Le marché de l'aéronautique, à travers le duopole Airbus/Boeing, suscite de l'intérêt au Maroc dans un contexte où RAM s'apprête à signer un important contrat d'acquisition d'avions Airbus en vue de se constituer une flotte mixte faite d'avions Boeing et d'avions Airbus. Cette perspective qui soulève de nombreuses questions, invite, d'ores et déjà à interroger le marché de l'aéronautique sur la place d'Airbus et ce que cet avionneur européen représente aujourd'hui par rapport à son concurrent américain Boeing, dont les avions constituent, jusqu'à ce jour, l'essentiel de la flotte aérienne de RAM. S'il y a toujours plus d'avions Boeing que d'avions Airbus qui volent dans le monde, qu'en est-il aujourd'hui des nouvelles acquisitions et des nouvelles commandes ? Quelles sont les performances environnementales des deux géants ? Quelles sont leurs capacités en termes de respects des délais de livraison des commandes ? Deux géants, deux stratégies Airbus et Boeing sont en compétition depuis des décennies, avec des parts de marché fluctuantes. Airbus domine le segment des avions monocouloirs (un seul couloir en cabine passagers au pont principal), avec sa famille A320, particulièrement avec l'A321néo qui ne rencontre aucune concurrence directe chez Boeing depuis l'arrêt du 757. De son côté, Boeing conserve l'avantage dans le segment des gros-porteurs, comme le 787 Dreamliner et le 777X. Lire aussi | L'achat d'avions Airbus par la RAM au cœur de la visite d'Emmanuel Macron au Maroc ? Airbus enregistre et conserve une forte demande pour l'A321 XLR, reconnu pour son autonomie et son efficacité énergétique. Avec un bénéfice net de 3,8 milliards d'euros en 2023, l'A321 XLR confirme sa solidité. De son côté, le constructeur américain reste incontournable, même s'il continue de se remettre des crises du 737 Max et de ses problèmes de production. Boeing a annoncé une perte nette de 2 milliards de dollars en 2023. Ses dirigeants tablent, pourtant, sur un redressement rapide. Performance environnementale et innovation L'un des enjeux majeurs de la compétition est aujourd'hui l'efficacité environnementale. Airbus et Boeing investissent massivement dans des technologies visant à réduire les émissions de CO2 et à améliorer l'efficacité énergétique. Airbus a pris de l'avance avec le développement de l'A320 néo et la promesse d'un avion à hydrogène d'ici à 2035. Boeing, de son côté, mise sur des matériaux composites et des améliorations de son Dreamliner pour maintenir son attractivité. La concurrence pour les commandes est acharnée. Airbus a réussi à accumuler des commandes record en 2023. Il se dit que Boeing, bien que moins performant sur ce front, reste un acteur solide avec le 737 Max, malgré des problèmes passés. Lire aussi | Gabriel Sémelas nommé Président d'Airbus pour l'Afrique et le Moyen-Orient Airbus a enregistré 2 094 commandes nettes en 2023, battant son record historique, alors que Boeing, qui a doublé ses commandes nettes par rapport à l'année précédente, reste derrière Airbus. Il faut savoir, pour se faire une idée de la structure du marché, que 75% des livraisons mondiales concernent des monocouloirs (A320neo pour Airbus, 737 Max pour Boeing). Prévisions du marché global à l'horizon 2036 Des prévisions qui prévoient une montée en puissance de la demande d'avions, mais qui divergent quant à la perception de la taille du marché. Pour Airbus, ce sera donc un marché de 35 000 nouveaux avions, évalués à 5 300 milliards de dollars. Pour Boeing, ce sera une demande plus élevée, avec 41 000 avions supplémentaires à produire. Le duopole, comme on l'appelle, que constituent les deux géants de l'aéronautique européen et américain, compte aujourd'hui sans le concurrent chinois. Le constructeur Comac qui peine en effet à sortir du marché local chinois, devrait, s'il s'imposait à l'international, rebattre les cartes d'un marché de près de 500 milliards de dollars.