Quelles sont les écoles qui assurent les meilleures rémunérations? Quels sont les emplois qui ont le plus la cote? La dernière étude de LMS-ORH, en plus de donner le «la» en matière de salaire, dessine le nouveau visage du marché de l'emploi, côté jeunes diplômés, mais aussi côté recruteurs. «La base que nous avons utilisée pour réaliser cette étude sur les salaires a été constituée après avoir contacté une cinquantaine d'entreprises. D'abord, nous avons commencé par leur demander la grille des salaires, mais aussi la liste des écoles et formations représentées et desquelles sont issues leurs recrues. Nous avons retenu pour notre étude celles qui étaient les plus fréquemment représentées sur les listing communiqués par ces entreprises», commence par expliquer Leïla Kettani, consultante LMS-ORH. La première conclusion de l'étude est une nette augmentation des salaires: soit une croissance de 15% à l'embauche, et qui va jusqu'à 25% sur certains profils pointus. A l'origine de cette augmentation, il y a naturellement le différentiel entre l'offre et la demande qui est en cause, comme sur n'importe quel marché, mais il y a aussi le débarquement en force des investisseurs étrangers qui font de la surenchère, mais sur des profils expérimentés et immédiatement opérationnels. Quant à la grille des jeunes diplômés (cf. tableau 1) , elle garde malgré tout la même structure. Autrement dit, les grandes écoles (cf. tableau 2 & 3) assurent de meilleurs salaires à la sortie. «Cependant, pour une même fonction et un même diplôme, le salaire dépend du secteur d'activité auquel appartient l'entreprise. Autrement dit, un ingénieur dans une banque sera moins bien payé qu'un lauréat d'une grande école de commerce, même si dans l'absolu la formation d'ingénieur assure une meilleure rémunération», prévient la consultante. Pourtant, il y deux métiers qui restent à part, à savoir le commercial et parfois le marketing, car la part de variable dans la rémunération change la donne en matière de salaire. Des jeunes diplômés «pressés et arrogants» Les réseaux d'étudiants contribuent énormément à la circulation de l'information sur les salaires et les packages qu'offrent les entreprises. Conséquence lorsqu'ils viennent négocier leur premier salaire, les jeunes lauréats connaissent mieux le marché et ce qu'il peut leur offrir. «Les étudiants aujourd'hui sont définitivement plus au courant des pratiques salariales. Ils ont une connaissance et une parfaite conscience de la culture d'entreprise. Dès le départ, ils exigent le fameux package, l'environnement, les perspectives de carrière… », explique Leïla Kettani. Et à Omar Benaïmi de surenchérir : «depuis tout juste 3 ou 4 ans, c'est un nouveau profil de jeunes diplômés que l'on voit émerger. Aujourd'hui, ils disposent de leviers d'informations efficaces comme les réseaux d'anciens, mais il ne faut pas oublier le web qui leur permet de connaître la politique de l‘entreprise en matière de ressources humaines. Pas plus tard que l'autre jour, un jeune diplômé à qui je faisais passer un entretien pour un poste dans la formation m'a interpellé sur le fait que l'entreprise en question n'avait pas véritablement de politique en matière de formation. Il s'est donc immédiatement dit que la mission ne serait pas intéressante et a exprimé en conséquence son désintérêt pour cet emploi». Autre nouvelle caractéristique des jeunes diplômés, la volatilité. Et cela semble être une constante quelque soit le secteur d'activité. Certains jeunes changent d'emploi la même année, à peine au bout de sept ou huit mois passés dans l'entreprise. «J'ai l'impression que changer d'emploi pour le plus offrant, même s'ils n'en ont pas vraiment besoin, est presque devenu une sorte de jeu. Sans compter qu'après quelques mois d'expérience, ils n'hésitent pas à mentir sur leur expérience professionnelle. Et de manière générale, plus ils viennent de formations sélectives, plus ils sont exigeants, opportunistes voire arrogants. C'est une génération pressée», poursuit Benaïmi. Face à ce type de profils, les DRH éprouvent désormais de grandes difficultés. Pour la plupart d'entre eux, il est désormais impératif pour ces jeunes recrues de réapprendre leur rôle dans l'entreprise, de respecter les compétences des anciens. Quant à qui incombe le rôle de faire prendre conscience de cela aux jeunes, la question reste en suspens la plupart du temps. Est-ce le rôle des entreprises ? Est-ce le rôle des DRH ? Est-ce le rôle des écoles ? Cela dit pour beaucoup, ce sont les écoles qui sont à l'origine de ce nouvel état d'esprit des jeunes diplômés. «Les écoles ont la fâcheuse tendance de gonfler la confiance des étudiants, en raison de la concurrence qui règne dans le secteur de l'enseignement supérieur», ajoute le directeur associé de LMS-ORH. Cependant, de l'avis de plusieurs professionnels du secteur, si l'on devait définir les jeunes diplômés d'aujourd'hui, voilà ce qui reviendrait le plus souvent: «une génération moins complexée, plus extériorisée, plus ouverte d'esprit, plus compétitive aussi, et qui n'a pas honte de gagner de l'argent». «Ils font même mieux que les syndicats, car ils créent une pression par le bas pour améliorer l'environnement de travail», conclut Benaïmi.