MOINS DE DEUX ANNÉES SONT PASSÉES. HANOUTY SA SE LANCE DÉJÀ DANS LES GRANDES SUPÉRETTES (500 À 600 M2). LE CHOIX DES FRANCHISÉS SERA PLUS SÉLECTIF. Hanouty, ca ne sera plus (que) des magasins dont la super- ficie varie entre 20 et 120 m2, mais aussi des grandes supérettes dont la surface s'étalera de 500 à 600 m2. Le groupe de Othman Benjelloun a décidé de s'attaquer frontalement à la concurrence, puisqu'il compte marcher sur les plates-bandes de groupes comme l'ONA (via ses Acima) ou Label'Vie, dont la taille des supermarchés varie entre 400 et 2.500 m2. Nous ne sommes donc plus exclusivement dans le schéma initial qui prévoyait de développer seulement des magasins de petite taille. Le développement de ces grands magasins se fera donc parallèlement à celui des plus petits. Ceux qui suivent l'évolution du secteur auraient dû s'en douter. L'an dernier, le groupe avait inauguré en grande pompe son premier grand magasin de 250 m2 à Hay Riad à Rabat. Un signe avant-coureur. Cette ouverture marque le revirement du concept. «Cela ne m'étonnerait pas d'apprendre que ce magasin est un test pour la firme. Il fallait tenter l'expérience avant d'adopter quoi que ce soit», confie un professionnel très au fait des affaires des distributeurs. Les dés sont maintenant jetés. Le groupe Benjelloun a changé de business plan pour la énième fois. Ce n'est pas étonnant, voire pas alarmant dans un secteur pareil. «Pour bien ficeler un concept, il faut attendre près de deux années. De grosses enseignes ont même usé de plus de temps pour arrêter les leurs. C'est le cas de Metro par exemple. Au départ, l'enseigne ciblait les commerçants. Ensuite, la clientèle a été élargie aux coopératives, puis aux hôteliers, aux restaurants, aux cafés, puis aux particuliers et maintenant, j'ai entendu dire que le groupe souhaitait revenir à sa stratégie de base de B to B», explique notre source. Maîtriser le concept et bien le vendre Le groupe Benjelloun va donc continuer à injecter des fonds pour développer son activité puisque les magasins de nouvelle génération vont être construits d'abord en propre. Un investissement capitalistique, mais le groupe en a les moyens. D'autant qu'il aurait encore besoin de tester ce nouveau concept dans le temps, de bien le rôder avant de donner ces nouveaux magasins en franchise. Cette dernière option pourrait ne pas être écartée, dans la mesure où elle a déjà fait ses preuves en ce qui concerne les petits magasins. Pendant la première année de lancement, Hanouty avait justifié les investissements en propre pour bien maîtriser le concept et, surtout, pour bien le vendre par la suite. Ce n'est qu'après que les responsables ont jugé bon de passer à la franchise. Il restera alors à résoudre l'épineux problème du foncier commercial qui fait largement défaut. D'ailleurs, toutes les enseignes actuelles et à venir (dont le turc Bim) ont du mal à trouver des locaux de grande superficie, bien situés et pas chers. Cet énorme frein au développement va peser sur tout le monde. Une bataille devra d'abord être menée sur ce plan. Chaque enseigne cherchera à acquérir les bons locaux. Celui qui aura le plus d'argent à débourser rapidement pourra alors se les approprier. Si Hanouty SA arrive à dénicher ces « perles », l'extension de son réseau se verra accélérée. Le groupe et les franchisés devront en profiter puisque le volume des transactions augmentera. De fait, les prix négociés avec les fournisseurs devront encore baisser. Les marges, elles, devraient alors s'améliorer. Une question se pose alors. Si Hanouty se lance dans les grandes supérettes, va-t-il abandonner son concept de base, ces petits magasins tels qu'on les a connus jusqu'à présent ? Les responsables du groupe sont restés injoignables. Mais selon nos informations, la réponse serait à priori négative. Hanouty devrait continuer à les développer, ainsi que son réseau de franchise. A cet effet, Hanouty semble là aussi changer de procédure. Selon un nouveau franchisé de la marque, les responsables deviennent plus regardants sur le choix des gestionnaires par exemple. « J'ai entendu dire que certains géraient mal leur magasin. Hanouty exige désormais du gestionnaire davantage d'implication dans le magasin, dans la gestion quotidienne… surtout lorsqu'il s'agit de création», confie notre source. Qu'en est-il du programme de reconversion des épiceries traditionnelles initié par le plan Rawaj et dans lequel Hanouty devait jouer un grand rôle ? Un fonds de 100 millions de dirhams devrait être débloqué, entre autres, pour la circonstance. Le ministère du Commerce et de l'Industrie avait, il y a quelques mois, lancé un concours d'idées pour sélectionner le ou les opérateurs qui s'impliqueront dans ce dossier. Hanouty, comme les autres, devrait présenter une formule appropriée à la circonstance. Mais il faudra d'abord que les opérateurs choisis s'attaquent au changement des mentalités. Beaucoup d'épiciers fonctionnent encore avec la mentalité du noir, de l'approvisionnement en produits de contrebande, en produits en vrac… La mission n'est pas si facile.