Les calculs de Moulay Hafid Elalamy tombent à l'eau. Il n'a pas pu vendre la CNIA à la BCP faute d'un accord sur le prix. Le patron du groupe Saham s'apprêterait alors à fusionner ses deux compagnies. Le feuilleton CNIA-Essaâda est-il en passe de se terminer ? Moulay Hafid Elalamy, le patron du groupe Saham, nous a fait vivre au cours de ces derniers mois plusieurs rebondissements. Avant la période estivale, il annonçait en grande pompe la fusion de ses deux compagnies, CNIA et Essaada. Quelques mois plus tard, et sans pour autant faire d'annonce officielle, l'on apprend que le groupe est en train de négocier avec la BCP une éventuelle reprise d'une de ses compagnies. Les négociations se déroulent en catimini. Quelques informations filtrent cependant. Un coup, il est question de participations croisées entre les deux groupes. L'un prendrait des participations chez l'autre. Un coup, il s'agit uniquement d'une reprise par la BCP d'une des compagnies, la CNIA en l'occurrence. Mohamed Benchaâboun, le président de la banque du cheval, a finalement mis fin à toute spéculation. «L'opération avec la CNIA est fermée». En fait, les deux parties ne se sont pas mises d'accord sur le prix de la transaction. «Benchaâboun, qui voulait 51% de la CNIA, ne s'est pas laissé faire», confie une source proche du dossier. Lobbying des assureurs Le patron de la BCP aurait pourtant pu fléchir compte tenu de la difficulté qu'a la banque à s'attribuer un agrément pour créer sa propre compagnie d'assurance. Mais il ne l'a pas fait. Désormais, il devra lorgner d'autres groupes. On évoque ici et là des tractations avec le groupe Holmarcom qui détient les compagnies Atlanta et Sanad.D'autres informations circulent selon lesquelles les responsables de la BCP auraient rencontré officieusement le ministre des Finances pour discuter du cas de la banque en matière d'assurance. Il y a quelques années, lorsque la banque publique formulait sa demande pour obtenir un agrément, les assureurs, eux, faisaient du lobbying pour qu'elle ne l'obtienne pas. Leur argument : une nouvelle compagnie ne créerait pas de valeur. Il s'agira seulement d'un simple transfert de son portefeuille dans la CNIA vers la nouvelle structure. «Ceci était valable il y a quelques années. Aujourd'hui, les donnes ont changé», indique une source. En attendant que le sort de la BCP soit dénoué, Moulay Hafid Elalamy, lui, se pencherait plus sérieusement sur la fusion de ses deux compagnies. Elle serait d'ailleurs imminente. Avant qu'elle ne soit concrétisée (et sauf imprévu encore), l'équipe Elalamy devra se pencher sur la révision du plan de redressement d' Essaâda qui prévoyait 14 ans d'assainissement alors que la compagnie semble, aux dires de ses dirigeants, déjà assainie. Il faudra également rediscuter des conditions dans lesquelles le groupe Saham a bénéficié des 800 millions de dirhams alloués par le Fonds de Solidarité, puisque Essada est assainie. Autres questions qui restent encore sans réponse : quelle sera la nouvelle forme de la compagnie ? Quelle sera son activité ?... Quoi qu'il en soit, au cas où les deux compagnies fusionnent, le nouveau groupe serait hissé à la quatrième place des compagnies les plus importantes. Selon les primes émises en 2007, CNIA et Essaâda détiennent respectivement 7,8% et 5,9% de parts de marché, soit un total de 13,7%. Avec cette part, la nouvelle structure dépassera Atlanta Sanad (11,4% de parts de marché), mais viendrait après RMA Watanya (20,1%), Wafa Assurance (20%) et Axa Assurance (14,4%). Les prochaines décisions prises modifieront donc certainement le paysage du marché des assurances. ◆