutique connaîtra-t-elle un sort similaire ? Pour Ali Sedrati, président de l'AMIP et à la tête de Glaxo Maroc : «l'entité marocaine est complètement indépendante de Glaxo International et elle est de droit marocain avec un chiffre d'affaires local. Elle enregistre ses propres charges et bénéfices». Alors aucun risque pour le pays ? Il ajoute que dans la pire des hypothèses, «en tant que société internationale, il peut être décidé un rapatriement de leurs parts». Pour l'heure, le sujet n'est pas d'actualité. D'autres enseignes telles Pfizer et Bristol-Myers Squibb sont en train de réduire leurs effectifs commerciaux. Ce seront les commerciaux travaillant sur la gamme des produits de soins qui subiront les méfaits de la crise. Pour sa part, un des leaders de la cosmétique mondiale, l'Oréal, a décidé la fermeture de deux usines de production. L'une se trouve à Monaco et la seconde au Pays de Galle. A elles deux, elles emploient au total près de 458 salariés. Le groupe a également annoncé une diminution des objectifs de ventes pour le reste de l'année. La représentation marocaine en sera-t-elle affectée ne serait-ce qu'en termes de croissance ? Auprès de l'Oréal Maroc, on apprend tout d'abord qu'aucune baisse de croissance n'est à l'ordre du jour. D'ailleurs, il est même attendu que le taux dépasse cette année les 30% habituels, pour atteindre une fourchette comprise entre 35 et 40%. De plus, il est clairement explicité que l'antenne nationale «ne travaille pas directement avec la maison-mère». Signe qu'aucune turbulence n'est en vue, l'Oréal Maroc serait même en phase de recrutement. Les explications sont inhérentes au marché marocain, qui voit les grandes surfaces destinées à ce type de produits se multiplier, parallèlement à la libéralisation douanière et aux besoins de consommation de la population féminine. Contrairement à l'Europe et aux Etats-Unis, les femmes continuent à fréquenter les salons de coiffure et les rayons des produits cosmétiques. D'après des études émises par des analystes étrangers, il se trouve que le marché international des cosmétiques a enregistré une baisse de l'ordre de 4% à la fin du mois de juin dernier et a atteint 3% en septembre dernier. Les mois prochains donneront définitivement le ton. Reste à savoir si le niveau de consommation des pays émergents arrivera à compenser la baisse enregistrée aux Etats-Unis et en Europe, et ce dans tous les secteurs d'activité.