La néobanque Revolut pourrait s'installer au Maroc. Pour les experts, cela pourrait révolutionner l'expérience bancaire. Décryptage d'une entrée en téléchargement... L'émergence du numérique a carrément changé la relation entre les banques et leurs clients. Si dans le passé, les masses affluaient vers leurs banquiers dans les agences, de nos jours, la plupart des clients ont désormais une banque dans leurs poches sous la forme d'un smartphone et ne se rendent que dans une agence réelle pour obtenir de l'argent ou, parfois, des conseils. Dans cette digitalisation tous azimuts, l'émergence des banques digitales, dites « néobanques », bouleverse le métier. Avec plus de 40 millions d'utilisateurs dans le monde, un modèle 100 % digital et une valorisation dépassant les 30 milliards de dollars, Revolut apparaît aujourd'hui comme l'un des leaders des néobanques. Lire aussi | Le Maroc, nouveau carrefour des ambitions bancaires internationales Après l'Afrique du Sud, le géant semble intéressé par le marché marocain. En Europe, Revolut a redéfini les standards : ouverture de compte en quelques minutes, paiements à l'étranger sans frais, carte multi-devises, investissement en crypto et actions, outils de gestion budgétaire, support client en ligne 24/7. Là où les banques classiques digitalisent leurs procédures, les néobanques digitalisent l'expérience dans son entièreté. Il faut d'ailleurs expliquer que, contrairement aux banques traditionnelles, les néobanques sont des acteurs nativement numériques, sans agences physiques, conçues autour du smartphone, avec des services en temps réel et une approche centrée sur l'utilisateur. Leur force : une infrastructure technologique légère, une agilité dans l'innovation et une interface pensée pour la génération connectée. Les enjeux ? Contacté par Challenge, l'expert en fintech Adnane Messaoud nous confirme la venue du géant. « Ils ont déjà lancé le processus de recrutement d'un DG. Donc ce n'est pas une rumeur. Si cela est fait, voici les impacts qu'ils pourraient avoir sur le secteur bancaire et fintech : Revolut pourrait bousculer les banques avec ses services 100 % digitaux, sans frais de tenue de compte, change à taux réel, et expérience mobile fluide. Les jeunes urbains et freelancers risquent de basculer, poussant les banques à accélérer leur digitalisation. Revolut serait une menace sérieuse pour les EDP existants, surtout sur les segments à valeur (transferts internationaux, paiements en ligne). Elle capterait une clientèle plus aisée et connectée », prévient l'expert. De son côté, Andrea Bises, expert réglementaire pour la Fondation Gates dans les pays du Golfe et en Afrique, met le curseur sur le côté attractivité du Maroc. « Il fait partie des 5 lions d'Afrique (avec Nigeria, Kenya, Afrique du Sud, Egypte), avec une économie relativement stable et une forte ouverture à l'Europe. », commente Bises. Lire aussi | Global Money Week 2025 : l'AMMC renforce son action pour l'éducation financière des jeunes Cependant, l'expert émet certaines réserves : « Le cadre réglementaire demeure trop restreint pour un acteur comme Revolut, qui offre des services de trading, crypto, cartes premium, assurance voyage, etc. » Et de poursuivre : « Aucun nouvel agrément bancaire étranger n'a été délivré depuis plus de 10 ans. Des entreprises internationales majeures comme M-PESA (Vodafone) et Flutterwave ont tenté d'entrer sur le marché marocain, sans succès malgré plusieurs années d'efforts, ce qui illustre bien la complexité et les exigences élevées du régulateur. » Pour lui, cette entrée pourrait se faire au travers d'un partenariat. « À l'instar de CIH Bank avec Apple Pay, Revolut pourrait envisager un partenariat stratégique avec une banque locale pour offrir ses services à une clientèle premium. » Adnane précise que « Pour la licence EDP, les critères sont fixés par BAM et incluent plusieurs éléments comme la gouvernance, la forme juridique, un capital minimal, le business plan et modèle économique, et le dispositif de contrôle de conformité. Ils peuvent toujours s'adapter avec un modèle hybride (très peu d'agences, beaucoup de digital). » Abordant la question de la concurrence, ce dernier estime que « La licence est la barrière à l'entrée dont disposent les banques. S'ils arrivent sur le marché, ils vont faire mal, car même s'ils seront petits au Maroc, ils sont très appréciés par la diaspora — première source de devises au Maroc — et les jeunes Marocains connectés. » Une valorisation à 41 milliards d'euros Dans une communication financière, la néobanque britannique a révélé avoir atteint une valorisation de 41 milliards d'euros. Pour rappel, en 2023, le chiffre d'affaires de Revolut a quasiment doublé pour s'établir à 1,8 milliard de livres (2,1 milliards d'euros environ). Mais ce sont surtout les bénéfices engrangés qui ont explosé. Alors que la néobanque en avait récolté 7 millions de livres (8,2 millions d'euros) en 2022, ils ont bondi à 344 millions de livres (403 millions d'euros) sur l'exercice suivant.