Le sort de Fadesa Maroc serait remis en cause SI Martinsa Fadesa était en liquidation. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Le hasard fait-il bien les choses ? Le 9 juillet dernier, le conseil d'administration d'Addoha s'est réuni. Il a décidé, entre autres, de proposer à l'assemblée générale ordinaire qui se tiendra le 13 août prochain, de lui accorder les pleins pouvoirs pour procéder, dans un délai de cinq ans, à une ou plusieurs émissions obligataires d'un montant qui peut aller jusqu'à 3 milliards de dirhams. Durant cette période, le conseil n'aura pas à réunir une assemblée à chaque fois qu'il voudra lever des fonds. Il ne sera pas non plus tenu de consommer la totalité de l'emprunt. Pour un expert-comptable, ce recours signifierait que le groupe immobilier a épuisé ses sources de financement classiques. L'emprunt obligataire étant un financement complémentaire qui permettra en quelque sorte de rembourser en différé. C'est une soupape de sécurité. A quoi servira donc cet argent ? Pour l'instant, cette enveloppe n'a encore été affectée à aucun projet. «Nous utiliserons ces fonds au fur et à mesure que nous en aurons besoin», répond-on chez Addoha. Et de l'argent, Addoha pourrait en avoir besoin (quoique le sujet n'est pas encore d'actualité) s'il devait un jour racheter les 50% restants de Fadesa Maroc pour devenir seul maître à bord. Cette éventualité s'est présentée dès lors où Martinsa Fadesa, détenant 50% de Fadesa Maroc, a annoncé être en cessation de paiement. Fadesa Maroc risque-t-elle alors d'être touchée par la crise ? Pour l'instant, tout le monde se veut rassurant. «Ce processus affecte seulement Martinsa-Fadesa en Espagne et ne concerne aucune de nos compagnies dans les différents pays où elles se trouvent, qui continueront d'ailleurs d'opérer normalement», nous explique le département communication de Martinsa Fadesa. En fait, les craintes des uns et des autres ne devraient pas se poser tant que Martinsa Fadesa n'est pas en liquidation. Elle subit une crise de trésorerie qui ne l'empêchera normalement pas d'être solvable compte tenu de ses actifs. Ce n'est que lorsque la liquidation deviendra envisageable que les choses se corseront. Imaginons le pire. Les 50% de Martinsa Fadesa dans Fadesa Maroc doivent être vendus. Un, nous perdrons une expertise en matière d'immobilier et de tourisme, un grand professionnel du domaine qui a un large réseau international et qui, en termes d'image déjà, a beaucoup apporté au Maroc. Deux, qui pourrait bien reprendre ses parts? Addoha détient déjà 50%. Peut-il en prendre la totalité? «Nous sommes capables de racheter les 50% restants si l'occasion se présentait. Dans le pacte d'actionnaires, nous avons verrouillé au maximum cette possibilité. Nous pourrons user de notre droit de préemption s'il le faut», indique-t-on chez Addoha. Addoha serait le premier acheteur, mais pas à n'importe quel prix. Une question de prix… S'il est jugé exorbitant, le promoteur immobilier marocain pourrait alors céder sa place à un autre partenaire, car lui n'est pas prêt à payer des parts dont le prix ne correspond pas à la valeur réelle. Mais s'il doit s'impliquer, Addoha aura-t-il les moyens de payer encore le 1,3 milliard de dirhams, montant déversé par le groupe pour racheter les premiers 50% de Fadesa Maroc ? L'opération ne risque-t-elle pas d'impacter les finances du groupe, et plus particulièrement, de peser sur son endettement ? Une partie de l'emprunt obligataire de 3 milliards de dirhams pourrait, pourquoi pas, servir à financer ce projet. «De toutes les manières, nous avons un niveau d'endettement convenable. Il ne faudrait pas l'apprécier en valeur absolue mais le rapporter aux fonds propres… Le ratio est correct», argument un responsable d'Addoha. Quoi qu'il en soit, tout ceci n'est vraiment pas à l'ordre du jour. Aucun contact n'a été pris entre Martinsa Fadesa et Addoha depuis que le premier a annoncé la cessation de paiement. Aucun créancier espagnol n'aurait pris non plus attache avec le promoteur immobilier marocain. Pour l'instant, les choses semblent maîtrisées. Fadesa Maroc est une société de droit marocain. La totalité de ses actifs serait au Maroc. La totalité de ses emprunts est attribuée par des établissements marocains. «Il n'y a aucun euro emprunté de l'extérieur ni de relations avec une banque à l'étranger», ajoute notre source. Les projets de Fadesa Maroc sont lancés. La crainte serait que le Maroc subisse les effets de la crise de l'immobilier dans le monde et que beaucoup de ses projets se retrouvent alors sans acheteurs. Cela ne risque pas de se produire. Selon des sources à Fadesa Maroc, les résidences touristiques Alcudia SMIR et les résidences Pépinières remportent un vif succès dans le Nord. Le projet Marrakech Golf Resort promet de bonnes perspectives. Les produits aussi bien touristiques qu'immobiliers seraient très sollicités. Au niveau de Saïdia, après le lancement des travaux de l'extension de la Marina, le premier golf est prêt à la livraison. Affaire à suivre. ◆