La Commission spécialisée du travail temporaire se réunit pour la première fois depuis l'adoption du nouveau code du travail. A l'ordre du jour : la caution dont doivent s'acquitter les sociétés d'intérim et la durée des contrats. Syndicats, cabinets d'intérim et ministère de l'Emploi y participeront, chacun va essayer de peser de tout son poids pour faire passer ses propres revendications. La réunion qui se tiendra ce lundi 21 janvier au ministère de l'Emploi promet d'être houleuse. Non seulement compte tenu des profils des participants, mais aussi à cause du thème qui y sera abordé. Commençons par l'assistance : des syndicalistes, des représentants des frères ennemis, l'UMETT (Union Marocaine des Entreprises du Travail Temporaire), présidée par Zahir Lamrani, et l'AETTTO (Association des Entreprises de Travail Temporaire Transparent et Organisé), dirigée par Jamal Belahrach, ainsi que des représentants de ministères de tous bords seront de la partie. Il est en effet un secret de polichinelle que les divergences d'opinion entre Lamrani et Belahrach sont multiples et pourraient donc éclater au grand jour lors de la réunion avec Jamal Aghamni, sans compter que les syndicalistes trouveront facilement matière à contestation dans certaines demandes présentées par le patronat. En effet, la commission spécialisée relative au travail temporaire qui réunira tout ce beau monde devra débattre de questions restées en suspens depuis des années et qui doivent aboutir à un rapprochement entre les dispositions du Code du Travail en matière de travail temporaire et les pratiques en vigueur sur le marché de l'emploi. La bataille tournera essentiellement autour de deux points cardinaux : le paiement de la caution et la durée minimale de la mission. En effet, l'article 482 du Code du Travail stipule que les agences de recrutement privées sont tenues de déposer une caution à la Caisse de Dépôt et de Gestion d'un montant équivalent à 50 fois la valeur globale annuelle du salaire minimum légal. A la date d'aujourd'hui, cette clause n'a jamais été appliquée par les professionnels. Plusieurs tractations ont eu lieu, notamment du temps où Mustapha Mansouri était ministre de l'Emploi, allant parfois jusqu'à promettre de la réduire au seuil de 100.000 DH. «Nous ne sommes plus dans un schéma où nous négocions le niveau de la caution. Nous l'admettons tel que fixé dans le Code du Travail, mais à deux conditions», lance Zahir Lamrani. Imposer un cahier des charges En gros, il s'agit d'imposer un cahier des charges d'accès à la profession. Ce dernier prévoit des conditions jugées «draconiennes» par des non adhérents à l'UMETT. Citons-en quelques-unes : justifier d'une expérience de cinq années dans le domaine des ressources humaines, être diplômé de l'enseignement supérieur… L'autre point, encore plus sujet à controverse, concerne la durée du contrat, plafonnée à six mois par le Code du Travail. Les cabinets d'intérim sont catégoriques à ce sujet : ils appellent à l'adoption d'une durée de 18 mois renouvelable une fois. «Même l'Etat aujourd'hui, à travers les contrats d'insertion de l'ANAPEC, applique des durées de 18 mois», ironise un professionnel de l'intérim. Une chose est néanmoins sûre : les syndicalistes réagiront violemment à cette tentative d'amendement en douce proclamée par l'UMETT. Selon un syndicaliste de la CDT, «l'employé ne doit pas être otage dans la politique de la carotte et du bâton des cabinets d'intérim». Référence faite au conditionnement du paiement de la caution par l'augmentation de la durée du contrat.