Les Européens bégaient en essayant de justifier vainement les nouvelles taxes auxquelles seront soumis les fruits et légumes pour l'accès au marché de l'Union Européenne. Cependant, les diplomates marocains ont du mal à se dédouaner pour n'avoir activé aucune alerte face à la bombe L es diplomates, de part et d'autre, se veulent très rassurants. Mais personne n'est dupe, il s'agit d'une véritable bourde de la part de l'Union Européenne. Et comme quand on est pris dans du sable mouvant, chaque mouvement pour essayer de se tirer d'affaire vous embourbe davantage. Les déclarations qui se veulent rassurantes ne font que perdre leurs auteurs et les décrédibilisent encore plus. C'est comme quand l'ambassadeur de l'Union Européenne au Maroc affirme d'abord que «cette décision répond à un souci de transparence d'un système «source de critiques récurrentes». Et puisque ça ne suffit pas, il ajoute simplement que ladite décision s'appliquerait «uniformément à tous les fruits et légumes importés dans l'UE, de tous les pays du monde». Histoire de dire à ses interlocuteurs marocains de ne pas s'inquiéter puisque tout le monde reçoit les mêmes coups de bâtons de l'Union Européenne. Evidemment, chez les observateurs marocains, il n'y a rien de rassurant à savoir, qu'à la moindre critique de pays qui ne bénéficient pas d'accord avec l'Union Européenne, l'UE est capable de changer les dispositions de l'accord d'association avec le Maroc. Faut-il comprendre dans l'explication officielle de l'ambassadeur de l'Union européenne, que parce que l'accord de libre-échange ne satisfait pas les concurrents du Maroc sur le segment des fruits et légumes, il faut le remettre en question. Il en faut beaucoup plus pour convaincre les partenaires Marocains du bien-fondé de cette surprenante décision. Et c'est sans doute ce que le Chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, a voulu faire savoir à l'Ambassadeur européen qu'il a convoqué dès lundi 14 avril 2014, en présence d'Aziz Akhanouch, ministre de l'Agriculture marocain. Dans la foulée, une autre réunion s'est tenue entre le ministre marocain et l'ambassadeur marocain mercredi 16 avril. Ce qui témoigne aussi bien de la détermination des autorités marocaines à remettre les choses à l'endroit, que d'un certain agacement de l'Union européenne. Néanmoins, il serait trop facile de reporter toute la faute sur les seuls partenaires européens. Car, ce changement de conditions s'est fait dans un cadre législatif avec tout ce que cela comporte comme procédure législative. Il a fallu naturellement faire une proposition auprès du Parlement européen, laquelle proposition a fait l'objet de débat avant d'être adoptée. La question se pose de savoir pourquoi les diplomates marocains n'ont pas fait le lobbying nécessaire pour faire changer cette fameuse proposition. Car, il y a bien une mission diplomatique à Bruxelles, à la tête de laquelle il y a un ambassadeur flanqué d'une dizaine de collaborateurs, dont un ministre plénipotentiaire en charge des relations avec le parlement, et un autre chargé de la mise en œuvre de l'accord d'association. Cette armada de diplomates est secondée dans sa mission par des lobbyistes officiels ou officieux qui sont sensés défendre les intérêts du Maroc au niveau de l'Union Européenne. Et pas un seul moment, on a senti une levée de bouclier, alors que la bombe des nouveaux tarifs d'accès sur les fruits et légumes allait bientôt exploser. C'est dire que les Européens ne sont pas les seuls fautifs dans cette histoire puisqu'il était possible d'agir a priori, plutôt que de se plaindre après coup. Challenge a évidemment essayé de joindre certains de ces diplomates qui préfèrent ne pas donner de suite en attendant qu'évoluent «les nouvelles négociations». Evidemment, tout ceci devra être tiré au clair, afin aussi de savoir ce qui n'a pas fonctionné au niveau de la diplomatie marocaine, ne serait-ce que dans la communication. En attendant, rendez-vous est donné entre Marocains et Européens, ce mercredi 23 avril 2014, c'est-à-dire une semaine après la rencontre entre Aziz Akhannouch et le Commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos. Ce premier rendez-vous est fixé lors de la visite du Directeur général de l'Agriculture et du développement rural de l'Union Européenne à Rabat.